Une rencontre intéressante [pv. Alias]

Une rencontre intéressante…
Sentiments pitoyables

Le froid est partout, ce froid m’entoure, me mord comme une bête sauvage. Le froid secoue mes vêtements, il crée des frissons là où il effleure ma peau. Partout autour de moi, un grand tapis blanc recouvre le sol, et il semble s’épaissir avec la neige qui tombe toujours du ciel telle une malédiction. Cette substance fade et froide qui à bercée toute mon enfance. Cette neige que je m’étais promit de ne plus jamais revoir. Cette neige qui me rappelle trop de mauvais souvenirs pour que je puisse l’endurer convenablement. Cette neige que je déteste tellement…

Alors pourquoi suis-je ici ? Qu’est-ce que je fais de retour dans mon pays d’enfance, Yuki ? Qu’est-ce qui, au départ, m’a convaincu de venir ici ? De la nostalgie ? Peut-être bien. Ou alors pour combler cette faiblesse et pour que je puisse affronter cette neige sans faiblir. Ou alors j’étais envahit de nostalgie et il fallait que je trouve une bonne raison pour venir ici, ce qui est probablement le cas pour tout dire. Mais je commence à regretter cette décision, et pas seulement à cause du froid qui m’harcèle depuis que je suis descendue du bateau.

Pour l’instant, je suis sur le bout d’une falaise. Mon regard est vide et fixe le ciel. Le froid qui m’attaque, ce froid qui ne m’épargne pas, je le sens à peine. Ce pays… Je me suis jurée qu’un jour je le réduirais à l’état de poubelle, par n’importe quel moyen. Alors pourquoi pour l’instant, lorsque je fixe l’horizon immaculé, j’ai juste envie de m’écrouler à genoux et de pleurer ? Pourquoi est-ce de la détresse que je ressens et non de la haine ? Pourquoi, moi qui aie toujours éprouvée de la rancœur pour ce pays pitoyable, j’ai l’impression d’avoir fait une grosse erreur en me jurant de le détruire ? Ce n’est pas mon genre, pourtant !

Une mèche de ma chevelure argentée heurte avec violence mon visage, malmenée qu’elle est par ce vent qui souffle particulièrement fort par ici. J’ai un peu peur que mes vêtements déchirent, mais si tel est le cas j’en achèterais d’autre. Pensée que je ne pouvais pas avoir il y a quelques années, quand j’étais pauvre. Mais j’ai appris à effectuer quelques tâches ici et là pour me faire un minimum d’argent pour vivre. J’ai put me tirer de cette pauvreté dans laquelle mes parents m’avaient gardés de force pendant ma tendre enfance. Tiens. Enfin cette rage qui refait tranquillement surface. Malheureusement, elle disparaît aussi rapidement qu’elle est apparut. Je soupire, avant d’écraser avec un certain agacement cette perle salée qui a osé s’aventurer plus loin que la barrière de mes yeux. Je déteste royalement cette boule que je sens dans ma gorge, d’autant plus que je ne sais même pas d’où elle vient. Nostalgie et souvenirs enfouis, probablement.

Je voudrais détourner les yeux, partir en grognant, retrouver ce dégoût qui m’envahit chaque fois que je pense à ce pays qui m’a fait vieillir. Mais je n’y parviens pas. Mon regard de la couleur de la mer reste fixer sur l’horizon, à regarder le soleil se coucher sur le ciel parsemé de mille et une nuances. Sa douce lumière se reflète doucement sur la neige. J’avais oublié à quel point ce spectacle est magnifique. Je cligne rapidement des yeux. Qu’est-ce qui me prend de brailler comme ça ? ! Je dois avoir choppé quelque chose en cours de route, c’n’est pas possible ! Moi, pleurer devant mon pays d’enfance ? ! Cet endroit doit vraiment me rendre malade ! C’est juste impossible ! Je dois allé ailleurs ! J’ai entendu dire que la vie au pays du Feu n’était pas bien difficile, pourquoi ne pas y aller ? Ça serait déjà mieux pour ma santé que de rester ici !

J’essuie d’un geste un peu faible mes yeux. C’est déterminé, je suis malade ! Bon sang, c’est pas croyable ! Je pousse un petit grognement, avant de me retourner brusquement. C’est décidé, je pars vers ce pays du Feu. Bien plus simple, bien plus serviable qu’ici. Venir à Yuki est de loin la pire idée que j’ai jamais eut. Et puis quoi encore, allé prendre un thé chez mes parents en espérant qu’ils aient changés ? Tsss. Pitoyable, vraiment.

