Sur les sentiers battus... [Shikai Gaiden]

Sur les sentiers battus... : Acte Un

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ø L'âme en suspend, le coeur léger malgré les évènements, l'heure de vérité avait sonné. Au-delà des gigantesques portes d'ébène résonnaient les bruits de la foule. Un faisceau de lumière jaunâtre gisait aux pieds des portes comme pour prévenir les futurs combattants que les projecteurs seraient braqués sur eux une fois ce palier franchis. Shikai se présenta dans le large couloir qui donnait sur ces imposantes portes. Le regard impassible quoi que lumineux dans cette pénombre, le konohajin attendait de pouvoir entrer dans l'arène à son tour pour faire l'éloge de ses compétences. Juste avant lui, Mai était tombé face à une kirijin au talent certain. Du Village Caché de la Feuille, il demeurait en conséquence le dernier représentant. Il ne pouvait faillir à la tâche. Quelques espoirs reposaient désormais sur ses seules épaules ; et bien que le poids aurait put être lourd sur d'autres épaules, il n'en était rien sur les siennes. Shikai Nara n'était pas homme à porter grand intérêt au poids des regards. S'il était ici, c'était avant tout pour donner de la valeur à l'entraînement qu'il avait suivi et servir au mieux les intérêts d'un village affaibli depuis la disparition de son chef suprême.

ø La foule se tenait prête à accueillir le cinquième combat de la longue série d'affrontements qui aurait lieux en ce jour rayonnant. Un grincement presque strident retentit et les portes s'ouvrirent sur la grande rotonde baignée de lumière. La pénombre se dissipa dans le couloir sous le joug des rayons du soleil, laissant le visage du konohajin se dessiner distinctement. Les cheveux, partagés entre des mèches rouges et violettes, tombaient en pointe sur son visage impénétrable. Ses yeux couleur d'émeraude fixaient l'arche qui s'ouvrait de l'autre côté de la rotonde au moment où une silhouette s'en détachait pour rejoindre le centre de l'arène. Son adversaire était là, à quelques pas de lui. Le moment était venu pour lui d'entrer à son tour et d'apparaître au grand jour.

ø Le pas lent, il s'avança. Son long manteau noir de jais, taillé sur mesure et ajusté à la taille lui donnait l'allure d'un seigneur d'antan. Le col de ce manteau était relevé et les boutons supérieurs détachés, ouvrant sur la jointure de ses pectoraux et de son cou où trônait de biens étranges symboles noir charbon et ce qui semblait être un kanji tatoué dans une encre plus sombre. A l'extrémité de la mèche de cheveux la plus longue, une natte en tissu rouge orangé pendait près de son cou. Elle aussi était brodé d'une multitude de symboles tous plus complexes les uns que les autres et terminés par des crins blonds comme les blés. Dans son dos, blottit à l'horizontal dans une sorte de poche aménagée, dormait un fourreau et son katana, Mugen. Son rythme cardiaque resta constant tout le long de sa marche. Arrivé au centre, Shikai s'arrêta et plongea son regard dans celui de son adversaire. C'était une jeune femme approximativement de son âge, belle, le teint clair, les cheveux aussi noirs que la nuit, et le regard sombre et profond. Elle portait le bandeau de Kiri sur elle. Konoha et Kiri voyaient encore leur protégé s'affronter au premier tour de ce tournoi en terres kumogon.

