Combleras-tu ce vide Togaku Maï ?

La nuit était plutôt chaude. Emi n’avait guère la possibilité de dormir dans l’habitation que lui avait offerte le village de la feuille. Elle devait bien s’avouer que cela ne lui ressemblait pas d’avoir laissé sa chambre aussi vide de tout sentiment, comme si la Belle n’avait pas l’intention d’y laisser une quelconque trace de son passage. C’était comme si cette chambre ne l’abriterait que peu, si peu de temps que cela ne valait même pas la peine de s’installer. Cette pièce nue ne lui offrait pas la quiétude qui lui était nécessaire pour dormir.

Se rhabillant de cette même robe qui avait été nettoyée et réparée par Mifune ou par une personne du domaine dans lequel elle avait logé tout un temps. Mais maintenant, pouvait-elle encore prétendre avoir une relation amicale, après tout, il était passé d’ancien anbu à Hokage et elle n’avait pas encore eu le temps de le revoir depuis son entrée en fonction. Etrangement, cela la perturbait quelque peu que cet homme ne se soit plus soucié d’elle-même, malgré la situation catastrophique du village. Elle lui en voulait quelque peu d’avoir donné priorité à son village plutôt qu’à elle-même. Emi n’avait pas l’habitude que l’on ne la rendre qu’en deuxième ou troisième zone. Elle devait être le centre d’intérêt de toute personne, n’était-ce donc pas pour cela qu’elle était spécialiste en illusion ? Il fallait accrocher l’attention de la cible suffisamment longtemps que pour se permettre de le plonger dans un Genjutsu. Et puis son corps n’était là aussi que pour attirer le regard des hommes ou même des femmes.

Elle se devait d’être vue, et pour l’instant, le village lui semblait morne, il est vrai que plusieurs travailleurs avaient déjà tournés le visage vers elle, mais ils étaient tous trop occupés. Elle se sentait étrangement seule, ne s’étant approchée d’aucune personne vraiment intimement, cela lui importait bien peu que cela soit sexuel ou amical. La Juunin était seule.

Elle n’aimait pas ce village, tout simplement parce qu’on l’avait contrainte à se diriger sur Konoha, pour sauver la face d’un membre de son clan. Elle savait que son objectif était noble, ses intentions étaient bonnes et elle n’aurait jamais refusé même si on lui avait laissé le choix. Mais elle ne pouvait tout de même que se plaindre de cette mauvaise fortune. Emi avait une vie plaisante au Pays de l’Herbe, et ici, elle ne connaissait que deux personnes, l’une qu’elle ne pouvait fréquenter dans l’immédiat et la deuxième trop occupée que pour s’intéresser à la personne qu’il a secourue il y a de cela plusieurs semaines.

Sortant de cette chambre, elle se dirigeait vers les Onsens, bien qu’ils ne soient pas ouverts, elle s’en moquait, sautant au-dessus des rambardes en bois, elle savait qu’elle ne pourrait sans doute pas rentrer dans les bâtiments. Cela n’avait après tout aucune importance, elle pouvait se déshabiller sur place, personne ne viendrait l’espionner en pleine nuit dans les sources chaudes après tout. Se dévêtant assez rapidement, elle ne trouva nulle serviette pour se recouvrir le corps et elle se décida à entrer dans l’eau en l’état.

Le contact était chaud, plaisant, au fur et à mesure qu’elle faisait entrer son corps dans l’eau, c’était comme si la chaleur dégelait la glace de ses soucis sentimentaux. Elle se sentait bien mieux en cette eau réparatrice autant pour le corps que pour l’esprit.

Belle soirée... Le ciel avait revêtu son manteau royal bleu nuit, rehaussé avec magnificence par un filet d'étoiles aussi brillantes que des diamants. La lune trônait au milieu de ces dernières dans une position majestueuse, conférant à la nuit une sorte de magie presque palpable. Maï en sentait presque le pouvoir dans son dos, malgré les lampions qui éclairaient encore la rue en cette heure tardive. Elle revenait de chez Ichiraku avec des plats à emporter pour elle-même et sa famille. Ce soir, c'était le soir de la semaine où la famille Togaku commandait à dîner chez le préparateur des meilleures nouilles de Konoha.

