[Entrainement] Rasetsu no Ken : Saru !

Haletant, le corps en sueur et les poumons en feu, Eizo ne cessait de courir pour fuir cette présence le terrifiant. Jamais il n’avait animé ses membres à une telle vitesse pour fuir un danger et cela se traduisait par une vitesse folle qu’il n’aurait jamais pouvoir atteindre en temps normal. Mais il n’était pas seul … Lui emboitant le pas, son adversaire du jour ne faisait que le railler, lui intimant qu’il pensait que les Ninjas de la Brume se complaisaient dans l’honneur et la volonté de livrer le combat frontalement. C’est vrai … La fuite ne convenait pas au Jinchuuriki de Rokubi. Mais il n’avait pas le choix …

Cette fuite éfreinée l’éloignait de ses trois compagnons de mission. Une mission qui sombrait dans le néant alors que ses compagnons et lui avaient enfin leur cible en ligne de mire et qu’ils s’apprêtaient à l’appréhender définitivement pour mettre un terme à ses méfaits. Low Ki, Nuke-Nin du Village de l’Etoile du Nord et commanditaire d’un incroyable nombre d’actions à l’encontre de divers Daimyo de par le monde. La mission était une des priorités du Village de la Brume du fait de l’influence du Daimyo du Pays de l’Eau qui sentait sa souveraineté plus que jamais menacée. Alors Okamura avait imposé son Équipe pour restaurer l’ordre. Lui et son A-Team, le Nexus, s’en étaient donc allé par monts et par vaux pour retrouver le criminel.

Les trippes d’Eizo se serrèrent quand il repensa à cette embuscade. Ils avaient clairement sous estimé le réseau de Low Ki et ce dernier le leur avait fait amèrement payer. Encerclé par une foule d’homme de main, Okamura s’était donc enfuit, décrivant un premier bond aussi esthétique qu’ample pour enjamber les lignes adverses. Terminant de les briser, il prit donc la fuite par les bois après avoir passé le fil de sa lame sur le corps de quelques uns des hommes de main de Low Ki qui tentèrent de l’arrêter. C’est alors qu’il entreprit de le suivre, laissant ses gorilles faire le sale travail en s’en prenant au Nexus. Low Ki sur ses talons, le Bretteur de la Brume multipliait donc les bonds et les sprints pour mettre de la distance entre eux …

Il estimait sa vitesse suffisante, avant de le rencontrer … Ceci serait par ailleurs le début d’une prise de conscience globale : celle de ne pas se reposer sur ses acquis mais bien les travailler sans cesse pour les pousser encore plus avant, dans des degrés de puissance à même d’en faire des atouts invincibles. Lui qui avait couru toute son enfance pour échapper aux bête de cette île qui faisait office de prison, il pensait ses jambes suffisamment puissante pour le porter plus loin encore, suffisamment pour assez s’éloigner.

Alors il démultiplia les foulées, ponctuées de bonds de plus en plus vifs et secs. Il cherchait à jouer sur sa détente remarquable pour avaler la distance plus vite que jamais. Ses jambes agissaient, en conjonction avec le mouvement de ses bras pour allonger sa suspension dans l’air comme sa vitesse d’avancée. Il lui fallait continuer à avancer, suffisamment … Un peu plus ! Alors il bondissait, courrait, sautait ! Au point de sentir ses muscles se raidir sous l’action de l’acide lactique. Il en avait mal et perdait en vitesse. Mais il lui suffisait d’un dernier bond. Un dernier déploiement de ses muscles pour s’élever dans les airs et passer au travers la voute de feuillus pour poser ses yeux sur une vaste plaine. Une vision qui lui arracha un sourire avant que le pied de Low Ki ne percute sa tempe …

Alors il tombe, terminant en se réceptionnant d’une roulade esthétique pour se redresse et enfin faire face à son poursuivant. Son visage ne traduisait aucune peur seulement une froide détermination qui fit s’interroger Low Ki sur les véritables intentions du Bretteur de la Brume. Ce dernier reprenait son souffle alors que son esprit se focalisait sur une seule question. Il espérait que Sheamus, Punk & Jurakyūru n’en avait pas encore finit avec leurs adversaires, car si s’était le cas ils ne tarderaient pas à le rejoindre dans ce cas là, il pourrait bien les mettre en danger …