ø Avec respect, Shikai abaissa légèrement sa nuque pour la saluer dans les règles avant de reprendre une posture tout à fait normale et de jeter un bref regard aux alentours. Tout autour d'eux s'élevait un mur d'enceinte qui les séparait des tribunes situées en hauteur. Tous les gradins étaient occupés par une foule en folie dont les cris, les applaudissements, mais surtout le bourdonnement incessant parvenait à peine aux deux combattants qui se trouvaient au centre de l'arène. Shikai pouvait cependant sentir les regards pesés sur lui comme des poids invisibles capable d'étouffer son corps à tout moment. Pour la première fois, il sentit un soupçon de gène l'envahir. Se sentir épier de toute part lui laissait une impression néfaste de l'arène. Un sentiment qu'il devait rapidement chasser s'il ne voulait pas en souffrir durant le combat. C'est donc avec un minimum de discrétion qu'il maquilla une profonde inspiration suivie d'une expiration en un long soupire semblable à de la lassitude. Cette opération réalisée, il sentit son coeur s'alléger et les poids se détacher un à un. Il ne devait porter d'attention qu'à la jeune femme qui lui faisait face, le reste n'était qu'un décor, qu'un font sans la moindre importance.

ø Sans plus se soucier de rien, il releva un à un ses avant-bras et détacha le bouton à l'extrémité de ses manches pour mieux les retrousser jusqu'au coude. Le vent se leva depuis le nord, descendit dans l'arène, puis repartit en direction du sud, balayant sa chevelure comme un vulgaire fétu de paille. En retombant, ses cheveux recouvrirent en totalité son oeil gauche, mais il ne sembla guère s'en soucier. Il ramena ses bras le long de son corps et replongea son regard dans celui de la kirijin. Wata Inegumo, c'était son nom. C'est tout ce qu'il savait d'elle. Tout ce que l'examinateur kumojin avait bien voulu lui dire au terme de la première épreuve du tournoi. Elle aussi ne devait connaître que son nom et son prénom. Le premier round serait donc un round d'observation important pour la suite. S'il voulait réussir, aussi bien l'un que l'autre, ils leur fallaient cerner la spécialité de l'autre le plus rapidement possible pour mieux adapter leur défense par la suite.

ø Déjà les prémisses d'une stratégie s'insinuèrent dans l'esprit du konohajin. Il ne devait pas attaquer trop fort s'il ne voulait pas manquer de forces si jamais son adversaire se montrait plus résistante qu'il était possible de l'imaginer. Il devait donc forcément trouver un juste milieu qui lui permettrait autant de juger les défenses de la kirijin, que d'économiser son énergie sans trop s'exposer à une offensive dangereuse de sa part. Une fraction de seconde plus tard et il trouva le moyen d'agir efficacement. En tout cas assez efficacement pour ne pas avoir à subir de revers dès le début du combat. Mais ses pensées se volatilisèrent brusquement pour se loger dans un coin de sa mémoire lorsque la voix de l'examinateur brisa le silence en annonçant le début de l'affrontement. Son plan pouvait enfin prendre racines dans l'arène...

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Sur les sentiers battus... : Acte Deux

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ø Un mot presque imperceptible au milieu des acclamations de la foule. Un simple murmure dans toute cette excitation et le combat débuta. Un vivat assourdissant s'éleva depuis les travées de l'arène pour encourager les deux chuuins puis le silence reprit ses droits. Qu'étaient-ils de plus en cet instant que les acteurs d'un spectacle jouissif ? Les spectateurs, eux, se réjouissaient à l'idée de voir s'affronter deux étrangers l'un à l'autre, deux individus de sexe opposé, tout juste sous leur nez. Le temps d'un long instant, ils seraient comme des dieux festoyant et s'amusant du haut de leur gradin. Les deux chuuins en contrebas seraient quant à eux les sujets de leur amusement. Pour le bon déroulement des évènements, il fallait faire abstraction de toute cette mise en scène. Oublié ce lieu, cette rotonde, tous ces gens, tout oublié pour ne se concentrer que sur les faits et gestes de l'autre. Exercice délicat s'il en était mais nécessaire.

