Un nouveau chapitre [Shikai Gaiden]

Un nouveau chapitre : Acte Un

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Un soleil chatoyant berçait une grande vallée de ses rayons étincelants. La lumière du jour venait flirter contre les parois rocheuses de la grande chaîne de montagnes qui encerclait les lieux avec une telle délicatesse qu'il sembla que le ciel s'alliait à la terre par cette douce attention. Par delà les versants inférieurs et la vallée elle-même, des kilomètres de verdure s'étendaient à perte de vue, noyant le regard du moindre passant dans une vision de paradis. La réalité de la vie décida pourtant que peu fussent ceux ayant connaissance de l'endroit. Quelques rares familles de bergers vivaient proches de la rivière qui divisait la vallée en deux sur toute sa longueur. Parmi cette dizaine de familles, vivait une lignée ancienne de Nara, installée dans le village depuis plus de soixante ans. Bergers dans l'âme depuis des générations, ils élevaient leurs bêtes sur les herbes denses d’une forêt éloignée de Konoha, là où les pâturages étaient les plus à même de satisfaire l'appétit des bêtes. Par le passé, les Nara comptaient une vingtaine de membres éparpillés sur toute la vallée mais aujourd'hui, peu d'entre eux étaient restés. Shikabane Nara, son épouse Machi Kessentchu le fruit de leurs entrailles Shikai et finalement le frère aîné de Machi, Manji Kessentchu et son épouse Lin Asano. Tous les cinq habitaient une demeure en bois construite dans les racines de la forêt.

Comme tous les jours, Shikai veillait sur le troupeau, perché sur un rocher à l'orée de la rivière. Ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur son visage finement sculpté et ses épaules. Agé de neuf printemps, Shikai était le dernier garçon de la vallée. Calme, attentif, observateur et doté d'une ingéniosité rare, il était difficile de croire que sa destiné se résumerait à reprendre l'affaire familiale. Non, le destin lui avait réservé une toute autre voie à emprunter. Depuis quelques années déjà, il suivait secrètement un entraînement physique et intellectuel qu'il avait lui-même mis au point pendant prêt de deux ans. Aujourd'hui, ce programme avait porté ses fruits puisqu'il possédait une maîtrise irréprochable de son chakra. S'il ne connaissait aucune technique digne de ce nom, Shikai avait espoir, qu'un jour, il pourrait rejoindre le village de la feu et y développer ce potentiel exceptionnel qui sommeillait en lui. Mais pour l'heure, toute son attention était fixée sur l'écoulement des eaux de la rivière, leur bruissement particulier au contact de la roche. Ses paupières clignaient à peine, ses yeux argentés demeuraient dans une immobilité presque immersive.

Shikai était un de ces garçons sur lequel le mystère pesait comme un poids inébranlable. Ses motivations étaient depuis toujours enfouies au plus profond de lui comme un secret qu'il n'était voué à révéler à quiconque, pas même à sa famille. Il aspirait à une vie meilleure que celle qu'avait à lui offrir la vallée. Depuis toujours, il entendait les voyageurs parler du Pays du Feu et du village caché de Konoha où, disait-on, de grands shinobis ne vivaient que pour les intérêts de ce pays. La vallée étant retirée et neutre par nature, Shikai n'avait jamais eu quoi que ce soit à défendre. Les brigands et les mercenaires ne s'intéressaient nullement à ce qui pouvait s'y trouver. Y vivre symbolisait une vie sans buts à ses yeux, comme aux yeux de bons nombres d'habitants des environs. C'est pourquoi il rêvait depuis toujours de quitter la vallée pour son village caché; pourquoi il souhaitait devenir un shinobi digne de ce nom. Dans l'arbre généalogique de sa famille, on retrouvait quelques traces de grands ninjas dont il avait hérité de sang. Si son père s'était résigné à jamais de voir son fils emprunter cette voie de peur de le perdre à jamais mais Shikai avait déjà entrevu son chakra, comme le vestige d'un début d'entraînement qu'il avait peut-être suivi étant jeune. De ce fait, il avait acquit certaines prédispositions à sa naissance pour le combat aussi bien que pour la maîtrise de son propre chakra. Il voulait être le premier de sa lignée à avoir un véritable nom. Il voulait être le premier à sceller le nom de Nara dans l'Histoire.