J’ouvre les yeux, que j’avais fermés avant de me tourner. Je sursaute violement. En face de moi, à quelques mètres, il y a un homme. Quand diable est-il arrivé, celui-là ? ! Par pur réflexe, un grand sourire amical se dessine sur mes lèvres. Polie, je prends la parole :

- À qui ai-je l’honneur, monsieur ?

Je souris intérieurement. Je deviens de plus en plus douée à ce petit jeu, je trouve. M’enfin, reste à voir la réaction de cet homme…

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Un homme mystérieux

L’homme face à moi ne tarde pas à se présenter. Le roi aux milles visages, hein ? Et qu’est-ce que c’était sensé vouloir dire, ça ? Remarquez, j’aime bien le petit surnom qu’il m’a donné, il colle bien à l’image que je donne de moi. Prenant un petit air amusé et charmant, je dis tout simplement, polie :

- Enchantée, grand roi aux milles visages.

Je lui adresse un beau sourire. Cet homme, je ne sais pas trop quoi penser de lui. Je n’aime pas les gens que je suis incapables de cerner. Or, lui semble bien mystérieux, bien que gentil et courtois. Mais il y a longtemps que j’ai appris à ne pas me fier aux apparences des gens. Ne suis-je pas moi-même un parfait exemple ? Douce, gentille et polie à l’extérieur, mortelle à l’intérieur. Comme quoi il ne faut jamais faire confiance aux inconnus. Mais ça, il ne faut pas que je le montre, il pourrait mal le prendre. Écoutant attentivement sa question, je m’efforce de répondre, toujours aussi gentiment :

- Je n’en ai peut-être par l’air, grand roi, mais j’ai quittée le foyer familial il y a bien longtemps déjà. Je suis une adulte, bien que j’ai l’air d’une enfant.

Je lui adresse mon sourire le plus enfantin du monde, un sourire emplit de naïveté malgré ma méfiance. Lorsqu’il continu, disant que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue si nous ne contrôlons pas quelque chose, je suis immédiatement intéressée. Je me raidis lorsqu’il dit que ses subordonnés nous observent probablement. La voix légèrement tremblante, je demande :

- Des subordonnés ? Vous êtes… Un espèce de chef de mercenaires, grand roi ? Est-ce là l’un de vos visages ?

Je le fixe un instant, perplexe. Mais il se tourne vers la magnifique scène qui se déroule par-dessus mon épaule, avant de me dire que j’ai de bons goûts. Évidement. Qui n’aime pas les coucher de soleils ? Pour l’instant, je ne sais pas. Prenant un petit air gêné, je murmure, baissant les yeux :

- Hana… Appelez-moi Hana, je vous prie…

Je lui fais à nouveau un sourire, comme j’ai prit l’habitude de faire avec tout le monde. Les gens préfèrent les personnes souriantes, ils leur inspirent plus confiance. Alors autant mieux en profiter, non ? Mettre en confiance les gens, pour qu’ils se méfient moins, ma spécialité. Bien sûr, trahir les gens reste mon sport préféré, mais pour le trahir il faut qu’ils aient confiance en nous, non ? Peignant un petit air timide sur mon visage, je demande :

- Si je peux me permettre… Qu’est-ce qui vous emmène dans ce pays ?

C’est vrai quoi. Que viendrait faire quelqu’un de sensé dans un pays aussi minable ? Je suis bien curieuse de le savoir. Et avec de la chance, peut-être en apprendrais-je plus sur lui ?

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Piège intentionnel ou accidentel ?

Je suis légèrement sceptique lorsque ce « roi aux milles visages » me répond à moitié. Tsss. Sois il se la pète, sois il est acteur. Un roi perdu dans ce pays pitoyable, c’est impossible tout simplement. Néanmoins, je dois avouer être bien surprise lorsque cet home mystérieux me fait un baisemain. Bien que ses lèvres n’ait pas touchées ma peau, je ne peux empêcher mes joues de se colorer, et pas seulement à cause de mon masque. N’ayant même pas besoin de feinter ma subite gêne, je retire doucement ma main pour la ramener contre moi. La chaleur que je ressens au visage me fait clairement comprendre que je dois maintenant ressembler à une tomate sur deux pattes. Et en plus de tout ça, il continu ses éloges. Je replace une mèche de ma longue chevelure argentée derrière mon oreille.