ø Shikai cligna des yeux et sentit l'air glisser tendrement sur sa peau. Ses pensées se mêlèrent les unes aux autres dans un mouvement de va et vient incessant. Le regard de son adversaire était fixé sur lui, il le sentait, bien que ses propres yeux étaient eux tournés vers le sol. Elle devait le détailler comme il l'avait fait juste avant, probablement à la recherche du moindre indice qui lui permettrait de deviner sa spécialité. Shikai resta de marbre, silencieux, réfléchit. Il avait déjà choisi sa technique. La technique qui établirait la meilleure manière de défier cette fille jusqu'à la fin du combat. Dans son esprit se succédaient à présent les différents procédés à mettre en place.

ø Son pied gauche glissa entre les graves de roches creusant une trace superficielle, tandis que ses mains alliaient différents signes pour former une série complexe. D'un coup brusque, il se décala sur le côté en levant son bras droit à la verticale. Son chakra chaud, presque mielleux, s'accumula le long de ce membre comme s'il répondait aux mouvements précédemment décrits. Tout était fin prêt. Shikai releva ses yeux couleur d'émeraude vers son adversaire kirijin puis il abaissa violemment son bras dans sa direction. Immédiatement, une colonne d'énergie s'abattit sur elle telle une lame forgée dans le plus pur chakra qu'il soit. Le sol se craquela légèrement sous la puissance du coup porté. Les résidus de sable se scindèrent en deux au moment où la lame translucide frappait la jeune femme de plein fouet.

ø L'attaque avait atteinte avec succès sa cible. Peu de résistance malgré une assez bonne défense. Une bonne armure mais un corps trop fébrile pour résister à ce genre de techniques. Elle n'était ni une spécialiste en médecine ni en taijutsu, c'était désormais très clair. Le ninjutsu peut-être ? Non plus ; comme le lui prouva aisément la contre-attaque qu'elle lui infligea. Shikai sentit son esprit se troubler comme ci un voile ténébreux avait soudainement recouvert son cerveau. Ses pensées se dissipèrent brusquement, ne laissant qu'un vide là où se trouvait, quelques instants plus tôt, le siège de sa stratégie. Sa perception était troublée, son esprit dispersé malgré le champ de vision toujours aussi net qui s'ouvrait devant lui. N'était-ce qu'une simple perception erronée ? Une mauvaise passade ? Non, rien de tout cela ne pouvait expliquer ce malaise, cette sensation que quelque chose pouvait atteindre l'intimité de ses songes. Il comprit alors qu'il n'était pas à proprement parlé la cible de l'attaque. Non, la cible était son esprit, le bastion de sa raison.

ø A partir de là, plus aucun doute n'était possible. Wata Inegumo était une spécialiste en genjutsu. L'une des disciplines les plus mystérieuses parmi celles enseignées aux shinobis. Shikai ne connaissait que quelques rares techniques de ce répertoire. Cette faible connaissance lui paressait soudainement obsolète maintenant qu'il était sujet aux offensives successives de son adversaire. De ces offensives, il ne savait rien...absolument rien. L'inconnue, voila ce qu'il affrontait. Un reflet songeur s'insinua dans son regard. S'il ne prenait pas garde dès maintenant il était fort probable qu'il finisse piéger dans une de ces illusions où sa perception de la vérité différerait de la réalité présente.

ø Peu d'options s'offraient à lui. L'oeil perçant fixé sur la jeune femme, Shikai décrivit un quart de cercle en marchant de côté. Pas un mot, pas un bruit, pas même le moindre écho de sa respiration, il ressemblait en cet instant à un félin tournant autour de sa proie et attendant le moment propice pour l'attaquer. Le loup solitaire qu'il était, savait qu'il fallait trouver un angle d'attaque adéquat. Ne pas agir avec fougue mais avec le peu de sagesse qu'il lui était donné de posséder. Son adversaire ne possédait que peu de résistance physique mais cela devait très certainement être compensé par autre chose. Quoi, il ne le savait pas encore. Ce qui était certain à ses yeux, c'était cette faiblesse physique. Il devait à tout prix en tirer profit et jouer de sa propre résistance pour éviter les dégâts trop importants.