" Shikai ! Le repas est servit. Dépêche-toi de rentrer le troupeau dans l'enclos et vient manger. "

La voix mielleuse de Machi atteignit les oreilles de son fils mais celui-ci ne bougea pas d'un seul poil. Il semblait prisonnier d'une réflexion profonde quoi que trop incertaine. Ses songes allaient et venaient dans son esprit; tantôt à propos du futur, tantôt à propos du passé. Shikai se revit sur ce même rocher, cinq ans plus tôt, le nez abaissé sur un vulgaire bout de parchemin crasseux à établir son entraînement. Il se vit ensuite dans un avenir plus ou moins proche devant les portes d'un grand village dont il ne connaissait rien, Konoha très probablement. Ses rêves, ses espoirs, ses craintes, tout se mélangeaient à un rythme soutenu dans son esprit. Les derniers mots de sa mère résonnèrent alors une seconde fois dans sa tête et Shikai se décida finalement à faire ce qu'elle lui avait demandé. Comme convenu, il achemina le troupeau jusque dans l'enclos qui jouxtait leur maison de fortune. Une fois cette tache accomplie, il redescendit sur les berges de la rivière pour s'y laver les mains et le visage puis revint une nouvelle fois sur ses pas. Le seuil de la porte franchit, Shikai put constater que les membres de sa famille se tenaient déjà tous à table devant des bols de riz au poisson fumants à souhait.

Ses sandales retirées, il s'avança lentement sur le plancher de ce qui servait aussi bien de salle à manger que de salon et de cuisine. Gracile et maniéré dans tout ce qu'il venait à faire, Shikai s'installa tranquillement sur sa chaise et s'empara de ses baguettes avant d'entamer son plat avec délicatesse. Le début du repas se déroula dans un silence relativement absolu. Tous semblaient d'avantage absorber par leur dégustation que par une véritable nécessité de discuter de choses et d'autres. Shikai ne faisait exception à cette règle malgré ce maigre sourire aux coins des lèvres qu'il aimait à arborer le plus clair du temps. Du coin de l'œil, il put néanmoins remarquer les nombreux regards que son père et son oncle s'amusaient à s'échanger tandis que sa mère et sa tante gardaient, elles, leur deux yeux fixés sur leur bol comme pour ne pas interférer dans les affaires de leurs époux. Dès que les yeux de son père ou de son oncle se portaient sur lui, Shikai rabaissait rapidement les siens sur son plat de manière à ne jamais les croiser et ainsi laisser prétendre qu'il n'avait rien vu de leur entrevue muette.

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Un nouveau chapitre : Acte Deux

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" Shikai ? " Interpellé par son père, ce dernier posa délicatement ses baguettes sur la table en bois et releva ensuite son regard vers le sien. D'une voix délicate, il acquiesça. " Père ? "

" J'ai à te parler... "

" Nous avons tous à te parler... "

" Voila déjà neuf ans que tu foules la terre de cette vallée. neuf ans que tu nous es fidèle malgré le peu de chose que ce pays a à t'apporter. Tu as beaucoup donné, sans réellement attendre en retour. Tu nous as beaucoup donné et jamais nous ne te l'avons vraiment rendu. Aujourd'hui nous sommes enfin en mesure de répondre à tes attentes... "

" ...je t'ai déjà vu à l'œuvre malgré le secret que tu t'es toujours efforcé de préserver sur tes entraînements et je dois t'avouer que c'était remarquable. Tu détiens une grande force mentale, plus grande que celle qui fut la mienne en des temps reculés. Tu ne peux rester ici plus longtemps. La vallée n'a rien à t'offrir que tu ne possèdes déjà. Ton destin se trouve ailleurs... "

Shikai écouta les répliques successives de son père et de son oncle avec une attention particulière. Si sa surprise était grande à l'énoncé de la découverte de ses entraînements, il n'en montra pourtant rien, gardant cette mine décontractée sur son visage parfaitement neutre de sentiments.

