Le transporteur...Alias !

Alias revenait de son rendez vous pour vendre une information sur une nunekin. De retour au village de la brume sanglante, il dispatcha ses employées pour une petite mission de leur côté. Lui, pendant ce temps, s'intéressa plutôt à quelque chose de son gabarit. Discret, subtil, audacieux. Le reflet même de son personnage. Il connaissait un employeur à Kiri de nom. Quelqu'un d'influent et qui avait toujours quelque chose à faire faire. Il entra dans la taverne et demanda à le voir. On le conduisit dans une salle sombre, entouré de deux gardes, d'où il pouvait distinguer le dos d'une chaise qui pivota soudainement, laissant apercevoir la silhouette d'un vieil homme.

Votre mission, si vous l'acceptez, est de transporter ces armes et ces parchemins explosifs au village secret de l'étoile. Ils sont actuellement en blocus militaire, mais sont près à payer une petite fortune pour s'armer. Une histoire sans intérêt de vengeance à exécuter.

Classique. Ce n'était pas là une trame tiré par les cheveux, mais bien un job qui se faisait souvent sans trop de risques. Contrebandier, cela sonnait même plutôt bien. En fait le seul risque dans ce métier, c'était lorsqu'on prenait des cargaisons trop importantes. Une lumière apparut et éclaira une table, où était disposé la marchandise. Alias en déduisit rapidement que le risque était proche du néant, au vu de la petite quantité. C'était à la limite du genre d'équipement qu'il aurait pu porter sur lui. Enfin, il y avait quand même un sacré paquet de notes explosives, et c'était pas trop son genre de se trimballer avec ces artefacts dangereux capables de faire sauter des ponts ou même des gens. Il ferait avec. Il y avait aussi un rouleau d'invocation, avec sans doute aussi du matériel dedans. Probablement une dizaine de sabres. Aucune embrouille en vue, il demanda donc, d'un ton très naturel.

La récompense ?

C'était une modalité normale, plus proche de la question rhétorique. Il savait déjà que ce n'était pas fort rémunérant, mais que cela restait intéressant comme paie. De toute manière, il savait déjà que son interlocuteur était un professionnel, et qu'il n'essaierait pas de le doubler. Le prix allait être d'office correcte, et il ferait la mission à coup sûr. Par prudence, son client préféra murmurer la somme, de sorte que le gardien ne l'entendit pas.

250 ryos ici, et 250 koku au village lorsque vous y arriverez. Il se trouve aux frontières de Kiri, mieux vaux passer par les forêts humides pour y arriver. Alors ?

Une autre question rhétorique. Le sasurai mit un temps de pause dramatique avant de répondre tout simplement.

J'accepte.

Ils se serrèrent la main, et par une technique d'employeur de rang S, la bourse changea de main sans que les gardes ne purent la voir, à proprement parler. Il mit ensuite une dizaine de minutes à examiner la marchandise. Il ne voulait pas être tenu responsable de mauvaises qualités, ou d'impact. Dans le rouleau se trouvait cinq sabres et cinq katanas de bonne facture. Enfin, il y en avait un qui avait vraisemblablement déjà servit, puisqu'une croute de sang subsistait sur la lame. Rien de très grave à signaler. Par contre, sur la quinzaine de parchemins explosifs, deux étaient visiblement défectueux. Le client, évidemment, se confondit en excuse et les remplaça aussitôt. Bien. Alias leur demanda de partir de la pièce, et fit une légère ouverture dans la doublure de la veste avant de commencer à y enfiler tous les parchemins. Tant qu'il ne rencontrerait pas un ninja senseur, il ne risquait certainement pas de se faire découvrir, et c'était plutôt rare d'utiliser de telles merveilles à des tâches aussi peu importante, d'autant plus que la zone à couvrir était grande. Il réintégra un maximum d'arme dans le rouleau et mit à sa ceinture les quatre derniers sabres. Il savait suffisamment les manier pour faire un bretteur passable. Certainement pas un maitre, mais il devait juste savoir bluffer.

Il se mit en route. Il en profiterait après pour repartir chez lui et rejoindre ses employées le plus rapidement possible. Sans détour, il alla droit au but, traversant monts et rivière dans la direction la plus droite possible. Il rencontra quelques patrouille de Kiri sur le chemin, mais heureusement, depuis sa rencontre avec l'épéiste de Kiri, ses papiers étaient en règle et il n'avait au moins aucun mal à circuler. Il n'eut heureusement aucune attaque de bandits, ce qui était sans doute lié au renforcement de la sécurité dans les alentours avec les récentes attaques. Alias n'avait toujours pas découvert le motif exact de ces attaques, ni même le groupe responsable, mais en même temps, n'étant pas affilié à un village, ce genre d'information était difficile à trouver.

