A long time ago...

Mon adolescence n'a pas toujours été tranquille comme un cours d'eau en aval des montagnes. J'en avais vu de toutes les couleurs, tâchant dans un premier temps d'apprendre à me battre par mes propres moyens. Depuis que notre Sensei avait disparu dans l'exercice de ses fonctions, nous nous étions plus ou moins retrouvés livrés à nous-même. Il y a un jour qui marqua profondément ma jeune existence, un jour où je m'étais retrouvée sous le joug de l'un de mes sempais. Je n'étais encore qu'une jeune chuunin à l'époque, du haut de mes seize ans tout juste passés...

Mes mains glacées frappaient l'air, à la recherche du visage de ce jeune ébouriffé. Il neigeait fortement ce jour-là, et le sol était glissant, me faisant d'avantage peiner dans mon apprentissage tumultueux. Cet abruti était bien au chaud, emmitouflé sous des couches de vêtements, tandis que moi, je n'étais qu'une pauvre petite chose frigorifiée, pieds nus dans la neige, avec un short et un débardeur pour tout habit "chaud" sur le dos. En fait de compte, l'imbécile, c'était moi, avec cette idée saugrenue d'aller lui demander de m'apprendre l'une de ses techniques. Je ne savais pas qu'il était aussi cruel comme garçon, si bien que jamais plus je ne me fis prendre au piège par la suite. Quoi qu'il en soit, il me semblait que ma gorge se consumait de l'intérieur, et que mes poumons n'étaient plus que flammes ardentes. Dans un premier lieu, il fallait que je parvienne à déceler avec exactitude les mouvements à effectuer lors de l'esquive, si bien qu'il me servait de punching-ball, enfin du moins en théorie. Je balançais coup après coup, alternant entre poing et pied suite à sa demande explicite. Il fallait entrainer mon corps maigrichon, qu'il disait. L'envie de l'envoyer de se voir était puissante, lui et ses fringues étriquées qui le rendaient profondément ridicule, mais je tâchais de conserver ces maigres compensations d'insulte pour moi, me contentant de bougonner à chaque intervention de sa part.

La plupart du temps, il esquivait aisément mes coups, et se payait une petite tranche de fou rire en balayant ma jambe d'appui, et me faisant choir à terre comme une loque. A chaque fois que cette sonorité désagréable parvenait à mes oreilles, il me semblait presque que mon estomac se nouait sous l'effet de la fureur. Les cheveux battant dans le vent tourbillonnant, je me redressai, prête à exploser au moindre choc, même si mes dents claquantes me faisait perdre instantanément toute crédibilité. J'avais froid, tellement froid, je ne sentais même plus mon corps. Alors pour porter mes coups, inutile de vous dire que cela était passablement délicat, et les coups que cet idiot m'acheminait pour son bon plaisir étaient profondément douloureux. Serrant les dents, et jumelant mes efforts autant physiques que psychiques, j'élançai mes poings inlassablement dans la même direction, avec la hâte prenante d'en finir une bonne fois pour toute. Je m'entrainais régulièrement dans des conditions fort peu enviables, mais là tous mes records s'en trouvaient transcendés. Connard. J'eus la sensation d'attendre un morceau de chair à moment donné, mais ce n'était qu'un simple leurre destiné à me faire culpabiliser sur ma médiocrité frappante. Mais à cette période là, j'avais encore la gniac, une détermination que rien n'aurait jamais pu ébranler. D'autant plus qu'avec mon ancien sensei, j'en avais vu de toute les couleurs. Mais lui, il ne l'avait pas connu, et il faisait le fier. Mais à mes yeux, ce n'était qu'un sombre crétin tout sec à coté de la montagne de muscle qui m'avait initiée aux rudiments ninjas lors de mon enfance.

Tripotant mes affaires tout en me redressant, je fis une grimace en pensant au mal que j'allais avoir à décrasser tout ça une fois l'entrainement achevé. Heureusement, la boue était bien moins présente que si cela s'était passé un jour de pluie, mais tout de même. Mais suite à quelques secondes de réflexion, je me demandais si au fond cet entrainement allait enfin pouvoir s'achever un jour. Toussant, crachant avec autant de glamour qu'un éléphant trébuchant, je me remis en marche, convaincue que ce coup là était le dernier. Et je n'avais pas tord, étant donné que j'avais pigé les rudiments de sa technique, et avait fait semblant de frapper en un point pour finalement me retrouver à l'endroit exact où il se trouvait quelques microsecondes après. Il fallait voir sa tête, les fesses dans la neige, à me fixer d'un air incrédule. J'étais fière de moi, et je le montrais. Je crois bien qu'il avait cru que jamais je ne parviendrais à l'avoir, et qu'il n'aurait pas à s'embêter beaucoup plus longtemps pour m'apprendre comment faire. Il se mit à sillonner les lieux en râlant, et je finis rapidement par le convaincre de m'enseigner. Je savais que j'allais en baver, mais c'était le jeu.

Technique de rang C en apprentissage :

La Danse du Bois Sombre - Kuro hayashi no Maï
À faible niveau, l’une des danses les plus rapides et les plus fluides, la Kuro Hayashi no maï permet de s’échapper de situations dangereuses. Lors de la danse l’utilisateur atteint une vitesse telle qu’il est impossible de suivre et de comprendre les mouvements, et souvent il est très difficile de le toucher car il laisse derrière lui une sorte “d’image rémanente“.
Coût : 60PC
Effet : Attaque au corps à corps esquivée (le danseur doit toucher le sol)

Défi dictionnaire niveau 1.