" Manji a raison. Tu possèdes une destiné plus grande que celle de garder des bêtes toute ta vie. Depuis des mois, ta mère et moi avons réfléchit à la question et nous en avons conclut qu'il était grand temps pour toi de voler de tes propres ailes. Le village de Konoha se tient à une trentaine de kilomètres au nord, je suis certain qu'ils ne pourront refuser un shinobi prometteur de ta trempe. Manji ne me contredira pas dans mes propos. N'est-ce pas ? "

En guise de réponse, celui-ci acquiesça d'un hochement de tête avant de dessiner un sourire empli de fierté sur son visage. Pour Shikai, toutes ces paroles sonnaient comme un rêve, une libération, un grand pas vers l'avenir qu'il avait tant souhaité atteindre un jour. Seulement, ce n'était pas là, la seule surprise qu'il aurait à avoir en cette heure si particulière. En effet, quelques brefs instants après les derniers mots de son père, Shikai vit sa mère se lever de table et s'engouffrer derrière la porte de leur chambre pour en revenir avec un paquet ficelé d'un filament doré. Arrivé à ses côtés, elle courba l'échine et déposa le paquet en lieu et place du bol de son fils qu'elle prit entre ses mains avant de retrouver sa place à la gauche de son époux.

" Nous avons tous économisés pour te payer ceci, j'espère du fond de mon cœur que ça te plaira. " Dit-elle en abaissant son regard dans le vide, comme emplie d'une tristesse qu'elle ne souhaitait montrer.

Indécis tout autant que surpris, Shikai défit lentement le filament doré et déplia soigneusement le paquet jusqu'à découvrir totalement ce qu'il dissimulait. Quelle fut sa surprise lorsqu'il découvrit une tenue complète aux teintes doublées de blanc et de noir. Un hakama ample pour une rapidité d'action complète et une élégance incomparable. Un haut de kimono sans manche assortit et une ceinture de Machi blanc avec un swastika blanc d’une moitiè et noir de l’autre. Pour finir, un manteau de voyage beige munie d'un large capuchon. Lentement, Shikai caressa les douces étoffes entre ses doigts fins puis releva son regard vers les quatre acteurs et actrices de cette surprise de taille. Un sourire un peu plus appuyé aux coins des lèvres, il courba sa nuque en fermant ses yeux afin de remercier sa famille comme il se devait.

" Ton oncle va maintenant t'accompagner jusqu'à ta chambre. Il a quelque chose à te dire qui ne regarde que toi. Demain, à l'aube, tu partiras avec ton père, sans te retourner. Sache que nous te garderons toujours une place privilégiée dans notre cœur. Tu fais partie de chacun de nous et j'espère du fond du cœur que nous garderons toujours une place dans le tien. "

Sur ces mots, l’oncle Manji se leva et se dirigea à l'étage en empruntant l'escalier de bois qui y menait. Son paquet en main, Shikai réalisa que c'était peut-être là la dernière fois qu'il reverrait sa famille toute entière. Une pointe de tristesse et de peine se mêla dans son cœur, entraînant comme une compression de ce dernier. Abaissant ses yeux dans le vide et poussant un soupire presque inaudible, il réussit tout de même à murmurer ces seules paroles: " Jamais je ne vous oublierai...non jamais. "

Puis il monta à son tour à l'étage, le pas lourd comme s'il appréhendait en mal le fait de s'éloigner de sa famille. Arrivé en haut de l'escalier, Shikai s'engouffra dans l'ouverture de la porte qui lui faisait face. Derrière ses pas, sa tante referma la porte et lui adressa un sourire des plus radieux. L'invitant à s'installer sur son lit, elle plongea une main dans un pan de sa robe et en sortit deux rouleaux aux bordures noirâtres et marqués d'un sceau de cire rouge.