- On peut dire que vous savez parler aux femmes, grand roi…, dis-je, une pointe de timidité dans la voix

Charmeur. Cet inconnu me semblait être un charmeur de femmes. Mais il était bien dur de le cerner avec certitude… Je devais rester sur mes gardes, sans le montrer. Il se met à faire l’éloge de Yuki pour répondre à ma précédente question. Je retiens de justesse une grimace de dégoût, mais je ne peux retenir un léger, très léger, haussement de sourcil. Et là, la question qui tue. Je suis prise au piège. Moi, faire l’éloge de ce tas de neige ? Et zut. Je dois vraiment faire attention à ce que je vais dire. Le moindre mot pourrait être fatal. Une fraction de seconde d’hésitation pourrait faire tomber mon masque. Or pour l’instant, j’ai déjà hésité une demi-seconde, une demi-seconde de trop. Tentant de masquer mon erreur, je ferme doucement les yeux avant d’avoir un nouveau sourire. Cet homme… A-t-il fait exprès de me piéger ou était-ce une simple question innocente ?

- Et bien je suis née et j’ai passée mon enfance ici, alors j’imagine que nous ne voyons pas les choses du même œil, grand roi. Moi, je vois de la neige et du froid. Des amis et des parents qui doivent lutter contre ce froid, espérant qu’un jour peut-être le printemps daignera se pointer. J’aimerais bien avoir la même vision que vous, mais je crois bien que c’est pour l’instant impossible. Vous ne venez pas d’ici n’est-ce pas, si je ne m’abuse ?

C’était certain. Qui aurait bien put venir d’ici et avoir une telle vision de ce bout de terre infertile et complètement gelé ? Je ne dis évidement pas que ce pays, je veux le voir s’écrouler, se faire détruire par mes propres mains. Je veux le voir souffrir, je veux qu’il disparaisse de la carte… Mais je n’en dis rien. Je crois que je me suis plutôt bien débrouillée dans mon petit monologue, mais je ne peux garantir qu’il n’a pas remarqué ma petite hésitation. Après mettre assurée d’avoir détruit cet éclair de dégoût dans mon regard, je daigne bien ouvrir les yeux. Ce roi aux milles visages… Je le trouve bien intéressant. Mystérieux. Je veux percer son secret, je veux voir de quoi il est réellement capable. Mais tout d’abord, il faut que je sache son nom, ce qui n’est visiblement pas près d’être fait. Mais bon, j’imagine qu’il ne me coûterait rien de tenter le coup, non ?

- Si je peux me permettre, un grand roi tel que vous doit bien avoir un nom, n’est-ce pas ?

Nouveau petit sourire.

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Face-à-face d'acteurs

J’hausse légèrement un sourcil devant la réponse pour le moins poétique de mon interlocuteur. Un roi vagabond… Vraiment, je dois avouer que je n’ai jamais rien entendu d’aussi… étrange, dira-t-on. Roi et vagabond, ça ne va tout bonnement pas ensemble. Un roi, c’est puissant. Tout le monde obéis à un roi excepté les autres rois. Un roi peut tout faire en restant assis confortablement sur son trône. Il peut déclencher des guerres tout comme il peut les régler. Il peut regarder sans broncher la misère de son royaume ou bien l’aider. Il peut rigoler de la faim de ses sujets ou bien au contraire leur distribués de la nourriture. Mais jamais un roi ne peut se déplacer d’un pays à l’autre ! C’est impossible ! C’est bien la seule chose qu’un roi ne peut pas faire…

Il se met soudainement à me dire que je suis un peu sévère. Il me rappelle qu’un peu d’efforts de la part du roi pourrait bien tous nous sauver de cette misère. Malgré la grande amertume qui m’envahit, j’esquisse un petit sourire contrit.

-J’imagine, oui… Mais j’ai depuis longtemps abandonné ces maigres espoirs qui ont pourtant bercés mon enfance, grand roi.

Je passe la main dans mes cheveux dans un maigre geste contrit. Il reprend la parole. Pendant un instant, j’ai l’espoir d’avoir gagné, d’enfin pouvoir savoir ce nom qu’il porte. Mais en fait, c’est tout le contraire. Plusieurs identités, dit-il. Donc, lui aussi est un porteur de masques ? Il ne montre pas son vrai moi aux inconnus ? Mais alors, à qui aie-je parlé depuis le début de cette rencontre ? À l’un de ses masques, évidement. Son rire entraîne un léger froncement de sourcils de ma part. Avant même que je n’ai put lui poser la moindre question, il me pose une nouvelle question. Nouvelle ? Non. Il m’a seulement retourné la question que je lui avais posée.