Transportant les plats dans un sac plastique qu'elle tenait à une main, Maï traversait le village en ne faisant attention à personne, sa pensée évadée vers d'autres horizons. Elle aimerait bien faire une mission qui la pousserait à sortir du village pour une fois. L'habitude des missions internes commençait à devenir lassante et la jeune kunoichi avait besoin d'autre chose. Son envie de se prouver sa force en combat était également l'un de ses points sensibles. Elle aimerait bien se friter avec quelqu'un, même dans un combat d'entraînement, chose qu'elle demandera sûrement à un ninja le lendemain.

Mais en attendant que le soleil revienne pointer le bout de son nez dans quelques heures, il lui fallait avant tout arriver chez elle pour contenter les estomacs de sa famille. Les plats ne pesaient pas plus lourds qu'à l'habitude et la jeune femme pressa légèrement le pas. En passant à côté des Onsens, le son caractéristique du clapotis de l'eau lui vint immédiatement aux oreilles tellement le silence s'était fait pesant dans cette rue. La jeune femme s'arrêta à ce son et tourna son regard vers les bains publics, fermés à cette heure-là... Qui avait eu l'audace d'y entrer quand même ?

Se rapprochant des rambardes en bois, Maï vit des vêtements posés à terre, des vêtements féminins apparemment. Posant son fardeau à côté, elle sauta par dessus les rambardes et aperçut une femme inconnue en train de se baigner...

- Vous savez qu'il est interdit de se baigner à cette heure, n'est-ce pas ?

Nulle agressivité dans ses paroles, juste une remarque faite sur le ton d'un sermon léger, plus destiné à rassurer de sa position qu'à faire peur à la personne...

Elle se prélassait, appréciant la différence de chaleur entre sa tête qui ne recevait que les vapeurs et son corps qui était bien au chaud. Prenant la peine de laver son corps, elle aimait cette sensation de chaleur, partout, autour d’elle et sur elle. Certes, ce n’était sans doute pas celle d’un corps chaud, mais qu’importe, Emi se sentait réconfortée par cette chaleur particulière qui faisait bel et bien fondre la tristesse de sa solitude. Etrangement, elle sentait qu’en une nuit pareille, elle ne serait guère seule, son visage tourné vers les étoiles, c’était comme-ci elle se trouvait en communion avec les autres personnes de son clan qui étaient pourtant à bien des kilomètres de Konoha.

Un petit sourire se fit voir sur son visage, en effet, elle venait de percevoir un son non loin d’elle, comme une personne prenant appui sur les rambardes en bois pour venir ici, dans les Onsens. Qu’il soit un homme ou une femme, elle s’en moquait, ne prêtant même pas attention à cette venue, après tout, si la personne était arrivée jusqu’ici, c’était pour une raison en particulier. A moins que la jeune femme ne soit pas la seule à visiter les Sources Chaudes en pleine nuit.

Une voix se fit entendre, de toute évidence féminine pour lui faire part de l’interdiction de fréquenter les sources de nuit. Emi tourna la tête vers son interlocutrice, détaillant celle-ci du regard. Une chevelure ardente, plutôt courte pour une femme, mais fonctionnelle pour une combattante. Deux minerais d’or fondu sur un visage au teint quelque peu bronzé. Emi s’arrêta sur les tatouages, les trouvant particuliers, attirants. Bien qu’en tant normal elle aurait continué son inspection, pour découvrir les atours de cette jeune femme, elle se stoppa sur ses tatouages.

Se levant de l’eau, affichant sa nudité sans gêne, elle ne faisait qu’attirer l’attention, pour mieux faire plonger sa cible…

L’irréel et le réel allait encore se fondre en cet instant, Maï du le ressentir comme un touché délicat dans son esprit. Emi ne voulait en aucun cas voir paniquer la jeune femme, après tout, elle ne comptait en aucun cas lui faire du mal. Dans cette illusion, la jeune femme était déjà contre son interlocutrice, recouverte néanmoins d’un châle transparent, sa main se posant délicatement sur le dragon dans le cou de la Chuunin. Du bout des doigts, elle en fit le contour, avec attention, douceur. Fournissant un frisson de part cette délicatesse, frisson accentué par l’illusion qui pouvait apparaître comme un plaisir langoureux, au fur et à mesure qu’Emi faisait le tour de ce cou. Son autre main venant caresser la joue, non pas dans un élan pervers l’attirant vers la jeune femme, mais une caresse plutôt maternelle, amicale. Bien que ce ne fût sans doute pas le physique de Maï qui pourrait la repousser. La Juunin finit par s’écarter, avec regret tandis que l’illusion disparaissait pour revenir à la réalité.