« Finit de fuir, pleutre ? »

« T’inquiète … J’ai plus l’intention de fuir du tout ! »

Eizo achevait sa phrase d’une voix qui ne laissait transparaître aucune émotion, mise à part son arrogance naturelle. Lentement, alors qu’il exprimait sa rage dans un cri sourd qui se modula lentement en une plainte, Eizo exsudait ce pourquoi il avait mis de la distance entre lui et ses compagnons. En cet instant, il n’était pas sur de pouvoir pleinement se contenir s’il relâchait Rokubi en combat. Alors autant se battre dans un endroit où il ne mettrait personne en danger. Sa plainte se fit plus sourde que jamais, ponctuée par un roulement d’écho alors que son corps se voyait parcouru d’arcs électriques à l’aveuglante blancheur. Sa plainte se terminant dans un cri rageux, Eizo étira un sourire sadique en se sentant auréolé par l’aura menaçante de son Bijuu. Transfiguré !

Plus longues de quelques centimètres, les pointes capillaires d’Okamura se détachaient en mèches affinées dirigées vers les cieux brumeux. Ses muscles avaient légèrement grossi pour adopter une forme encore mieux proportionnée. Et son corps était entouré d'éclairs de Chakra pur, d'une blancheur insoutenable, qui crépitaient furieusement en formant des cercles autour de son torse et de ses membres. Ses yeux, quand à eux, étaient d'un or extrêmement pâle, comme décolorés. S’il venait à croiser le regard qui s’en échappait, Low Ki ne pourrait s'empêcher de ressentir un frisson en y déchiffrant une froideur mortelle à même de la plonger dans une détresse psychique sans limite.

Le sang coule sur sa tempe, se faisant l’écho du coup qu’il vient de recevoir. Les préliminaires et les faux semblants sont terminés, le vrai combat peut donc commencer car plus rien ne parait menacé. Il est totalement libre de se déchainer ! Lentement, le Bretteur de la Brume dégaine son Katana qu’il pointe vers le sol au devant de son corps, en prolongement direct de son bras. Pendant qu’il prononce sur le ton du Poème : « Hanakaze Midarete Kashin Naki », Eizo sort son Wakizashi de son fourreau, lui faisant décrire un cercle complet dans l’air avant de l’empoigner à la manière d’un poignard qu’il place au devant de son large torse. Et alors qu’il chante : « Tenpū Midarete Tenma Warau ! » Okamura place les deux lames l'une contre l'autre en formant ainsi une croix, et les retire après avoir prononcé l’ultime syllabe, adoptant ainsi sa célèbre Garde et concluant ce prélude au véritable combat par le murmure du titre de son redoutable Daishô : « Katen Kyōkotsu ! ».

Seul … Eizo le restait devant cette plaque de granit, fière et inaltérable, qui se voyait parcourue de ce nom … Ce ciel sombre nocturne accordait une parfaite ombre porteuse de regret sur ce monument évoquant le remord. Ce lieu chargé de souvenirs et évoquant le sens du sacrifice ne pouvait que figer Vicious sur place. Sa solitude n’avait de vie que dans ces instants là, quand il se recueillait devant la tombe de celui qui avait fait de lui ce qu’il est aujourd’hui, de celui qui lui avait offert sa confiance, de celui qui comptaient pour lui. De son Sensei. Son regard couleur sang fixé sur ce nom si particulier, sur trois syllabes qui le plongeaient dans le monde du regret, l’enfer du remord. Et si il avait été plus fort à l’époque, serait il toujours en vie ? Et si il l’avait suivit dès le début en reconnaissant qu’il avait raison ? Et si il était toujours en vie, que ferait il fait ?