En une fraction de seconde, je décide de transformer très légèrement la vérité. J’ai un petit sourire suite à ses paroles humoristiques. Puis, je réponds.

- Et bien, je vis dans le petit village près d'ici, grand roi. Et cette falaise est le meilleur endroit de tout Yuki pour observer les coucher de soleil.

Prenant un petit air espiègle, j’ajoute, mystérieuse :

- Et tu serais drôlement surpris de voir à quel point les petits boulots sont nombreux dans l’ombre des villages, même, ou plutôt surtout, dans les plus pauvres…

Je dessine bientôt un nouveau sourire sur mon visage. Le ton léger mais l’esprit alerte et prêt à détecter la moindre petite erreur de sa part, je demande :

- Si j’ai bien compris, je suis en face d’une de tes identités… Mais est-ce la vraie ? Suis-je face à un vulgaire masque ?

Je plante mon regard de la couleur de la mer dans le sien. Ça me fait si bizarre de me retrouver face à face avec un acteur… J’ai l’impression d’être devant un miroir indépendant ! Or, je déteste royalement cette sensation. J’aimerais pouvoir lui arracher ce masque, faire en sortes que je puisse voir le vrai lui… Mais pour l’instant, je dois jouer mon rôle. Après tout, il serait bien ironique qu’il découvre le pot-aux-roses, pas vrai ? D’un autre côté, ça serait bien intéressant… Mais je n’ai jamais retiré ce masque devant un inconnu et pour l’instant, je ne suis pas prête de commencer !

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Le charme rompu

L a réponse de mon interlocuteur fut presque immédiate. J’hausse un sourcil, sceptique. Comme je m’en doutais un peu, il connait les abysses des villages, l’ombre malicieuse qu’elle déployait autour des gens. Ainsi, lui aussi devait travailler dans l’ombre, à la limite de l’illégalité. Il prenait des risques, mais il devait être difficile de le retrouver puisqu’il portait continuellement différents masques. Intéressant. Cependant, j’avais la désagréable impression de me retrouver en face d’un miroir, un miroir qui était trop parfait. Je déteste royalement être surpassée dans mon domaine de prédilection, or cet homme semblait bien plus doué que moi. Je pousse un petit juron intérieur, que je camouffle avec mon éternel sourire. Ce sourire faux, ce sourire qui m’a prit tant de temps à travailler. Un sourire que je suis maintenant capable de placer dans toutes les situations, mais un sourire que quelqu’un comme moi peut facilement déchirer. Ou quelqu’un comme lui. Cet homme qui, malgré ce que je lui ai affirmé, semble toujours sur et certain que je ne suis rien d’autre qu’une gamine. Et peut-être que c’est le cas, en fait. Même si j’ai dépassé l’âge de la maturité, peut-être ne suis-je tout simplement pas entrée assez profondément dedans pour être considérée comme une adulte. Ou alors il parle seulement de mon caractère enfantin, ce qui est tout aussi probable. Mais ce qui me choque le plus, c’est quand il parle d’aller dans des villages plus riches. Au moins, je peux me garder la victoire qu’il ne s’est pas rendu compte de ma supercherie. Je viens à peine de revenir, après tout. J’ai voyagé un peu partout dans les pays mineurs, me camouflant tant bien que mal dans la foule. Comme si j’allais rester ici, dans ce village pourrit jusqu’à la moelle, pour la fin de mes jours…

I l enchaîne rapidement avec d’autres paroles portant sur les masques que nous portions tout deux. Pour moi, un seul me suffit. Car je l’ai perfectionné. Car il me sert. Mais lui, il se vante d’en avoir plusieurs. Évidement, ça peut s’avérer bien pratique, quand on est en mission dangereuse ou un truc du genre. Mais moi, je reste discrète. La plus grande mission que j’ai fait, c’était d’aller gentiment demander à quelqu’un de rendre de l’argent, car sinon le boss allait sévir. Rien de bien dangereux, donc, bien que le molosse ait faillit me sauter à la gorge avant de se rendre compte que je n’étais qu’une « fillette sans défense ». Ce masque m’ayant sauvé la mise à bien des reprises, je ne vois pour l’instant pas vraiment le besoin d’en fabriquer d’autres. Je suis cependant légèrement offusquée lorsqu’il me dit que je ne connais pas grand-chose à ce monde, selon lui. Si cet homme en sait plus que moi, j’en sais tout de même plus que la moyenne. Peu de gens ont soufferts de la misère. Peu de gens ont été chassés de la maison par leurs propres parents. Peu de gens savent tout le joyeux bordel se déroulant dans l’ombre de chaque village, de chaque ruelle. Moi, je le sais. J’en sais plus que bien des gens. Peut-être moins que cette personne face à moi, mais suffisamment pour savoir me débrouiller plus ou moins convenablement.