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Sur les sentiers battus... : Acte Trois

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ø Une nouvelle brise se glissa dans l'arène, réveillant l'ardeur du public. Leurs nombreux encouragements redescendirent dans la rotonde pour bercer les deux combattants mais ces derniers n'y portèrent que très peu d'intérêt, voir aucun. Le konohajin choisit cet instant pour porter une seconde offensive, ce qui excita encore davantage les spectateurs. Sa main, légère et délicate, se posa sur le manche rouge flamme de son katana. Au moment où sa peau entra en contact avec la soie enrobant cette poignée, Shikai s'élança vers son adversaire. Ses pas se succédèrent à une rapidité affolante dans une course effrénée vers le coup fatal. Quand il ne fut plus qu'à deux mètres de sa cible, le raclement de la lame le long de son fourreau se fit à peine entendre. Deux mètres puis un seul et enfin quelques centimètres...un silence presque religieux s'installa sur la scène comme ci tout le monde venait soudainement de retenir son souffle. Ine recula soudainement pour l'empêcher de porter son coup mais il poursuivit sa châsse, sa lame ne touchant plus que par sa pointe, le fourreau disposé à l'horizontal qui lui servait d'antre.

ø Il avait vu juste. Son point faible résidait dans le corps à corps. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle reculait au maximum. Mais alors qu'il comblait la distance qui les séparait, Ine effectua une série de signes. Il ne vit rien fondre sur lui mais il sentit comme un trait de foudre transpercer ses deux hémisphères. Une douleur vive lui saisit la tête et le creux de l'estomac. Sa course se fit de plus en plus lente jusqu'à l'arrêt total. Son âme toute entière semblait altérer par une douleur sans nom. Rien, il n'avait rien vu venir. Tout s'était passé si vite qu'il n'avait pas eu le temps de réagir, même si réagir restait une option vague, la technique de rupture demandant trop d'énergie pour peu d'efficacité dans son cas.

ø Sa main droite étant occupée à tenir son katana, Shikai se servit de la gauche pour toucher son front. Il était froid. Ses doigts se crispèrent légèrement et dégagèrent quelques mèches de son champ de vision. Même si la douleur était présente, il devait la dépasser et poursuivre son entreprise. Il y avait fort à croire qu'il subirait encore d'autres techniques de ce type. Hors sa tactique résidait dans la résistance. La résistance à la douleur pour mieux épuiser les réserves de l'adversaire. Économiser un maximum d'énergie possible pour la suite des évènements, s'il devait y en avoir une, et résister. Utiliser de telles techniques pour réduire son esprit en miettes devait très certainement requérir une grande dépense d'énergie. Le pari était risqué mais n'était-il pas un eiseinin ? Sans doute le type de shinobis le plus robuste qu'il soit de par le monde. Une flamme embrasa ses yeux perçants. Ses lèvres se courbèrent très très légèrement en un semblant de sourire et il s'élança de nouveau en faisant au mieux pour oublier la douleur.

ø La douleur était toujours là, lovée dans un coin de son esprit bien que ses effets se répandaient, eux, progressivement dans tout son organisme. Son front commençait tout juste à voir de petites gouttelettes de sueur se former sur sa surface. Mais sa course restait déterminée et infaillible comme s'il espérait frapper aussi fort que ces maux le blessaient intérieurement. Par moment, il entendait ce qui semblait être une voix féminine saupoudrée d'un voile mystique se voulant très certainement déstabilisant. Le doute voulait faire son nid dans sa tête mais l'eiseinin résistait aussi bien qu’il le pouvait. Il le devait coûte que coûte s’il voulait trouver la faille dans le plan de son adversaire.