Un nuage qui se dérobe, la lune qui se fait belle et dore de ses rayons la face mouillée de la pierre. Une lueur astrale qui de son éthérée lumière vint détourer plus en douceur le nom de cet être héroïque. La Fraicheur soudaine de la nuit portée par une subtile brise vint cueillir le Bretteur de la Brume frissonnant qui garde ses mains dans ses poches. Les épaules du Jinchuuriki se haussèrent un court instant alors qu’il esquissa un lent mouvement de jambe, laissant ses talons claquer sur le marbre usé des dalles ouvragées. Les Yeux d’Okamura se plissaient alors que ses souvenirs défilaient et que sa conscience, une nouvelle fois, s’excusait …

Au loin, les merles commençaient à chanter, un faible vent agitant les fourrés. Devant l’affluence de ses souvenirs, la puissance de sa culpabilité, Eizo vit son regard tressauter pour se poser plus loin, au-delà du nom de celui qui l’avait guidé, endurci et protégé, le plus grand héro de Kiri à ses yeux et le Sabreur qui l’avait ainsi modelé. Un des plus Grands Epeistes que la Brume ait jamais portée : Shiliew.

Une Foule de souvenir vint à remonter et une nouvelle fois Okamura se vit sombrer dans la solitude. En ce temps, il ne fut pas capable de protéger son Sensei. Nombre d’année, le second Jinchuuriki de Kiri s’était reproché de n’avoir simplement rien fait. Sa place était en ce temps à ses côtés, se battant tous deux comme des damnés. Leurs Chakra auraient du s’unir pour se protéger, se préserver et repousser Rokubi à jamais. Mais à défaut, Eizo n’avait rien fait … Il avait laissé son Sensei se sacrifier et lui implanter le Rokubi à jamais. Dans son fort intérieur, le Nibanme se reprochait toujours sa faible volonté. Sans elle, il aurait pu aider l’Epeiste et sans nul doute qu’il n’aurait pas eu tout ce calvaire à endurer de par sa condition de Jinchuuriki. Des pensées qui pouvaient bien passer pour du pur égoisme …

Mais c’était sans connaitre l’admiration d’Eizo pouvait bien vouer à cet homme qui l’avait éduqué. Les remords restaient figés, mais le fil du temps continuait, lui, à défiler. Depuis quelques heures déjà, les animaux s’étaient figés, signe que la pluie de saurait tarder, et les branches commencèrent à se secouer sous les assauts répétés d’un vent déterminé. La fureur de la nature gagnait progressivement en intensité, et alors que quelques gouttes de pluie s’écrasaient contre le visage du Shinobi qui ne faisait plus que se souvenir ses jeunes années et son apprentissage sauvage au côté de celui qui avait le plus assumé le rôle et l’image d’un père à ses yeux.

Le temps et l’espace nimbaient le Bretteur de la Brume d’un monde sombre appelant au recueillement et à la mélancolie. Il se souvenait ses sempiternelles fuites face à son Maitre et sa lame légendaire. Se souvenait les combats qu’il avait du mener contre les bêtes sauvages peuplant l’île Rusukaina. Il se souvenait les rares conjonction de ses deux activités et la peur qu’elle avait bien pu lui inscrire à même sa chair et ses os. D’aucun aurait bien pu croire Eizo fou d’apprécier cet homme qui avait massacré sa famille et l’avait séquestré sur une île sauvage pour en faire une redoutable arme au service de Kiri. Mais ce d’aucun ne pouvait pas voir la fierté sur le visage de Shiliew devant les progrès de son disciple, il ne pouvait pas voir l’inquiétude qui avait envahis le légendaire Epeiste quand il comprit qu’il avait amené son disciple au devant d’un trop grand danger. Et surtout, ce d’aucun n’avait pas réçu de Shiliew le scellement de Rokubi dans sa chair pour permettre à ses dernières de cicatrices de leurs attroces blessures et autoriser Eizo à vivre !

Alors oui, Okamura avait craint son maitre des années durant avant de le voir comme la personne s’approchant le plus de l’image d’un père. Il se remémora ses folles courses pour échapper au sabre de Shiliew. Cette succesion de bonds qui l’éloignait de son adversaire mais le mit nez à nez avec un gargantuesque Tigre aux Dents de Sabre ! A cette époque, Vicious n’était rien sur le domaine du combat, tout juste un pion armé d’un sabre rouillé qui tentait de survivre en singeant les mouvements employés par son Sensei. Un adolescent apeuré mais qui voulait plus que tout survivre. Alors la peur devint haine et colère pour doucement faire glisser l’esprit du jeune homme sur la pente du carnage !