Au fond, j'avais dans un premier temps jugé la première étape de mon entrainement comme étant inutile. Mais en fait, à force d'essayer d'atteindre l'autre abruti, j'étais parvenue à imprimer ses moindres mouvements, quelque soit la direction empruntée. Il fallait dire que j'avais frappé de nombreuses fois dans le vide avant de parvenir à l'atteindre, et à en croire le regard furibond qu'il me lança par derrière ses yeux chassieux, il était persuadé que la "petite sous-merde" que j'étais comme il se plaisait à me le répéter n'allait pas réussir à porter la main sur lui. Manque de chance, il n'était pas tombé face à la bonne personne. Enfin ça, c'était avant de commencer la phase deux, là que j'étais toujours persuadée d'avoir entièrement compris le sens de la technique, et qu'une théorie assimilée à ce point égalait largement la pratique. J'avais tord, et mon petit air narquois bourré de confiance s'effaça à l'instant même où son poing alla dire bonjour à mon nez. Je me ramassai sur moi-même, vociférant des jurons au-travers de mes dents serrés, la main droite plaquée sur mon visage. Enfoiré ! Le sentant s'approcher rapidement pour m'offrir un joyeux coup de pied dans les côtes, je roulais sur le coté et lui répondit d'une rapide balayette qui le fit choir avant de me redresser, et de m'assurer rapidement que je ne saignais pas.

Inspirant profondément, je regardai mon adversaire épousseter la neige s'étant incrustée dans sa tenue. Je grelottais malgré tout l'exercice fait jusque là, et surtout je crevais d'envie de lui arracher ses misérables fringues pour lui faire gouter à la souffrance que je ressentais. La douleur causée par le moindre de ses coups était décuplée à cause de mon état proche de l'hypothermie, et je voyais au fond de ses yeux qu'il prenait un malin plaisir à ça. Par tous les diables, qu'est ce que je lui avais fait pour mériter ça ? D'accord, je l'avais asticoté pour qu'il m'apprenne, mais c'était son devoir ! Et il ne me laissa pas réfléchir plus longtemps que cela, fonçant de nouveau vers mon visage pour y abattre un coup de pied circulaire cette fois-ci. Je l'esquivai d'une manière classique, n'ayant pas d'autres opportunités, le coup étant arrivé bien trop rapidement pour mon niveau actuel. Sans ne me laisser le temps de reprendre mon souffle, il me saisit à la gorge et me souleva à bout de bras, l'air menaçant. Sa voix grondante s'éleva d'entre ses lèvres, me jurant que la prochaine fois que je n'esquivai pas selon ses instructions, il me laisserait pourrir dans la neige. Une autre voix s'éleva dans mon dos, lointaine, de femme, lui ordonnant de me lâcher et de se calmer. Chose qu'il fit, et l'entrainement put reprendre.

Au bout de quelques coups reçus et ecchymoses fleurissant sur mon corps, je parvenais enfin à maitriser en gros la technique recherchée. Je laissais une partie de mon "fantôme" derrière moi, mais il me voyait toujours esquiver classiquement. Curieusement, depuis que la femme était intervenue, il était devenu beaucoup moins sec avec ma personne. Certes, je voyais au fond de ses iris qu'il n'avait qu'envie de m'en faire baver, que ses épaules étaient aussi raides qu'un poteau, mais il était beaucoup plus cool. Enfin, dans le sens où il s'en tenait à son job et ne tentait pas de m’estropier à chaque erreur. Et enfin, j'y parvins tandis qu'il lançait son poing dans mon estomac. Il traversa du vent, et je pus constater à ses yeux écarquillés que j'étais parvenue à mes fins. J'étais reparue un ou deux mètres derrière, hors de sa portée, et il avait cru dans un premier temps qu'il m'avait atteinte en plein cœur. Seulement cru, car la sensation ne s'était guère présentée comme prévu. Je réitérais l'expérience deux ou trois fois, et il jugea que j'avais acquis les bases, et que je n'avais plus qu'à m'entrainer de mon coté, qu'il ne pouvait plus rien pour moi. D'accord, il voulait se débarrasser de moi, et je savais que s'il n'était pas surveillé actuellement, cela ferait belle lurette qu'il m'aurait congédiée. Et ce n'était pas trop tôt, j'avais la vague sensation de m'être métamorphosée en un petit glaçon en rentrant chez moi, néanmoins contente d'avoir réussi mon entrainement, mais également de lui avoir tirer la langue en guise de remerciement avant de m'enfuir en courant avant qu'il ne m'attrape, le visage devenu aussi rouge qu'une pivoine.

Technique de rang C apprise :

La Danse du Bois Sombre - Kuro hayashi no Maï
À faible niveau, l’une des danses les plus rapides et les plus fluides, la Kuro Hayashi no maï permet de s’échapper de situations dangereuses. Lors de la danse l’utilisateur atteint une vitesse telle qu’il est impossible de suivre et de comprendre les mouvements, et souvent il est très difficile de le toucher car il laisse derrière lui une sorte “d’image rémanente“.
Coût : 60PC
Effet : Attaque au corps à corps esquivée (le danseur doit toucher le sol)