ø Bientôt ses pas ne furent plus que des bruits sourds au beau milieu du seul son de sa respiration. Son regard s’illumina alors que ses deux mains resserraient leur étreinte autour du manche de son katana. Le temps était enfin venu de juger les défenses au corps à corps de sa belle opposante. La lame argentée brilla sous un reflet d’or descendu du ciel puis son tranchant fondit sur sa proie. Une fraction de seconde, une seule, c’est tout ce qu’il fallut pour que l’arène retienne son souffle. Mais le métal encore froid ne trouva pas la chaleur du corps d’Ine, pas cette fois. Non, il se contenta simplement de fendre l’air alors qu’elle esquivait royalement ce premier coup pour ensuite mieux reprendre ses distances. L’échec était lourd de conséquences pour Shikai maintenant qu’un nouvel arc de torture s’ouvrait dans son esprit et qu’il venait entraver ses mouvements.

ø C’est à cet instant précis, alors que la pointe de Mugen terminait sa course sur le sol et que le public poussait une vive exclamation de surprise, qu’il comprit. La douleur qu’il ressentait depuis quelques minutes se manifestait par intervalle de temps régulier. Ce qui voulait dire que son adversaire devait entretenir l’illusion sur le long terme et donc qu’elle devait puiser dans ses réserves de chakra depuis qu’elle était entrée dans son esprit. Si la douleur était bien présente, son cycle de manifestation laissait à Shikai un intervalle de temps durant lequel Ine était incapable de l’attaquer mais seulement capable de fuir ses coups. C’est au cours de cet intervalle qu’il devait la toucher et qu’il devait la mettre en difficulté. Avec un peu de chance, elle ne serait bientôt plus capable de soutenir l’illusion de cette souffrance vivace. S’il réussissait à éprouver ses défenses physiques dans les plus brefs délais, il aurait le temps de préparer son coup fatal sans qu’elle ne puisse y opposer la moindre résistance.

ø La douleur s’atténuait de nouveau. L’intervalle s’ouvrait à lui. C’était le moment ou jamais ! Ses pupilles se logèrent dans le coin gauche de ses yeux pour analyser la position d’Ine. Sa main gauche se détacha de Mugen. La lame du katana traça un demi-cercle dans l’ensemble gravier-sable, entraînant la formation d’une légère fumée d’une couleur mêlant le jaune sable au gris gravier. Shikai usa alors de toute sa vitesse pour transpercer ce nuage et réengager le corps à corps. Difficile de dire si la kirijin s’était attendue à une telle vigueur de la part du konohajin mais ce qui était certain c’était que cette fois-ci le tranchant de son katana ne manqua pas sa cible. Ine put sentir toute la froideur de la lame fendre sa chair avant de disparaître au profit de la tiédeur de son sang. Shikai venait de toucher son flanc droit en frôlant de quelques millimètres son corps du sien. Un murmure, ce fut tout ce que la kirijin eu le temps de percevoir avant de subir ses premiers dommages au corps à corps.

" Je suis désolé... "

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Sur les sentiers battus... : Acte Quatre

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ø Désolé ? Voila des mots qui réussiraient à perturber n'importe qui ne serait-ce que l'espace de quelques secondes, surtout quand ils étaient prononcés avec une telle sincérité. Un nouveau pic de douleur se manifesta dans la foulée. Shikai sentit son cerveau redevenir aussi dur que pierre l’espace de quelques secondes interminables. Mais maintenant qu’il était assez près de son adversaire, il avait tout le loisir de l’affaiblir en espérant que cela lui suffirait pour prendre l‘ascendant.

ø A ce moment précis, il aurait pu utiliser une des arcanes dont il avait le secret pour mettre définitivement fin au combat mais la précipitation lui avait appris qu'il ne fallait jamais sous-estimer les ressources de son adversaire. Après tout, Ine était peut-être encore capable de retourner la situation à son avantage via une ou plusieurs autres illusions dont elle ne lui avait pas encore montré les effets. Se risquer à puiser trop tôt dans ses réserves de chakra le pénaliserait certainement sur le long terme si jamais le combat s’éternisait. Il fallait également penser à un éventuel second tour s’il réussissait à franchir celui-ci. Une seule possibilité s’offrait donc à lui, poursuivre son offensive au corps à corps en attendant de pouvoir profiter d’une nouvelle faille.