J ’ouvre la bouche pour tenter de lui expliquer ceci calmement, mais il ajoute une dernière phrase, ou plutôt une demi-phrase. Ma bouche se ferme automatiquement alors qu’il s’approche de moi dans une posture plus que menaçante. Derrière-moi, cette fichue falaise qui m’empêche de reculer ou de tenter quelque chose. Mais loin de moi l’idée de fuir. Je n’ai pas vraiment peur. Certes, j’ai tout de même une légère crainte, mais mon regard brille bien plus d’intérêt que d’autre chose. L’expression de l’homme avait changé du tout au tout, passant de chaleureuse à froide et plus ou moins menaçante. Son regard était devenu sévère, mais je ne m’en faisais pas plus que ça. J’étais insouciante, oui c’était bien vrai. Mais pas idiote pour autant. Mon sourire s’affaisse alors qu’il met devant son chakra. Alors c’était ça. Un éclair d’un certain mépris passe dans mon regard turquoise. Un shinobi. Je suis déçue, je dois le concéder. Certes, je suis devenu soudainement plus méfiante, ma peur à légèrement augmentée, mais mon mépris aussi. Moi qui jugeais cet homme intéressant…

J e ferme un instant les yeux. Lorsque je les ouvre de nouveau, son sourire est réapparut et sa position est de nouveau… Décente, disons. Par contre, mon sourire à moi n’est toujours pas de retour. S’il voulait me faire peur, il a réussit, bien que ce sentiment ne soit pas très prononcé dans mon cœur. Mais il a surtout réussit à éveillé ma méfiance et même mon mépris. Prenant un air bien moins chaleureux que plus tôt, je déclare, froide et un brin méprisante :

- Si ton vrai visage est un shinobi, grand roi, je préfère de loin tes masques.

J ’ai presque craché son titre. Je suis bien loin de tenir les shinobis en haute estime. Ces pauvres imbéciles qui se jettent corps et âmes dans des combats parfois perdus d’avance seulement pour protéger un village parfois merdique… Non, je ne les chéris pas vraiment et si cet homme en était vraiment un, alors il venait de tomber bien bas dans mon estime. Je n’ai pas deviné cette ascendance plus tôt, ce qui est tout à fait normal. Il ne semble pas avoir apporté son bandeau et, de plus, je n’ai pas les compétences nécessaires pour sentir parfaitement son chakra. Quand il l’augmente considérablement comme il vient de le faire, c’est l’évidence même, n’importe qui pourrait ainsi le deviner. Mon sourire ne réapparait pas sur mes lèvres, mon regard reste de glace, aussi froid que cette grande étendue blanche qui nous entoure. Sur un ton dur, je lance :

- J ’imagine que le roi vagabond que tu es est en fait en mission pour un Kage quelconque ?

Pour tout dire, je m’en fiche royalement. S’il ne m’aurait pas ainsi bloqué la route, je crois bien que je serais tout simplement partie. Il a beau me ressembler un tant soit peu au niveau des masques, le fait qu’il serve un village, qu’il risque sa vie pour le protéger… Ça me dégoute. Royalement, si je peux me permettre…

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Choix crucial

J e fronce assez brusquement les sourcils lors de la réponse du « roi ». C’est un ninja, mais il n’y a pas de Kage qui le dirige ? Un déserteur, peut-être ? Je ne déteste pas les déserteurs, du moins pas autant que les shinobis. Après tout, s’ils ont déjà été des imbéciles, ils se sont réveillés, ils ont repris leur raison. Et ils sont partis de leur village, se libérant de l’emprise mal saine et peu recommandable des Kages. Selon moi, cet homme est probablement l’un des leurs, je ne vois rien d’autre comme possibilité. C’est d’ailleurs pourquoi, après avoir poussé un léger soupir, je remets mon masque. Un petit sourire flottant sur mes lèvres, je déclare du tact à tact :

- Ç a explique l’absence de ton bandeau, grand roi.