Le membre du clan Ho était toujours dans l’Onsen, couchée dedans et elle souriait quelque peu à son interlocutrice tout en espérant de ne pas l’avoir choqué ou provoqué une quelconque réticence à son égard. Après tout, Emi ne se jouait pas vraiment des gens, elle ne s’expliquait pas particulièrement pourquoi elle créait toujours des illusions, sans doute pour faire la parité en ce qu’elle était prête à faire dedans et ce qu’elle faisait réellement en dehors.

« Oui je le sais, mais …Pourquoi un dragon ? »

En voyant la jeune femme se lever, Maï eut une vive réaction, démontrant plus sa gène de voir un corps nu qu'autre. Il faut dire que notre sémillante combattante de dix-huit ans a plus passé son temps dans l'art du combat et est très loin de connaître l'intimité d'un corps autre que le sien. Lorsque son interlocutrice se dirigea vers elle, Maï mit les mains en avant comme pour l'empêcher de faire un pas de plus, sentant seulement un très léger changement indéfinissable que causait l'illusion mise en place, même si elle ne pouvait savoir que c'en était une. Rougissante comme une jeune écolière, elle bégaya plus qu'elle ne parla...

- Est... Est-ce que vous... Vous... Devriez pas...

Mais la rouquine ne put aller plus loin... L'on aurait dit de sa parole qu'elle avait soudainement pris la fuite devant la perfection de jeune femme qui s'avançait vers elle. Maï n'était pas du genre à s'arrêter sur les apparences mais là, il fallait dire que l'apparition en face d'elle avait tout... D'une déesse ou d'un ange venu dans les onsens pour profiter d'un plaisir bien humain qu'elle ou il ne peut s'offrir qu'en venant ici. La rousse resta bouche bée en voyant la perfection s'avancer devant elle, comme enveloppée d'un immense voile qui permettait de ne pas en dévoiler plus que nécessaire.

Une opulente chevelure argentée lisse, soyeuse et aussi longue que les cheveux de Maï étaient courts et mal peignés, une peau aux reflets de nacre dont le toucher devait s'apparenter à de la soie pure, des yeux d'une couleur indéfinissable, oscillant entre le bleu et le mauve, la jeune femme avançait vers Maï tranquillement sans que celle-ci eut autre chose à redire. Une fois l'apparition près d'elle, l'on voyait un tableau assez stupéfiant : deux jeunes femmes aux beautés différentes à l'extrême, deux entités parfaitement opposées qui se réunissaient en ce lieu. La sensation était bizarre mais pas complètement étrange en soi. Maï avait l'impression d'avoir son antithèse en face d'elle, tout en la jeune femme était différent de ce que la jeune rouquine était. Même ses gestes lui étaient étrangers, tant empreints de douceur de retenue.

Au moment où son interlocutrice effleura ses tatouages, Maï sursauta légèrement, le contact lui procurant un petit frisson plaisant au fur et à mesure que les ongles en dessinaient les contours. Maï ferma les yeux devant ce contact intime qu'elle n'avait pas cherché, se sentant presque gênée de ressentir un sentiment qu'elle n'était pas sûre de devoir ressentir. Ce contact finissait par lui rappeler celui que sa mère avait envers elle parfois. La Kyoko tendre et aimante envers ses enfants aimait leur manifester de la tendresse parfois : un câlin, une petite caresse sur la tête ou dans le cou, un baiser sur le front, tant de ces petites choses qui peuvent réconforter aussi bien qu'une parole. Maï aimait ce genre d'attentions venant de sa mère et la situation présente n'était pas sans en évoquer une légère sensation approchant.

Puis l'illusion cessa. La chuunin eut l'impression de recouvrer tous ses sens d'un coup lorsqu'elle aperçut de nouveau Emi dans le bain, encore allongée. Légèrement désorientée, Maï regarda à droite et à gauche sans vraiment faire attention où ses yeux se posaient. Puis secouant la tête toujours de droite à gauche, elle cligna des yeux avant de se les frotter comme s'ils étaient embués de sommeil. Il fallait dire qu'elle avait eu une journée assez conséquente et que la fatigue commençait à faire son oeuvre. Puis la jeune femme dans l'onsen répondit à la première phrase que Maï avait lancé à propos du fait que les bains publics étaient interdits d'accès à cette heure avancée de la nuit, et posa en même temps une question complêtement hors-sujet...

- Euh...

La jeune fille eut du mal à se remettre de ses émotions et arrivait très difficilement à remettre de l'ordre dans ses pensées embrouillées. Puis la clarté de la question lui monta enfin au cerveau et elle put mettre des mots sur la réponse qu'Emi attendait, même si le lieu et le moment n'étaient pas vraiment appropriés...