S’élançant d’un pas éthéré au devant du monstrueux félin, il ne se souciait plus le moins du monde de sa garde, il souhaitait juste frapper de sa lame et poursuivre sa course pour échapper au plus redoutable des prédateurs qui arrivait dans son dos. Certains Ninjas se taillent un nom selon leur faculté à pouvoir anéantir tout adversaire sans recevoir le moindre coup, ce n’est pas le cas d’Okamura. Il a été taillé à coup de blessures pour devenir l’homme tel qu’il est à présent. Et il ne fera pas exception à sa règle de conduite aujourd’hui ! Toujours se projeter vers l’avant, comme si le moindre pas en arrière aurait été la négation de son entier monde de vie comme de pensée !

Visage habité par une expression folle déformant ses traits, celui qui deviendrait des années plus tard le second Jinchuuriki de Kiri se projeta donc en avant à une vitesse folle vers la gueule du Tigre ! Puis, au dernier moment, le Disciple de Shiliew se pencha vers le sol en décomposant chacun de ses mouvements. Il n’avait jamais eu l’avantage de la taille et de la puissance physique contre le massif Epéiste que représentait Shiliew, pas plus que contre toutes les étranges et redoutables espèces peuplant le surprenant écosystème de l’île. Alors, avec le temps, il avait appris à adopter des stratégies profitant à son petit mais explosif gabarit de combattant adolescent.

Ses multiples fuites et la foule de courses qu’il avait du employer tout au long de son apprentissage à la dure lui autorisaient une vitesse d’exécution et de déplacement s’élevant d’exponentielle manière à mesure que pouvait passer le temps. Avec elle, une agileté propre aux multiples efforts de gymnases que lui imposaient sa vie et qui ne cessaient de rappeller en de nombreux aspects les déplacements et les mouvements des primates peuplant le monde. Simiesque dans ses déplacements comme dans sa ruse, car c’est bien souvant elle qui sortait le jeune homme des plus sombres situations.

Ainsi, alors qu’il se défaussait au devant des crocs du gargantuesque Tigre, Eizo imprimait un nouveau mouvement à son corps en combinant une impulsion sèche de ses jambes et une féroce contraction abdominale pour s’élancer sous le corps de son félin adversaire, en parallèle au sol. Gagnant ainsi en allonge autant qu’en force par l’utilisation de l’énergie centrifuge, le petit disciple ne put voir le regard admiratif d’un Shiliew à sa poursuite qui semblait bien apprécier ce spectacle nouveau. Dépliant son bras puissant, Okamura délivra donc un redoutable coup de sabre à la patte arrière gauche de son adversaire, fracturant les os alors que le tranchant de la lame déchiquetait le tendon d’Achille de l’animal qui apparaissait maintenant comme bien moins dangereux.

Roulant au sol d’esthétique manière, Eizo se remit sur ses pieds d’un vif saut carpé et se retrouva de nouveau nez à nez avec le félin boitant bas. La faim semblait dicter ses actes et il serait bien vite intéressante de voir lequel des deux besoins naturels aurait le dernier mot : celui primaire du désir de nourriture ou bien le secondaire plus proche du désir de sécurité ? Ses jambes lui autorisant un appui aussi redoutable que supérieur à celui de son adversaire, Eizo était à même de fournir une détente suffisante pour maximiser la frappe qui allait suivre.

Et que dire de la position des bras, armés et gonflés pour décocher un rapide coup de sabre vers le haut et ainsi priver le fauve de sa tête ! Un coup de taille net et sans bavure porté avec force à précision, ciblant les interstices vertébraux pour rencontrer moins de résistance et détacher plus facile la tête du reste du corps. La Mort par Décapition était imposée par de ce mouvement qu’il reproduirait un incalculable nombre de fois dans les années à venir. Mais ça, Eizo ne le savait pas encore … Tout comme il ne comprendrait que plus tard que ce sourire de Shiliew qu’il prit comme la manifestation d’un instinct de préadation désireux de le faire souffrir plus encore n’était rien d’autre que l’exposition claire d’une fierté presque paternelle …