" Ces rouleaux ont appartenu à mon père. Il était un grand shinobi de Kiri en son temps et son passe temps favoris était sans nul doute possible l'écriture. Alliant sa vie à sa passion, il a scellé quelques unes de ses techniques sur des parchemins afin que ses descendants puissent les apprendre au fil de leur lecture et de pratique. A sa mort il me légua ses parchemins en prévision du jour où je serais digne les maitriser. Comme tu le sais, je n'ai pas d'enfant pour le moment mais je te considère un peu comme le mien. J'aimerais donc que tu prennes ces rouleaux et que tu puisses apprendre les techniques que mon père y avait scellées, et que j’ai développées par après. Elles te serviront, je n'en doute pas un seul instant... Ha ! Et avant que je n'oubli, prend ceci également. C'est une carte de la région et le sentier à emprunter pour rejoindre le Village de la Feuille. Tu en auras besoin demain. A présent, repose-toi car tu auras une longue route avec ton père à faire pour atteindre ton objectif. Bon courage Shikai…devient un grand homme, quelqu'un dont on pourra entendre parler jusqu'ici dans la vallée par ses exploits et ses actions. "

Sans ajouter le moindre mot de plus, Manji s'inclina respectueusement devant son neveu puis prit congé à son tour. Désormais seul dans sa chambre, Shikai resta une bonne demi-heure durant à fixer les deux rouleaux qu'il tenait entre ses mains. Le temps lui parût étonnamment long comme si sa vie venait de ralentir pour qu'il savoure ce qui était entrain de lui arriver. Enfin il allait pouvoir prendre son envol. Enfin il allait pouvoir juger de la qualité de son entraînement. Et surtout, il allait enfin pouvoir rejoindre les rangs de Konoha à force de travail et de persévérance. Plus déterminé que jamais et un temps soit peu anxieux, Shikai ne dormit que quelques heures cette nuit là. Au petit matin, il enfila sa tenue après avoir enlacé ses bras et son torse de fines bandelettes de lin blanc. Fraîchement habillé, il descendit dans la salle à manger et découvrit un sac de voyage vert, à l'intérieur duquel il trouva assez de vivres pour le voyage et des poches vides où ranger ses rouleaux et sa carte. En un tel instant, Shikai aurait souhaité enlacer chacun des membres de sa famille mais il se rappela les paroles de son père la veille. Il devait partir sans se retourner, peut-être parce qu'aucun d'eux ne voulaient avoir à pleurer devant lui. Aussi partit-il aux aurores en direction du nord sans jamais se retourner pour observer une dernière fois ni sa maison ni même la vallée qui l'avait vu grandir.

Toute la journée, ils alternèrent entre course rapide et marche légère jusqu'à atteindre les frontières du Village de la Feuille. De toute sa vie, Shikai n'avait jamais vu si grande agglomération aussi resta-t-il émerveillé par cette vue totalement déconcertante à ses yeux. Le pas léger, il se dirigea vers les portes d'entrée de Konoha en ôtant son capuchon. Son visage révélé, il s'arrêta devant ce qui semblait être un garde au visage carré et aux cheveux noirs hérissés.

" Halte-là étrangers ! Décliner votre identité et ce pourquoi vous vous présentez aux portes de Konoha. "

" Je me nomme Bane, et suis résidant à la la Vallée Verte, et j’amène mon fils ici dans le but le lui faire suivre la voie du shinobi. Si vous me le permettez, j’aimerais que vous l’emmeniez à l’académie. Je dois sur ce temps, aller m’entretenir avec un membre de ce village. "

" Hum je vois...Faite à votre aise. Quant à toi jeune homme, suis-moi je vais te conduire jusqu'à l'académie, tu y rencontreras le responsable des inscriptions qui jugera de lui-même si tu peux, ou non, intégrer les rangs de shinobis de Konoha. "

Acquiesçant à ces paroles, Shikai suivit le Chuunin à l'intérieur des murs d'enceinte du village jusqu'à l'Académie où ils furent reçut par un vieillard à la barbe broussailleuse et au regard cristallin.

