Bad Time [PV Juugo]

A Cold Encounter

Depuis qu'il avait monté en grade, Tsuki s'était vu attribué plus de responsabilité, tant au sein du clan que du village. Ce n'était pas pour lui déplaire, vu ce qu'il cherchait à prouver. Mais parfois, toutes les choses dont il devait s'occuper ne tombait pas au moment le plus opportun. C'était souvent dans de tels moments qu'il pensait qu'il avait bien fait de renier l'honneur qu'il avait. Tout ce travail, tout ce stress, toutes choses à penser, tout ceci ressemblait plus à un casse-tête chinois. S'occuper de sa santé était déjà un challenge qu'il relevait difficilement, alors s'occuper de la santé d'autrui devenait un défi bien au-delà de ses capacités pour l'instant. Donc c'était d'une humeur aussi maussade que celle du ciel que notre loupiot quitta l'enceinte de son village natal. Le menu du jour s'annonçait passionnant, bien que le seul fait qu'il n'avait pas à rester dans les pattes de sa soeur pendant un moment rendrait toute activité passionnante à ses yeux. Un sac noir sur le dos, des lunettes pour éviter que la pluie ne gène sa vision et une grande cape à capuche noir pour le protéger des intempéries et le shinobi des nuages pouvait prétendre à plus de classe qu'un dieu de la mort. Les gardes devant la grande muraille du village lui firent un signe de la tête, montrant toute la compatissante dont ils pouvaient faire preuve. Après tout, ils étaient dans le même bateau: sous une pluie battante, le devoir les obligeant à tenir bon.

Pas vraiment motivé par le temps qu'il faisait, le Hari avait préféré pressé le pas dès que les fortifications de son village n'étaient plus visible. La logique voulait que la durée de son séjour soit proportionnelle à l'allure de ses foulées et à l'ingénuité qu'il mettrait dans son enquête. Des facteurs qui le contraignaient à être efficace. Il priait pour que mère Nature se montre plus clémente les jours qui viennent car sa tâche n'en serait que plus dure si ses outils de travail venaient à disparaître avec la flotte. Mais comme disait si bien le dicton, quand une journée avait mal commencé, il y avait très peu de chance pour qu'elle s'arrange. En effet, la carte sur laquelle était inscrite son itinéraire avait pris l'eau. A bien y réfléchir, ce n'était pas un problème en soi, pour un pisteur comme Aoi, une carte était même un détail. Or le ciel couvert ne lui permettait de voir aucune étoile et au vu de ses propres capacités, il n'avait jamais trouvé utile d'apprendre à lire une boussole. Qui aurait cru que le sort s'acharnerait tant contre lui un jour. N'avait-il pas déjà les foudres de toutes les divinités le jour où il avait refusé de combattre pour le titre d'alpha? Rien n'était mois certain.

De biens grandes explications pour en venir à une bien simple conclusion: le chuunin des nuages avançait plus ou moins à l'aveuglette. Il savait, pour le moment, qu'il devait suivre le noir jusqu'à une la falaise rocheuse qui lui indiquait l'entrée dans les terres de Yuuki. De là, il déciderait ce qu'il devra faire ensuite. C'était le plan qu'il avait concocté sur le vif et jusques là, il fonctionnait bien. Mais c'était toujours sans compter le temps horrible qui menaçait. Du grêle, de la neige et un vent glacial commençait à souffler. Et la falaise était à peine visible avec la purée de pois qui l'embrouillait. Le brouillard était si dense qu'on eut dit qu'il avait par mégarde atérit en plein territoire kirisien. Ce qui était peut-être possible vu les circonstances. D'aussi loin qu'il pu voir, le louveteau réussit à trouver un abri le temps que le climat s'améliore. Entrant dans une grotte, il s'effondra sur l'une des paroi, histoire de reprendre une rythme cardiaque plus stable. Après un moment de repos, il partit à la recherche de brindille pour un petit feu. Ce dernier ne servirait qu'à le réchauffer un moment, vu que l'animal n'était pas vraiment affamé.

Une fois les flammes de son feu léchant ses doigts, le jeune shinobi regarda le temps maussade qui faisait des siennes. Il grommelait en son fort intérieur qu'il aurait du attendre un temps plus favorable pour cette sortie, mais Mata ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Soupirant une nouvelle fois, le loupiot attendait.

- Pourvu que cela ne dure pas. Je déteste rester immobile...