ø Shikai fit volte-face en prenant appuis sur son pied gauche. Là, il profita du mouvement de rotation pour tendre son bras droit au maximum et abattre avec fracas la longue lame de son katana dans le dos de la pauvre kiréenne. Le sang coula le long du métal. Un frisson indescriptible parcourut la foule au moment où Shikai ramenait Mugen le long de son corps. Le temps sembla s’arrêter. Des cris s’éveillèrent dans les gradins mais le seul cri que Shikai perçut fut celui de son propre corps.

ø La douleur qui le transperça à ce moment précis n’avait plus rien de comparable à toutes celles qui s’étaient accumulés depuis le début de l’affrontement. Il n'était plus question d’une douleur aigue et momentanée mais bien d’une souffrance réelle, crispante, et dévorante. Shikai sentit un drôle de goût dans sa bouche mais sa main gauche eut à peine le temps de remonter jusqu’à ses lèvres qu’un filet de sang rougeâtre s’en échappa pour se frayer un chemin jusque dans son cou. Une seconde à peine et deux autres filets de sang sortirent de ses narines et se déversèrent sans retenu sur ses lèvres. Ce n’était plus une illusion. La blessure était bien là, quelque part. Elle était encrée en lui. Pour la première fois de sa vie, il découvrait la véritable puissance du genjutsu. Frapper sans que l’adversaire ne puisse rien distinguer. Frapper au plus profond de son âme et la tordre de douleur jusqu’à ce que la souffrance devienne palpable. Shikai goûtait à présent à l’amertume de son propre sang alors qu‘il croyait jusque là dominer l‘affrontement. D’erreurs, il ne pouvait plus en commettre de pareil. Bien sûr, il était capable de se soigner et de renvoyer la douleur dans ses plus lointains retranchements, mais dans ce cas de figure, face à une spécialiste du genjutsu, il comprenait qu’il n’y avait plus de temps à perdre et qu’il fallait frapper au plus vite et au plus fort.

ø La victoire ne tenait plus qu’à un fil à voir la sueur qui commençait à perler sur les tempes de sa jeune et rayonnante adversaire. Était-ce les coups physiques qu’il lui avait portés quelques instants plus tôt ou l’entretient de ses illusions qui l’avaient plongé dans un tel état ? Shikai aurait été incapable de le dire. Son regard impassible ne quittait plus le visage d’Ine. D’un revers de manche, il essuya le sang qui coulait sur ses lèvres puis il rangea Mugen dans son fourreau, jugeant que son katana ne lui serait plus d’aucune utilité désormais. La victoire, il irait la chercher dans sa discipline...la médecine. Il n’aurait alors plus besoin d’une lame tranchante à souhait pour mettre un terme au combat mais simplement d’un contact entre lui et la cible.

ø L’idée avait fleurit dans son esprit sans la moindre retenue. De colère, il n’en ressentait aucune, de joie, il n’en ressentait aucune. Sa seule volonté était d’en terminer avec ce chapitre. Ses mains se rapprochèrent l’une de l’autre à hauteur de ses pectoraux quand une voix tonitruante s’éleva depuis les travées. Shikai ne comprit pas le message dans sa totalité. Il ne distingua qu’un vague « allez Ine » qui lui arracha ce même petit sourire qu’il avait l’habitude d’afficher lorsqu’il était, un semblant, rassuré. La belle kirijin avait trouvé de fervents supporters et en quelques sortes venait de remporter son propre combat en gagnant le respect de la foule. Lui ne fixait plus que le vide qui séparait ses yeux du sol, persuadé qu’il y trouverait son propre réconfort. Le combat pouvait s’éterniser ou s’arrêter...peu importait maintenant. Il savait qu’il avait combattu une kunoichi au courage indomptable.