Qu’il semblait effrayé pour sa vie ce jeune Eizo à courir à une vitesse folle, serpentant entre les arbres de cette forêt sombre. Il jetait des coups d’œil apeurés au dessus de son épaule alors que ses mains se refermaient sur deux épées rouillées maculées de sang. Dans cette forêt couvrant un immémorable champs de bataille où les morts furent comptés par milliers, le jeune homme n’avait aucun mal à se trouver des armes de conception humaines pour affronter les différents avatars de la nature à même de lui faire découvrir et appréhendre tout le potentiel de son corps. Si tant est qu’il y survive …

Ce souvenir venait au Bretter de la Brume alors que le tonnerre roulait encore dans les cieux du village de la Brume, écho d’un éclair blanc qui venait de zébrer le ciel sombre un instant auparavant. La pluie ne faiblissait pas, nimbant de froid le Ninja et faisant tressaillir encore et toujours les muscles du Jinchuuriki qui n’avait plus rien à faire des aléas climatiques que lui imposaient son bien sinistre pays. Des tempêtes, il n’en avait déjà que trop traversé sous les enseignements brutaux de Shiliew … De ce souvenir, il en retirait une cicatrice invisible frappant sa cuisse. Et alors qu’une nouveau roulement d’écho faisait trembler le ciel, le jeune homme aux yeux rubis ne tarda pas à se replonger dans ses songes mélancoliques.

Sa course se faisait désordonnée alors que des hurlements et autres aboiements rauques pistaient les pas sur le sol noir parsemé de feuilles mortes. Cette meute l’avait pris en chasse depuis longtemps déjà et elle ne se terminerait que dans la mort d’une des deux composantes de l’équation. Les loups sombres ne cessaient de gagner du terrain alors qu’Eizo serpentait à grande peine entre les arbres. Il ne souhaitait que fuir cette zone peu propice à un affrontement tant elle limitait ses mouvements. Plus loin, une clairière … Il pourrait pleinement s’y exprimer !

En effet, là il pourrait manier le sabre sans risque de le coincer dans un tronc ou à une branche. Mais aurait-il le loisir d’y parvenir ? Les sauvages canidés commençaient à le déborder pour mieux le cerner et alors qu’il posait un pied sur la terre pelée qui évoquait une bien sinistre arène, un poids tomba sur ses épaules. Des mâchoires claquant prés de son oreille, Eizo se pencha en avant avec une force conséquente pour faire passer le loup trop entreprenant par dessus son épaule, le renvoyant à terre alors que l’ensemble de ses comparses décrivait un cercle irrégulier autour de l’humanoïde silhouette d’un jeune adolescent qui semblait dans un drôle de pétrin.

Essouflé, en sueur, le jeune homme tournait sur lui-même pour essayer de trouver le chef de la meute. Une tentative d’intimidation du leader était toujours possible bien que peu évidente, mais la survie imposait d’utiliser toutes les armes à disposition. D’abord une somme de canidés aussi semblables les uns que les autres puis un plus massif au pelage poivre et sel qui se détache. Lui aussi voit des cicatrices zébrer sa peau et lui évoquer les leçons du passé. Ses yeux jaunes se plante dans les rubis d’Okamura alors que le temps semble bien se suspendre.

Puis ce fut l’assaut coordonné, les bêtes se jetant à l’unisson sur le futur Bras Droit de la Mizukage qui n’entendait pas faillir et perdre la vie avant longtemps alors que son premier combat venait de se solder par un retentissant échec .... Ses coups se firent aussi rapides que précis et à chacun de ses mouvements c’est une giclée de sang canin qui vint éclabousser le sombre sol comme son pâle épiderme.

Les moulinets d’Okamura lui autorisaient une multiplication des frappes de taille comme d’estoc, clouant au sol un grand nombre de ses opposants animaux. Ils étaient si nombreux que le jeune adolescent ne semblait pas avoir besoin de cibler ses frappes avec précisions, presque sur que le moindre de ses coups toucherait au but. Il se préoccupait plus de délivrer des frapes sur l’ensemble de la zone, tranchant de ci de là en espérant repousser les vagues trop peu coordonnées.