- Le dragon représente la force, la loyauté et la liberté pour moi. Aucune autre chimère ne peut soutenir la comparaison à mes yeux...

Cette réponse était sortie de manière timide, son interlocutrice l'impressionnant vraiment...

Visiblement son interlocutrice était gênée, comme l’avait démontré ses réactions durant l’illusion. Etait-elle donc si gênée ? Aussi peu ouverte à l’intimité physique qu’elle pouvait avoir avec une femme ou un homme ? Emi était quelque peu surprise, après tout, à sa façon, Maï était très belle. Elle avait une petite touche ardente que la Juunin ne possédait pas. Observant depuis l’Onsen la jeune rousse, elle lui souriait, bienveillante. Après tout, elle voulait réellement connaître cette fille étant venue ainsi à elle. Sans doute était-ce un nouveau coup de pouce du destin qui tombait à pic au vue de la situation.

Un éclat pétillant apparut dans ses yeux lorsqu’elle entendit la raison d’un tel tatouage. Cette jeune fille lui semblait si pure, si éloignée de tous les vices qu’elle-même avait accomplis pour la simple bonne marche d’une mission. Maï semblait pleine d’idéaux qui tiraient Emi à se tourner vers elle. En un autre temps et si sans doute elle n’avait pas dix ans de plus que son interlocutrice, elle n’aurait eu aucune gêne à la draguer sans détours, mais ici, elle se voulait juste amicale.

Emi était une femme appréciant les contacts physiques, de tout genre, car elle pouvait au mieux sonder l’âme des gens lors de ces relations, et d’attirer leur attention. Là était son seul objectif, attirer l’attention de toute personne, faire venir les projecteurs jusqu’à elle, car c’était dans la seule lumière qu’elle pouvait réellement ne plus être menacée bien que les Shinobis avaient tendances à rester dans l’ombre.

Que tous les regards convergent sur elle, non pas qu’elle les méritait réellement, mais sans l’attention de ses cibles, comment pouvait-elle réellement les prendre dans une illusion ? C’était la règle la plus importante : s’assurer d’être vue, d’accrocher le regard des autres ou même n’importe quel autre sens. Et surtout, ne pas traîner, ne pas laisser glisser ce regard, le prendre à temps pour profiter de celui-ci à son summum.

Son regard se riva dans celui de la jeune femme, la force mentale de la Juunin se déployant pour atteindre son interlocutrice, douce, là était l’impression qu’elle devait fournir malgré cette puissance de l’esprit qui semblait transcender le naturel pour la Chuunin qui ne semblait guère spécialisée dans les Genjutsu. L’esprit d’Emi était en effet très fort bien qu’elle puisse paraître pour une fille facile pour les uns, elle n’en était pas moins coriace pour les autres, pour ceux qui savaient réellement la voir et dépasser son seul physique.

« Rejoins moi donc, tu n’y perdras rien … »

Sa voix semblait amplifiée, telle une mélodie attachante, s’enroulant autour de la lobe de Maï avant d’intégrer son oreille pour ne plus en sortir, résonnant en son crâne sans douleur. Là était le maître mot du comportement de la manipulatrice : douce. Sa main se tendait vers son interlocutrice qui devait bien se sentir perdue, étant venue dans les Onsens pour la réprimander, elle se voyait attirée dans le jeu d’une inconnue à ses yeux.

Certes, elle était une inconnue et ce pour une grande partie du village, venant de bien plus loin que le pays de la feuille. Autant l’inconnu pouvait paraître menaçant dans sa couche d’obscurité, autant Emi paraissait s’en enrouler comme d’une couverture délicate qui ne faisait qu’accentuer sa magnificence.

« Quel est donc ton nom ? »

Maï était bien bien paumée. Venant à la base pour contraindre la personne qui avait pénétré dans les onsens à partir de là, elle se retrouvait debout, comme une imbécile, ayant l'impression de se trouver entre deux mondes : l'un voulant qu'elle rentre chez elle et oublie tout ce qu'elle venait de vivre, l'autre étant sévèrement intrigué par la présence envoûtante de cette femme. La jeune chunnin n'était pourtant pas spécialement attirée par la gente féminine mais cette femme-là avait quelque chose de spécial, quelque chose que Maï n'arrivait pas à identifier.

