[RP Libre] Un dernier regard

Les couleurs du matin, une fragrance singulière. Quelques teintes bleutées éclairaient un ciel grisâtre dans un pays du riz calme et paisible. Une peinture de paysage déterminée par quelques arbres en point de fuite, des rizières à perte de vue, et quelques amas de chaumières qui dans leur agglomérat formaient des villages. Humer l’air était un plaisir. Une particularité séduisante qui n’appartient qu’aux aurores, là où l’absence d’un soleil en retard n’est même pas un problème. Les muscles sont fatigués par les nuits restauratrices et reprennent peu à peu leur vigueur, et les yeux se crispent sous les rayons du roi des astres.
Une fumée émerge au loin. Quelques hommes et femmes s’affairaient à transporter marchandises et bagages, fuyant un feu lointain qui semblait consumer le vestige de tranquillité d’un village. Rapidement, le feu est calmé, laissant les villageois assister avec dépit à l’agonie de leurs foyers. Une main se pose sur leurs épaules tremblantes :

« Un jour viendra où vous n’aurez plus à vivre ainsi. »

Le villageois se retourne, surpris de voir un visage si peu familier dans les parages.

« Orochimaru-sama ? C’est vous ?!» Il s’incline largement.

« Vous en faites trop… Bientôt, je serai parmi vous. Les terres de ce pays ne seront plus foulées par des armées, et vous pourrez goûter aux plaisirs de jouir d’une en récompense de votre labeur. »

Instiller l’espoir. Ce qui n’était que quelques mots pouvait avoir la force de milles discours et actions vaines. L’homme s’inclina à nouveau, et pris congé du serpent en s’éloignant, toujours courbé et remerciant le sanin de lui avoir parlé. Orochimaru était quant à lui concentré sur l’horizon, l’œil vers le pays du feu.

« Les terres du pays du feu sont riches, ses seigneurs emplissent leurs panses de plaisirs illimités quand ceux d’Oto Gakure souffrent dans l’indigence et l’oubli. Je suis la cause de ces maux, de ceux qui par la destruction apportent l’opprobre. Je quitterai alors ce village pour qui je suis un poids. Je n’ai plus besoin de lui. »

Tenant un vieux bandeau entre ses doigts fins et crispés, il laissa échapper un léger rire.

« Ce village sera bientôt attaqué par les rebelles, et ce peuple libéré d’un tyran. Ma mort ne sera que l’aube d’un nouveau jour pour ma cause, et ma renaissance sera celle d’un espoir immortel. »

Kabuto, se tenant derrière lui, arborait un visage éreinté par une nuit blanche de travail et un matin si prompt à venir. Ôtant ses lunettes, il s’approcha du serpent et fixa le même point que lui. Un dernier regard posé sur l'infini du monde, les souffrances qui y avaient lieu, et l'hypocrisie tout autour. Le monde était aveugle aux cris de la terre. Mais ne nous méprenons pas. Le Sanin de Konoha conservait en tête ses objectifs égoïstes. Cette perception altruiste n'était que le dommage collatéral d'une action renforcée par un simple désir de possession, de pouvoir. Possèder Konoha signifiait posséder le centre du monde ninja, assez pour étendre sa radiance au monde entier !

Même si Kabuto s'approchait, Orochimaru ne daigna pas le regarder :

« Tout est prêt, maitre. »

Un sourire et rien de plus. Le sanin avait des plans qui allaient signifier un grand nombre de remous dans le monde des ninjas. Le monde entier allait jouir d’une série de nouveautés qui n’allait pas forcément plaire à tout le monde. Des remous, un peu de destruction, et une conquête à l’image des désirs du serpent, toujours plus dévorant, toujours plus avide. Son objectif rivé sur Konoha allait induire sa destruction. Konoha était une épine dans le pied dans le monde des Ninjas. La guerre avait appauvri des terres, affamés des innocents, enrichi des idiots. Or, Konoha ne pensait depuis vingt ans plus qu’à asseoir sa domination, gérant les cas et les missions comme le ferait un gros porc devant son appétence sans fin.

Konoha allait brûler aux lueurs du matin, les mêmes que celle qu’on ne pouvait contempler qu’avec plaisir et admiration en ces temps d'innocence…