Nuit de garde [Mission: Rang C]

Maï se tenait en apparence tranquille. On lui avait toujours dit de se méfier de la moindre petite chose car elle n'était peut-être pas ce qu'elle paraissait. Comme on dit : un rocher peut en cacher un autre, et le danger s'en trouverait peut-être sensiblement agrandi si on ne faisait pas attention. Concentrant toute la sienne envers le parchemin, la jeune rouquine se tenait prête à tout au cas où il s'avèrerait qu'un danger menacerait Konoha, et eux dans l'immédiat.

Mais elle ne pensait pas voir Oyuki, qui s'était tenue jusque là dans une sorte de mutisme aussi bien vocal que physique, s'avancer brusquement vers le sergent et prendre le parchemin d'un coup avant de s'éloigner à quelques mètres d'eux et l'ouvrir tout aussi brusquement...

Maï sentit sa tension monter d'un cran face à la figure sans expression de sa collègue quand le sergent rompit le silence pour prendre à son tour le parchemin... Avant de le remettre à la patte du volatile et de le laisser partir... Maï s'affaissa lourdement en comprenant que le danger estimé était nul et avait même une petite mine ahurie.

- *Pfff, tout ça pour ça... C'est quoi c'te mission...*

Cette pensée, bien qu'inaudible pour les personnes qui l'entouraient, devait être aisément perceptible sur son visage. L'attention redoublée auparavant céda le pas à une brusque fatigue. Fatigue qui venait également de la blessure qu'elle avait encore dans le dos et qui lui rappelait la foudre qu'elle n'aurait jamais dû recevoir. Mais bon, son dos se remettrait vite et demain il n'y paraîtrait plus. Ca tiraillait un peu mais sans plus, c'était surtout son égo qui avait souffert dans cette histoire...

Se dirigeant vers ses affaires en entendant le sergent leur dire qu'ils étaient relevés de leur fonction, Maï récupéra donc son sac dont elle n'avait sorti que le sandwich, le mit en bandoulière et fit un signe de la main à ses collègues avant de partir comme elle était venue, en sautant sur les toits sans bruit pour ne pas réveiller les habitants de Konoha et ainsi retrouver son foyer...

Oyuki ouvrit le rouleau et le lut lentement, dans le plus parfait silence, comme toujours. Ses yeux suivirent la belle écriture en lisant soigneusement chaque mot, et bien que son visage n'exprima rien au point que le sergent se saisit lui-même du parchemin pour le lire à voix haute, on pouvoir voir, si l'on était proche de la trentenaire, quelques rougeurs qui apparaissaient sur ses joues, comme une oie blanche. Il fallait dire qu'elle n'était pas trop habituée aux grivoiseries, femme de très bonne famille et naissance, se préservant pour le mariage. Aussi, dans le noir de la nuit, ce n'était pas bien grave. Elle savait également que personne n'aurait le manque de tact de lui en faire la remarque, du moins elle l'espérait.

La Kunoichi tourna la tête vers son supérieur lorsque ce dernier parla, se plaignant de leur incompétence. Leur? Oyuki haussa un sourcil. Elle-même avait fait au mieux, ne regrettant même pas d'avoir laissé filer le volatile. Cependant, dans l'esprit d'équipe, tous se prennent la remarque. mais c'était peut-être mieux ainsi. Elle baissa la tête avec déférence, comme pour s'excuser platement, tandis que Maï remballait ses affaires et que Shikai sembla contester le fait d'être si rudement réprimandé. La femme arqua un sourcil sévère à son encontre, sans rien dire. Son silence était bien plus éloquent que n'importe quoi. Elle comprenait où le Chunin voulait en venir, mais la manière de s'être exprimée était mauvaise, selon elle, et manquait de rhétorique et de matière pour s'opposer à la hiérarchie pure. Cela dit, elle posa une main sur son épaule, pour capter son attention une nouvelle fois.

"Ce n'était pas grave."

Concise, mais pas mauvaise, bien que sa voix n'avait aucun timbre particulier et pouvait passer pour glaciale. D'un mouvement de corps vers son supérieur, elle le salua traditionnellement, pour prendre congés. Sa présence n'était plus requise puisque la garde était terminée. Pour les dires de Shikai, c'était son affaire : chacun assume les actes dans une Team, et chaque individus fait face à ses propres dires dans la vie en général. Cela ne la regardait pas et c'aurait été indécent de s'en mêler. Alors, le plus simplement du monde, la Kunoichi tourna les talons, sautant avec légèreté sur le même toit que celui qu'avait emprunté Maï, mais préférant marcher tranquillement plutôt que courir.

Après tout la nuit était belle, et la lune tout autant. Une mission finie, ce genre de chose se savoure.