L'on ne pouvait pas dire de la rouquine qu'elle était une experte en art de la séduction, c'était même tout à fait le contraire. Ne vivant que pour l'art du ninja, elle ne s'était jamais posé la question de savoir si quelqu'un arriverait à faire battre son coeur. A dire vrai, elle considérait même cette question comme étant de second ordre, n'ayant pas la moindre envie de s'attarder sur un tel sujet. Elle était née pour se battre, point barre.

Enfin, le point barre se faisait moins évident tout d'un coup. Maï se sentait bizarre, son coeur battait la chamade alors que rien ne se passait et ses joues s'étaient colorées d'un rouge soutenu, signe de sa gêne manifeste. Elle ne savait à quoi ces symptômes étaient dû et cela la faisait légèrement paniquer. La jeune femme l'avait invitée à la rejoindre en lui demandant son nom dans la foulée, occasionnant une grimace encore plus gênée de la part de la rouquine.

Maï hésitait... Mais la voix de son interlocutrice s'imprima au fer rouge dans son cerveau déjà émotionnellement malmené. Son envie de la connaître se fit plus fort tant la curiosité la travaillait à cet instant. Maï se dévêtit mais garda tout de même ses sous-vêtements. La jeune femme avait beau être nue, Maï était trop timide voire trop pudique dans son intimité pour la dévoiler devant qui que ce soit. Puis elle rejoignit Emi dans le bain mais se tenait tout de même à distance, encore trop gênée pour pouvoir l'approcher, puis répondit d'une voix timide...

- Je suis Togaku Maï, chunnin de Konoha... Puis-je connaître votre nom moi aussi ?

Cette question tout aussi timide était empreinte également d'une légère teinte d'appréhension. La rouquine n'était pas à l'aise, se trouvant en train de se baigner dans les onsens alors qu'elle était venue juste pour en sortir l'intru...

Se jouant des barrières entre l’illusoire et la réalité, elle tordait les sensations de son interlocutrice pour mieux la manipuler. Elle n’était en aucun cas vile, elle s’arrangeait juste un succès certain. La gêne de la Chuunin surprenait quelque peu Emi, en effet, elle ne semblait en aucun cas avoir vécu pareil attraction, car la Juunin savait pertinemment ce qu’elle pouvait ressentir, après tout, c’était elle-même qui créait ce ressentis de toute pièce par sa façon d’être.

L’hésitation de la rouquine ne sembla guère perdurer, tel était l’objectif d’Emi. Elle n’aimait guère les situations traînantes et elle ne souhaitait donc en aucun cas devoir attendre des heures avant que son interlocutrice ne se décide à la rejoindre. Elle devait bien s’avouer quelque peu impatient, le corps de la jeune Chuunin l’attirant quelque peu. En aucun cas elle n’était attirée uniquement par les hommes, elle appréciait tout autant les femmes. Après tout, elle ne comprenait en nul cas l’importance que pouvait donner des gens à leur virginité. Cela n’intéressait en aucun cas la Juunin qui considérait la luxure que tel un simple plaisir auquel elle pouvait s’adonner tout comme certains pouvaient apprécier peindre ou cuisiner. Ce n’était qu’un loisir, un petit plaisir qu’elle avait la possibilité d’assouvir.

Etait-ce réellement de la perversité de sa part ? Non, elle éprouvait une attraction en effet, la poussant à avoir des rapports physiques forts intimes avec ses protagonistes. Mais en aucun cas son esprit était pourri par les germes de la déchéance d’un esprit malsain sur son désir. Non, elle trouvait cela tout simplement naturel, n’ayant nulle mauvaise pensée. Après tout, elle avait été éduquée à cette fin, à n’accorder que peu d’importance à l’intimité corporelle qu’elle pouvait avoir avec une autre personne, mais à s’accrocher à l’esprit.

Observant la Chuunin se dévêtir, elle ne pu manquer de se mordiller sa lèvre inférieure, quelque peu déçue de la voir garder ses sous-vêtements, mais cela n’avait aucune importance après tout. Tout ce qu’elle voulait, c’était une chaleur corporelle, un simple contact corps contre corps, cela lui manquait, elle voulait ressentir à nouveau ce plaisir contre lequel elle luttait ces derniers temps.

La timidité de la jeune rouquine la fit quelque peu sourire, non pas qu’elle trouvait cela ridicule, mais juste différent, cela était sans doute ce qui attirait particulièrement la Ho. Cette timidité qu’elle considérait presque comme juvénile, elle était encore pleine de sa jeunesse, devant découvrir encore bien des choses. C’était comme si le monde Shinobi n’avait point encore laissé sa marque en la personne de Maï, et cette absence de stigmates plaisait à Emi. Elle avait encore toute sa pureté et la Juunin ne pensait en aucun cas avoir l’envie d’y remédier.