Mais le poids du nombre finit par jouer quand un des redoutables animaux referma ses mâchoires sur la cuisse d’un Eizo qui hurla tant de surprise que de douleur. L’atroce sensation de ses muscles se déchirant sous l’action d’un corps étrangé plongèrent le jeune homme dans un état de transe et de colère à même de lui faire pour un temps ignorer la douleur. L’adrénaline et le sens de la survie jouaient le rôle de la plus éfficace des morphines et c’est les yeux emplis de détermination que le disciple caché de Shiliew porta son regard sur la bête désireuse de dévorer ses chairs.

Repoussant d’un revers d’avant bras un autre de ses assaillant qui se faisait, définitivement, trop entreprenant, le jeune Vicious adopta l’attitude d’un matador s’apprêtant à en finir avec le taureau pour délivrer une frappe descendante, enfonçant une de ses lames au niveau de la nuque de l’indélicat animal pour mettre fin à ses jours. Sans vie, ce sauvage voisin du chien relâcha sa prise pour retomber mollement au sol, entrainant avec lui la lame fragilisée qui se brisa dans le corps encore chaud.

Au combat comme dans la vie, Eizo est un peu une locomotive inébranlable, dont la voie est toute tracée. Peu importe les remparts qui se dressent sur sa route, il trouve toujours les ressources nécessaires à la victoire. Si bien qu'on se demande qui pourra l'arrêter. Pas lui-même, en tout cas. Il a déjà repoussé ses limites en de si nombreuses reprises qu'il n'a pas à douter de sa capacité à réitérer l'opération.

Cependant, il est conscient de la difficulté accrue de la chose. Chaque nouvelle étape le rend plus fort, certes. Mais elles le rapprochent également tant et plus de la mort. Ce n'est pas comme si cette dernière lui faisait peur. Kamikaze avéré, Okamura est même de ceux qui l'affrontent volontairement, qui cherchent à jouer avec les limites entre elle et la vie. Force est de constater qu'il est très habile à ce petit jeu.

Alors que son sang coule dru sur sa cuisse, les doigts tendus du futur Ninja de la Brume se refermèrent en un instant sur la poignée de son dernier sabre, une fraction de seconde avant qu’il n’anime son corps. Un combat se livre face à face, dans le respect de l’honneur. Lame gouttant l’air froid pour la dernière fois de ce semblant de combat, Okamura semblait bien se démultiplier sous les yeux de la meute. Sa vitesse était telle que le prochain porteur de Rokubi multipliait les coups et les frappes en direction et sur l’ensemble des loups l’entourant.

Les moulinets se faisaient infernaux et les multiples frappes du jeune bretteur semblaient à même de lui offrir un semblant d’ouverture, une marge de manœuvre se manifestant au travers un petit espace plus propises aux coups à la supérieure allonge. Alors le jeune homme revit des bribes de son enfance brisée, de ses jeux de toupie livrés avec son ainé et c’est bénissant la mémoire de ses proches qu’il entreprise de reproduire un semblable geste, par esprit d’intiative. Il en faut pour livrer un combat …

Plaçant son sabre à l’horizontale du sol, tenant fermement ce dernier à deux mains, le futur Bretteur de la Brume entreprit de pratiquer une succession de petits pas sur place, tourant sur lui-même à la manière d’une toupie pour délivrer un ensemble de cousp circulaires redoutables. Gagnant en vitesse et donc en force au travers de ses rotations, l’adolescent fut ainsi à même de toucher l’ensemble des loups désireux de le dévorer pour simple diner. Bientôt, ils furent tous zébrés de traces de lames. Qui ne manqueraient pas de leur ôter la vie !

Retombant à genoux, le jeune adolescent n’était plus que seul face au silence. Comme il l’était actuellement, immobile dans le vent, le froid et la pluie les yeux rivés sur un nom gravé à même une stèle funéraire. Il n’en avait pris conscience que trop tard, mais cet homme avait vraiment fait de lui quelqu’un qu’il estimait être bien. Shiliew n’était plus, mais il vivait encore un peu au travers des Actes du Bretteur de la Brume. Pour que son souvenir demeure éternel, Eizo devait donc continuer de progresser, continuer d’évoluer pour s’affirmer comme étant le meilleur. Et sur la voie du Carnage, Peine et Douleur sont de Rigueur !