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Un nouveau chapitre : Acte Trois

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Le ciel dégagé de tout nuage semblait rendre les arbres joyeux et agréable à voir. Les fines herbes frémissait au murmure du vent, le chant omniprésent des oiseaux semblait fugace tant l’on aimait s’attarder à savourer leur complainte. D’un air satisfait, certains animaux semblaient déguster avec bonheur leur fugace repas, tandis que les cervidés semblaient se délecter des hectares de terre jachère. Dans ce cadre idyllique, un homme apparut sous le regard vide des bestiaux qui l’entouraient. Mais un animal ne sembla se désintéresser. Un beau et grand cerf élancé, il s’appuyait sur de puissantes jambes, et ses bois semblaient pouvoir triompher de n’importe quel adversaire. C’est à pas souple et feutré qu’il s’approcha du nouvel arrivant. Baissant la tête, il tapa du sabot, comme pour montrer son autorité, mais contre toute attente, il ne le chargea pas. Il s’incMachia plutôt, faisant la révérence. C’est alors que l’homme se décida d’avancer, posant la main sur la tête de l’animal, semblait lui rendre le bonjour. Une énergie chaleureuse et amicale se dégagea entre eux. L’homme commença alors à caresser la bête et lui parla avec douceur, nul doute, il se connaissait et semblait s’être retrouvé après des années de séparation fortuite. Mais leur rencontre ne fut que de courte durée, bien qu’elle semblait signifier beaucoup de chose.

L’homme continua donc sa route, le cerf à ses cotés. Il s’avança vers ce qui semblait être une demeure, qui s’élevait dans les airs de part ses quelques étages. Un fois à l’orée du bois, il s’avança seul, laissant derrière lui certains souvenirs, et en ressassant de nouveau. C’est d’un pas lourd qu’il fini par entrer en rabattant sur la droite le volet coulissant. Une atmosphère spéciale vint lui enivrer les sens et l’esprit. Une bouffée d’air qui le ramena bien des années au par avant, tant de souvenir qui ravivait sa nostalgie, si omniscient dans son cœur. L’endroit était calme, ce qui lui semblait ne pas avoir changé. Il passa bien vite le seuil de la porte et laissa ses chaussures à l’entrée. L’épaisseur de ses chaussettes réduisait à néant le bruit qu’aurait d’habitude fais ses pieds nu, au contact du parquet en bois stratifié. Une seule chose vint perturber cette ambiance de deuil remplissait cette salle, la chute de l’eau, sortant du robinet et s’affalant sur une pile d’assiette.

Enfin un signe de vie, mais qui en était à l’origine ? Un petit signe d’appréhension se façonna sur son visage tant enroué de coup, et c’est avec prudence qu’il entra dans la cuisine. Les deux personnes se regardèrent, mais ne s’échangèrent aucun mot. L’homme continua d’avancer, tandis que l’hôte par défaut, resta figé, ne se rendant pas compte que l’évier commençait sérieusement à se remplir. Ses yeux semblaient extatique, comme si elle venait de voir un revenant, et pour cause. Cela faisait neuf ans que Shikabane n’avait plus donné signe de vie, ainsi que sa sœur. Neuf ans, que Shikabane avait décidé de s’émanciper du village pour cause d’avoir ramené une femme, des rives du pays l’eau. Une kunoichi, déserteuse de sa nation, de son village, renonçant à sa famille, ses racines, son pays pour suivre l’homme qu’elle aimait, mais surtout pour protéger l’enfant qui avait grandi en elle. Elle qui redoutait tant que son fils soit plongé dans l’enfer du Village de la Brume Sanglante. Se sachant en tort de s’être épris de cette femme, lui aussi renonça à ce qu’il avait de plus chère, de peur d’être disgracié par ses paires et d’être la honte qui signerait le déclini de son clan. Trop de chose à endurer pour ce couple qui avait déjà tant joué avec le hasard et n’en avait pas gardé de véritables jolis souvenirs.