ø L'afflux de chakra était concentré dans les mains de l'eiseinin. Il pouvait parfaitement sentir cette énergie vitale longer les veines de ses bras par des conduits gardés secrets. Des conduits qu'il ferma rapidement en se sachant armé d'assez de chakra pour mettre en oeuvre son plan. Ses yeux mielleux se détachèrent lentement du sol. Ils clignèrent, puis ils s'arrêtèrent sur la silhouette svelte et élancée de son adversaire. De colère, il n'en éprouvait aucune. De joie, non plus. Il devait simplement en finir. Une série de signes fusa dans son esprit. Chien, bélier, cheval et serpent. Il connaissait cet enchaînement sur le bout des doigts. Il n'en était pas à son premier coup d'essai. Seulement, Ine tenait encore debout et semblait avoir encore quelques idées derrière la tête à voir la manière dont elle venait de joindre ses mains. Il n'y avait plus de temps à perdre, il devait frapper le premier. Une légère explosion de chakra se dissipa dans l'air ambiant. Shikai enchaîna les quatre signes incantatoires et entrouvrit ses lèvres pour annoncer le nom de son offensive.

" Sh... "

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Sur les sentiers battus... : Acte Cinq

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ø Trop tard. L'émanation de chakra se volatilisa brusquement. Du coin de l'oeil, il vit le bras levé de l'arbitre, dont il avait manifestement oublié la présence. Celui-ci le déclara vainqueur du combat mais la joie ne le submergea pas. L'incompréhension voila tout ce qui semblait capable de l'habiter en cet instant. L'euphorie des tribunes n'y changea rien. Il ne comprenait pas. C'était à ce moment précis qu'il sentit un corps brûlant s'appuyer contre son bras gauche. Ses yeux ne s'écarquillèrent que très légèrement au ressenti de ce contact puis ils retrouvèrent toute leur neutralité quand il comprit qu'Ine n'avait plus la force de continuer. Voila pourquoi la victoire était sienne. La belle kirijin avait utilisé beaucoup de chakra pour le contraindre dans ses mouvements et encore davantage pour lui torturer l'esprit. Bien qu'il avait réussi à l'atteindre physiquement, cela n'avait pas suffit à la faire trébucher. Elle avait tout donné d'elle-même durant ce combat et elle avait perdu avec fierté. La fierté d'avoir repoussé ses connaissances et de l'avoir blessé comme jamais personne ne l'avait blessé, mais cela, elle ne le savait pas encore. Kiri possédait des shinobis de talent à n'en pas douter et cette fille en était indéniablement une preuve vivace. Elle avait peut-être perdu ce combat, mais elle avait gagné d'autres choses plus importantes à son sens, la connaissance et le respect.

" Dans mes larmes se dissous notre intimité… Depuis l’intérieur de toi, Shikai, nous avons partagé bien plus de choses que tu ne peux imaginer. Je te félicite. J’ai perdu mais j’ai beaucoup appris grâce à toi. "