« Togaku Maï …Tu es magnifique. »

La voix d’Emi était langoureuse, le ton hypnotisant. Elle s’approcha doucement de sa compatriote, semblant glisser avec délicatesse. Tout en elle respirait la beauté, ce qui renforçait sans nul doute le compliment qu’elle venait de faire. Une fois suffisamment proche de l’Ardente que pour l’effleure, sa main prit la forme de sa joue, son pouce la caressant avec douceur.

« Je m’appelle Li Emi Ho. »

Sa voix s’était transformée en un simple murmure, venant glisser sur l’oreille de la jeune femme. En cet instant, Emi avait les yeux détournés, observant l’eau, comme songeuse, ce qui semblait quelque peu briser le charme qu’elle avait sur son interlocutrice. Chose qu’elle ne tarda à récupérer en plantant à nouveau son regard dans celui de Maï, ravivant la flamme de cette manipulation, à travers ce regard semblait se faire voir un mental d’une puissance surprenante, une détermination sibylline.

« Aime moi … »

Une phrase discrète, murmurée, particulière, elle ne semblait n’avoir aucun sens en cet instant. Mais elle avait été prononcée par une personne dont le regard était si puissant que l’on ne pouvait douter de leur existence.

De plus en plus perdue, Maï n'avait plus de frontière entre réalité et illusion. Elle ne savait plus du tout quoi faire devant la si belle et si entreprenant Li Emi. Pourtant, elle n'avait jamais réellement su si elle était attirée par l'un ou l'autre sexe, cette question n'ayant pas d'importance au final. Maï avait toujours cru qu'elle suivrait le schéma de sa mère avant que celle-ci n'abandonne son statut de kunoichi. La rouquine trouverait un homme bien, se marierait avec et protègerait Konoha à ses côtés. Mais là, il s'avérait que le schéma était sérieusement mis en danger...

Jamais la fringante rouquine n'avait éprouvé une attirance aussi puissante. Limite elle avait envie de sauter sur la jeune femme et lui ravir un baiser brûlant sous la pression de ce besoin qu'elle n'arrivait pas à identifier. Maï ne savait plus du tout où se mettre et ses joues devinrent deux tomates bien mûres et toutes rondes. Elle pensait ne pas devoir ressentir ce genre de choses et encore moins vouloir les mettre en pratique mais il fallait dire que Li Emi était d'une sensualité communicative. Un léger soupir passa ses lèvres, dont le souffle se transforma en buée sous la vapeur du bain...

Bon sang, elle ne s'était jamais trouvée dans ce genre de situation et ne savait que faire, encore moins lorsque son interlocutrice lui demanda de l'aimer. Maï pensait avoir mal entendu mais l'attitude aguichante et possessive de li Emi ôta tous ses doutes. En temps normal, la rouquine aurait ri et se serait barrée depuis un moment déjà, ce genre de situation n'étant vraiment pas sa tasse de thé. Mais là...

- Euh...

Tout son être était électrisé par l'ambiance survoltée présente dans les onsens. Maï n'osait pas bouger et restait plantée comme un piquet, comme lorsqu'elle avait aperçu Kakashi dans la salle de réunion l'autre jour. Son attitude bravache et courageuse avait cédé la place à une timidité imposante. Elle était bloquée, ne savait vraiment pas quoi faire dans la peur de commettre une erreur irréparable. Trop troublée également pour demander ce qu'il fallait faire. Complêtement ignorante des besoins naturels de son corps qui ne s'étaient pas encore exprimés jusqu'à ce jour. Et donc, la rousse flamboyante, rougeoyant de honte et de timidité mêlées, s'enfonça dans l'eau jusqu'au dessus de sa bouche et cacha son expression sous sa frange en baissant la tête en avant.

Elle avait envie de répondre, envie de toucher Li Emi, envie de céder à ses désirs naissants, envie de tant de choses... Mais elle ne put réellement s'y résoudre par peur de se perdre complêtement, de ne pas pouvoir assumer comme il le fallait. Donc elle ne dit plus rien, l'eau lui empêchant de reprendre la parole, et attendit que Li Emi fasse ou dise quelque chose allant dans un sens comme dans l'autre, les deux solutions (à savoir forcer le destin ou prendre la fuite) lui allant parfaitement...