Après une bonne journée de marche, et une bonne nuit de sommeil, il constata qu'il était fort proche de sa destination. Les patrouilles, désormais, allaient probablement être composées de douaniers qui expliciteraient le caractère interdit de la vente dans le coin. D'un autre côté, ce ne sont pas, ou très peu, de ninjas. Avec un minimum de chance, il pouvait passer inaperçus, d'autant plus que les patrouilles devaient être plutôt rare.

Hélas, il joua de malchance. Un groupe de trois douaniers s'approcha de lui. Ils étaient armées de simples gourdins, mais avec le nombre aidant, Alias aurait sans doute du mal à s'en débarrasser par la force. Et puis il n'aimait pas avoir mal. L'idée même de la souffrance le fit frissonner tandis que le groupe s'approcha de lui afin de le contrôler. Le rouleau était dissimulé dans son sac à dos, mais il y avait bien quatre épées à sa ceinture. Leurs reflets dansaient légèrement dans la pénombre de la clairière tamisée d'un léger manteau végétal.

Veuillez vous arrêtez, monsieur. Le commerce de sabre est interdit dans cette région. Le village de l'étoile est sous blocus.

Comédie, tragédie. Le masque humain était si facile à porter qu'il aurait put faire carrière dans le théâtre. D'abord un hochement de tête pour les saluer, suivit d'une mine de confusion l'air de dire - Pardon, excusez moi ? - enchainé sur un éclat de compréhension et finalement d'un petit rire. Le tout le plus naturellement possible. Tout un art, et bien un des seuls dans lesquels le sasurai était maitre.

Il y a méprise, ces armes sont là uniquement pour me protéger. Et en tant que manipulateur de l'infinite one sword style, je me dois bien de me balader avec plusieurs d'entre elles. Juste une habitude. Je ne fais pas dans le commerce, mais bien d'auto-défense. Quelque chose à ajouter ?

L'hésitation fut dissipé par mon sourire et au moment où Alias dégaina deux épées et qu'il utilisa son art de taijutsu pour faire semblant de s'y connaitre. Il pouvait les manipuler, c'était basique. Heureusement qu'ils ne s'y connaissaient pas, ou très peu. Le seul nom de l'école aux mille épées semblait avoir fait son effet. Ils le laissèrent passer sans trop de problème. Une véritable partie de plaisir. Le vagabond poursuivit son chemin jusqu'au petit village de l'étoile. Ça, pour un petit village, c'était un petit village. Apparemment, jusqu'il y a peu, il basait leur force de mercenariat sur un kinjutsu tourné autour des pouvoirs d'une météorite. Depuis la destruction de cette dernière, ils s'étaient tournés vers des moyens plus... conventionnels. Mais vu leur manque d'efficacité, ils recouraient parfois au banditisme pour arrondir leurs fins de mois. C'était la raison du blocus, et Alias remarqua directement son contact. Un homme intelligent qui le suivit dans une ruelle.

Mission accomplie.

Le vagabond s'assit et défit ses sabres. Il retira aussi un rouleau de son sac à dos, et commença à sortir les parchemins explosifs lorsque l'autre employeur lui demanda.

Vous avez tout ?

Alias invoqua les armes du parchemins et termina d'empiler les notes explosives. Aucune n'était resté dans sa veste, une bonne chose. C'était crispant de se balader avec de quoi se faire sauter plusieurs fois.

Quatorze sabres, dont dix dans le parchemin, et un sachet de notes explosives dans la doublure de ma veste. Avec un minimum de diplomatie, de tact et d'audace, on peut s'ouvrir toutes les portes de ce monde. Néanmoins, ce genre d'exploit n'est point gratuit, vous en conviendrez.

Son client aquiesca et compta rapidement de tête la marchandise. Il hocha de la tête avant de filer une petite bourse.

C'est réglo, vous avez droit à votre argent.

Alias reçut avec un sourire sa récompense. Il reprit la route, en direction du pays de la pluie cette fois-ci. En espérant ne pas rencontrer de nouveau le même douanier qu'à l'aller, sinon il devrait trouver une excuse pour expliquer la perte de quatre sabres en un laps de temps aussi court, et peut-être aussi d'où venaient tout ces kokus. Après mure réflexion, il s'en moquait totalement. L'avenir entier lui appartenait, il ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin, et cela n'allait pas être un douanier de si basse extraction qui allait pouvoir l'arrêter, lui et son charisme éblouissant. Il improviserait bien quelque chose de convaincant. En attendant, il préféra profiter du soleil, siffler le dernier air à la mode et lancer des clins d'oeils enflammées à la belle paysanne qui cultivait son riz juste à côté. Hum... peut-être aurait-il un peu de retard après tout.