J ’ai toujours entendu dire que les Nuke-nin cachent leur bandeau aux yeux des gens pour pouvoir vivre normalement, ou alors qu’ils le rayent d’un coup de kunaï pour montrer fièrement le choix qu’ils ont fait. Autre raison de croire que ce roi vagabond en est un. Et puis, s’il porte continuellement des masques, ça doit être parce qu’il a des choses à cacher, non ?

P renant une posture des plus théâtrales, il se met à me parler du pourquoi il n’est pas un shinobi. Évaluant son ton, son regard et ses paroles, je suis bien obligée de me rendre à l’évidence : il méprise autant que moi les ninjas. C’est… spécial. J’ai l’impression que, mis-à-part notre apparence respective, la seule chose qui nous différencie est ce chakra qu’il possède. Et peut-être bien notre point de vue sur ce pays glacé. Après quoi, il parle de la métaphore, tant répandue, des moutons et des loups. Je l’entends souvent, bien que les termes et les camps changent à chaque fois, tout dépendant du caractère de la personne qui la raconte. Ce qui me surprend le plus pour tout dire, c’est sa question. Non pas l’interrogation en tant que telle, mais plutôt la manière dont-il la posée. Il mijote quelque chose, comme depuis le début probablement, mais cette fois si il le cache très peu. Néanmoins, je ne peux déterminer exactement ce qu’il me réserve. L’intérêt qui brille toujours dans mon regard devient plus présent, de même que ma curiosité, alors que le dégoût et le mépris s’en effacent complètement. Sans la moindre hésitation, pour cause de mettre souvent posé la question, je déclare :

- S i j’étais un mouton, grand roi, je serais restée au foyer familial à mourir de faim alors que mes parents se saoulaient en se servant de l’argent que j’avais difficilement réussis à mendier. Mais je suis partie, car je ne supportais pas que quelqu’un contrôle ma vie. J’ai eut l’occasion de changer de vie et je l’ai saisit.

M on père m’a jeté à la porte, je n’ai donc pas eut vraiment le choix de quitter la maison, vrai. Mais j’aurais très bien put revenir, je suis certaine qu’ils n’auraient pas fermés la porte devant leur seule source de revenue. Cependant, je ne l’ai pas fait, appréciant la liberté que je gouttais. Cette liberté de mouvement, de vie, cette liberté que j’ai toujours d’ailleurs.

- Q uant à toi, je ne me pose pas trop la question. J’image que tu es un loup, je me trompe ?

C ’est tout simplement évident, juste à la manière qu’il a de se prendre pour un roi, de connaître les abysses d’un village, d’avoir une garde rapprochée… Tous ces petits détails qui font qu’il est facile de déterminer qu’il est un loup, le tout combiné à son assurance. Seulement, il me pose une nouvelle question.

J amais je n’aurais cru que mes yeux pouvaient autant s’écarquiller.

S urprise, hésitation, confusion et incertitude, tous ses sentiments envahissent mon cœur, mon corps et mon regard simultanément. Je ne m’attendais pas à une telle proposition, pas de sa part du moins. Or que se soit de lui ou de quelqu’un d’autre, je suis prise dans un violent dilemme. D’un côté, je sais très bien qu’il peut m’apprendre bien des choses et que de la compagnie ne me ferais pas de tort. Cependant, de l’autre côté, il y a ma liberté. Ce sentiment que j’adore, sensation à laquelle je suis devenue dépendante, accro. Mais peut-être puis-je m’arranger pour avoir les deux ?

J e me mordille légèrement la lèvre inférieure. Honnêtement, qu’est-ce qui me fait le plus peur ? C’est très simple. Je n’ai pas la moindre envie de trahir cet inconnu aux milles facettes, j’ai l’impression que je vais rester avec lui pendant toute ma vie si j’accepte. J’ai peur de devenir son esclave. Voilà ce qui me fait peur. La voix en manque de ma confiance habituelle, je lâche simplement :

- S eulement si je peux conserver ma liberté, grand roi. Sinon, ça n’en vaut pas la peine.

J e ne lâcherais pas le morceau, c’est tout bonnement hors de question. Je ne redeviendrai jamais l’esclave ou la « prisonnière » de personne.

P lus jamais.