ø Shikai frémit en entendant son premier murmure. Elle avait vu juste. Elle avait percé une partie de son esprit. Elle s'y était aventuré sans difficultés comme si toutes ces années de silence n'avait pas suffit à Shikai pour clôturer ses pensées. Elle avait lu en lui. Il ne savait pas quoi exactement mais elle avait lu. En cela, elle était désormais la personne qui le connaissait le mieux au monde. Était-ce un mal ou un bien ? Il n'aurait su le dire. Son coeur penchait pour le bien mais son esprit lui rappelait inévitablement les enjeux qui avaient cours dans ce monde. Tous ces jeux d'informations qui fusaient entre les villages cachés et les puissantes nations au sein desquelles ils se dissimulaient. Ine vendrait-elle les informations qu'elle avait obtenues au nom de ces enjeux ? Personne ne pouvait l'affirmer. Shikai, lui, ne préféra pas s'en soucier. Après tout, quoi qu'elle ait pu trouver en lui, elle l'avait durement acquit. Même s'il était le sujet de cet acquit, le Nara avait un profond respect pour la jeune femme et pour son oeuvre. Il lui laissait volontiers cette part d'intimité qu'elle lui avait en quelque sorte volée. Son regard croisa le sien, affaibli et sujet aux larmes, puis il lui rendit son sourire tout aussi léger. Elle profita de l'occasion pour le féliciter et lui murmurer qu'elle avait appris beaucoup de choses grâce à lui. Étrangement, cette phrase lui arracha plus de joie que ne lui en avait procuré sa victoire. Ses lèvres remuèrent mais aucun son n'eut le temps d'en réchappé...Wata venait de perdre connaissance.

ø Le poids de son corps sembla doubler sur le moment. Par précaution, Shikai glissa son bras autour de sa taille pour la soutenir. Si près d'elle, il pouvait sentir son parfum glisser délicatement sous ses narines. Le sang imbibait ses vêtements n'y changeait rien. C'est comme si malgré tout ce qu'elle avait encaissé, elle était resté calme et pure, même dans ce sommeil forcé. Maintenant, il avait un devoir envers elle. Un devoir que tout médecin avait envers n'importe quel blessé. Shikai fit affluer son chakra en conséquence dans sa main droite. L'arbitre du combat lui jeta un regard courroucé, en pensant probablement qu'il s'apprêtait à achever la jeune femme malgré son état , mais le konohajin le rassura en tournant sa tête de gauche à droite avant de lui désigné sa main droite du regard pour lui faire comprendre qu'il ne lui voulait aucun mal. Cette main était enrobée d'une aura bleue ciel. Du chakra pur en somme. Shikai appliqua sa main droite sur la hanche de la jeune femme, là où il l'avait blessé quelques instants plus tôt. Il conserva cette position pendant quatre bonnes minutes. La technique de soin se fit immédiatement ressentir puisque la plaie se cicatrisa après avoir été convenablement nettoyé par la bulle de chakra. Shikai répéta ensuite le même procédé pour la blessure située dans son dos.

ø A présent hors de tous dangers, Ine n'avait plus besoin que de longues heures de repos et de quelques baumes cicatrisants pour faire disparaître ses cicatrices. Shikai ne connaissait pas les infrastructures de Kumo en détail mais il se doutait bien qu'un hôpital devait forcément se trouver à proximité. Ce qui lui fut confirmé par l'arbitre du combat, venu pour le féliciter aussi bien pour sa victoire que pour le geste qu'il venait de faire. Shikai acquiesça de la tête sans rien dire. Aussi délicatement que possible, il transporta lne sur ses bras et la posa ensuite sur le brancard transporté d'urgence par une équipe médicale kumogon. Avant qu'elle ne soit acheminée vers l'hôpital, Shikai apposa sa main sur son bras puis se pencha à son oreille pour lui murmurer ceci : " C'est toi qu'il faut féliciter. J'ai peut-être gagné mais face à toi, toutes les barrières de mon esprit sont tombées. Tu as réussi à comprendre une partie de ce que je suis...c'est toi qui a gagné aujourd'hui. " Sur ces mots, Shikai laissa les médecins kumojin faire le travail. Il se contenta de regarder son adversaire d'un jour s'éloigner petit à petit jusqu'à disparaître. La victoire était sienne aujourd'hui, officiellement parlant, mais quelque chose en lui criait haut et fort qu'ils étaient deux à avoir remporté ce combat. Deux à avoir briller le temps d'un instant au milieu de cette arène étrangère à leurs yeux. Le reste, la finalité, n'avaient pas d'importance.

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Note et validation du rp

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