A Cold Encounter

Le temps ne s’améliorait pas, la tempête battait toujours son plein. Le vent chantait une mélodie mélancolique, comme si la nature se plaignait de son sort. Sa cape trempée par la neige fondue reposait maintenant près du feu crépitant. Tsuki, lui, était assis, mordillant ses ongles tout en contemplant le spectacle à la fois ahurissant et déprimant qui se jouait devant ses yeux. Le froid ne l’atteignait pas, malgré les vêtements qu’il portait. Les caprices de la nature n’affectaient guère ceux de son clan, un avantage qu’il appréciait en ce moment. Cela faisait longtemps, de plus, que le louveteau ne s’était pas adonné à cette activité qu’il affectionnait tout particulièrement. Affuter ses sens en se cloitrant dans une nature déchaînée était un passe-temps qu’il avait abandonné depuis sa dispute avec ses parents. Coincé, l’ennui lui tiraillant les entrailles, l’adolescent ne pouvait autrement observer, écouter, goûter, sentir et ressentir. Peut-être que le temps filerait plus vite ainsi, pensait-il. Rien n’était moins sûr, mais l’espoir faisait vivre des nations, n’est-ce pas,

Les oreilles à l’affut, Aoi examina la mélopée tumultueuse du vent en furie. Un chant aux notes graves qui lui inspirait la tristesse des moments forts de sa vie et le désarroi qui s‘emparait de lui au fur et à mesure que les minutes courraient. Autrefois, des larmes auraient perlé au creux de ses pupilles bicolores tandis que son lui enfant se serait blotti dans un coin pour cacher la tragédie qu’il pleurait. Sa langue goûtait l’amertume de ce moment qui était souvent assaisonné d’un épicé sentiment de rage. Un mélange désagréable qui irritait ses papilles. Le sel de ses larmes lui grattait encore la gorge, alors qu’il n’arrivait toujours pas à digérer les paroles qui lui avaient été lancées. Aujourd’hui cette saveur l’indifférait, à l’instar des mots qui jadis lui nouait l’estomac. Les bienfaits de l’adaptation. Ses narines humait la puanteur du désespoir, celui qui l’avait enfermé des jours durant, dans une pièce sombre afin de noyer sa douleur dans les ténèbres et les sceller à jamais dans son œil couleur encre. Aujourd’hui, ce dernier était le miroir d’une peine silencieuse, le genre qui lacérait l’âme jusqu’à ce qu’il n’en reste que des haillons salis et malmenés par le temps. À cette odeur nauséabonde, se mélangeait la fragrance irritante de la rage, celle même qui avait empoigné son cœur et qui nourrissait l’océan de sang qui coulait dans sa pupille à l’éclat vermeil.

Ses poils s’étaient hérissés, comme ceux d’un loup prit par la fureur, hurlant à la lune la colère qu’il ne pouvait extérioriser autrement. Le froid, celui qui survient lorsqu’on qu’on est rejeté par ce qu’on chérit le plus, lui transperçait la peau, tel un javelot de glace crucifiant les derniers espoirs du louveteau. Voilà ce que lui rappelait cette nature enragée, la mélodie du vent hivernal, cette pluie salvatrice de flocons immaculés. Un passé douloureux qu’il enfouissait chaque jour plus profondément dans son âme. Fatigué par ses réminiscences horriblement déprimantes, le Hari se releva dans l’idée de continuer son chemin malgré le côté impraticable de son parcours quand un bruit de froissement chatouilla ses tympans. Il comprit tout de suite sa provenance. Faisant volte face, fixant à nouveau cette nature torturé, il recherchait le fou qui comptait imiter quelques secondes auparavant. Plissant les yeux et le nez, l’odeur de l’inconnu en approche lui arriva bien avant sa silhouette floue dans la tempête en rage. Que diable pouvait venir chercher quelqu’un dans un endroit aussi pourri par Mère Nature? Pendant un instant, il pensa qu’il s’agissait d’un des voleurs qui avait intercepté la cargaison qu’il devait traquer une fois arrivé à Yuki.

* Ce n’est pas le moment de penser à ça, idiot.*

Râlant en voyant ce qu'il allait faire, Tsuki sortit, dans le but de montrer sa présence. Il ne voulait pas s'avancer davantage dans la tempête et n'était pas vraiment pressé de voir le visage de l'inconnu en approche. De plus, il avait à propos de lui un étrange présentiment. Faisant toujours confiance à son intuition, le loupiot attendit, bras croisés, que la silhouette floue devienne plus nette.