" Bon...Bonjour Yoshino, j'...aurais besoin de m’entretenir avec Shikabane. J’aurai d’autre chose à vous dire tous ensemble. Mais dans l’heure, j’aimerais voir mon cousin s’il te plait. "

Une main claqua le visage rugueux du bretteur. Les yeux de Shikabane semblèrent accepter ce geste. " Tu es culoté quand même. Tu ne nous donnes plus signe de vie, et tu reviens ici comme si de rien n’était " dit elle sous les pleures des joies dissimulés par une colère sans bornes.

" Yoshino, je t’en supplie, laisse moi parler à Shikaku. Tu ne sais pas à quel point je regrette mes actions d'antant, et surtout le fait de m'être fait porté pour mort, mais je vous expliquerai les raisons de mon départ, mais pour l'heure, dit moi où il est, s'il te plait Yoshino. "

" Ca ne sera pas la peine, je suis de retour. Et toi aussi à ce que je vois. Viens, suit moi."

Shikaku indiqua alors la marche à suivre. Il précéda donc son cousin, et fit un léger signe de main, à l’égard de sa femme, signalant de ne pas s’inquiéter, et surtout, de ne pas les déranger. Les deux hommes sortirent donc, et s’assirent dans le jardin où y était aménagée une table de jeu de go. Chacun s’assit l’un en face de l’autre, et entamèrent une partie sans même s’adresser la parole.

" Je vois que tu n’as pas perdu la main. "

" Au plus loin que remonte mes souvenirs, tu as toujours été plus doué que moi à ce jeu. A défaut de te battre au shogi, tu me rendais souvent l’appareil au go. Se jeu te symbolisait réellement, toujours à voir blanc ou noir, mais rarement entre les deux. Tout semblait paraitre désuet et simpliste avec toi. Tu n’as jamais réussi à faire la part de chose.
T’es tu enfin décidé de revenir au village ? D’amener mon filleul, inconnu de tous, au sein de sa famille ? "

" Oui, à ce propos, je tenais à te remercier de n’avoir rien dit à personne. Même pas à ta femme "

" Je t’avais fait une promesse. Et tu sais que je tiens mes engagements "

" Et je te respecte pour ça. Tu sais, j’ai beaucoup pensé à vous, à père, grand-ma, la réserve, tout ce qui me retenait au village. Je n’ai pas arrêté d’y penser. Mais chaque fois, je me remémorais tous ce que j’ai traversés, toutes les personnes que j’ai tués, tous ces membres que j’ai arrachés à leur famille. Dès que j’ai vu ses yeux, j’ai eu peur de le voir mourir avant moi, lors d’une mission. J’ai eu peur d’être ce père qui embrasse la tombe de son défunt fils. "

" Et qu’est ce qui t’as fait changer d’avis comme ça ? "

" Cela fait à peu près deux ans que mon fils s’entraine seul avec des bokens que je lui avais confectionné. Pour son âge, il arrive à bien maitriser son chakra et finalement je me suis dit qu’il serait bien mieux ici à suivre la voie de tous ceux de sa famille, que de rester un pauvre berger. Il a un potentiel et je crois en ses capacités et en sa réussite en tant que ninja. Ma peur c’est dissipé et je ne peux me résoudre à ne pas voir mon fils devenir un shinobi. "

" Donc, tu aimerais revenir ici, dans le cocon familial ? "

" Oui… "

" Et qu’en adviendra-t-il de Manji et sa femme ? Ils ont été là dans les moments difficiles. On risqué leur vie en désertant également Kiri pour vous rejoindre. Tu ne peux les laisser aux frontières du village. Nous avons encore de place ici même si Yoshino dira le contraire "

Shikabane ne sembla pas encore réaliser ce que son cousin venait de lui proposer. Jamais il n’aurai imaginé ce dernier, comme quelqu’un de compatissant et de généreux. Accepter d’héberger sous son toit, une personne portée disparue, sa femme déserteur de Kiri, et d’autre encore.

" Bien, retourne auprès de ta femme et de ton enfant. Je t’attendrai donc dans deux jours ici, et t’arrangerai une audience avec le Sandaime. "

" Le Sandaime ? Qu’en est il advenu du Yondaime ? "

" Je te raconterai ça dès ton retour, c’est une longue histoire et nous avons beaucoup de temps à r'attraper...! "

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