Une nouvelle voie...

Ce soir là, alors que Shikai rentrait chez lui à dos de sa fidèle monture, il voulut s'arrêter en chemin. En effet, la journée avait été plutôt mauvaise et il n'en pouvait plus. Toute la journée il avait dut supporter les railleries de ses soi-disant camarades, toute la journée il avait dut faire face aux regards qui lui étaient portés. Mais bon, le jeune ninja commençait à en avoir l'habitude et n'y prêtait presque plus attention. Toujours est il que malgré cela, une grande lassitude c'était emparée de son être et il voulait réfléchir un petit peu. Il savait que son père lui faisait confiance et ne s'inquiéterait pas s'il revenait un peu plus tard que d'habitude. C'est pourquoi, il donna de légers coups de talons à sa monture pour qu'elle avance de nouveau et au lieu de suivre le chemin qui le mènerait chez lui, il s'enfonça dans les ténèbres de la forêt.

Tout en avançant, il réfléchissait sans cesse à sa situation; il ne comprenait vraiment pas pourquoi les gens du village s'obstinaient à le rejeter. Il n'y était vraiment pour rien si sa mère avait soi-disant été avec un autre homme alors qu'elle avait un mari. Ce n'était pas de sa faute et il enrageait de cette situation.

" Tin'! On dirait qu'ils n'ont pas encore évolué...leur niveau de tolérance est aussi bas! Cela ne m'étonnerait même pas qu'ils sacrifient jusqu'à même leurs enfants pour être dans « leurs » règles.... "

Il sentait monter en lui une colère profonde, un sentiment qu'il avait longtemps refoulé au plus profond de son être. On s'évertuait à l'appeler « le honteux » mais avaient-ils seulement cherché à savoir s'il le méritait ce maudit surnom? Avaient-ils cherché à mieux le connaître....Non! Puis face à cela, n'en pouvant plus, il fit galoper le cerf sur lequel il était, ne se souciant pas où celle-ci le menait. Il n'avait plus qu'une chose en tête, foncé, foncé toujours droit devant. Au bout d'un moment, le cerf se sentant épuisée alla s'arrêter dans une petite clairière. Il descendit de l'animal et regarda les alentours. Ici tout était pure, sincère et la seule chose que l'on pouvait entendre était le vent souffler une douce mélodie, rien à voir avec ces moqueries et ces multiples bruits du village. Avec pour seule présence la lune. Mais l'heure n'était pas à la rêverie, non loin de là, il fallait qu'il évacue toute cette colère accumulée, toute cette pression qui lui écrasait chaque jour un peu plus ses frêles épaules. C'est pourquoi, il commença à se déchainer sur un malheureux arbre qui trônait dans la clairière, il y mettait toute sa force et sa rage. Il fallait se vider et il n'avait trouvé que ce moyen la. Etre aussi bas que les autres et utiliser la force brute. Il frappa ainsi sur l'écorce pendant un certain temps, utilisant toutes les techniques de combat qu'il avait apprises à l'académie, donnant des fois de nombreux coups de poings ou alors de coups de pieds. Une fois que ses forces l'eurent quitté et les mains ensanglantées par cette soudaine violence, il s'écroula au sol en hurlant toute sa peine. Puis il regarda son travail une fois calmée, le tronc était certes bien amoché mais il n'avait en rien été abattu.

" Regarde toi Shi…Tu reçois les mêmes douleurs que cet arbre, lui qui n'a rien demandé…"

En disant ces mots, il se rapprocha de l'arbre et commença à en caresser l'écorce meurtrie. Puis il s'y adossa avant de regarder la lune. Il fallait qu'il trouve un moyen de canaliser sa rancune ou son corps ne tiendrait pas, ses mains en étaient la preuve même. Puis voulant calmer la douleur en les enfouissant dans la neige, il sentit quelque chose de dur et attrapa l'objet en question avant d'esquisser un faible sourire. Il tenait devant lui ces bokens rafistolées. Il ne savait pas grand chose d'elles hormis le fait qu'elles aient appartenu à des étrangers que sa famille s'était 'empresser d'aider.

* Franchement tous des "gentils cons" * pensa-t-il. Les Nara avaient souvent aidé le village grâce à leur sens de la stratégie et au inovation médicinale, et voilà comment on les remerciait, en les laissant pourrir seuls dans ce trou perdu en plein milieu de la foret familliale * Quel sens du remerciement. *

Après ce long monologue, il leva la dague, lui cachant la lune et une idée lui vint en tête. Au lieu de frapper sur tout ce qui bouge pourquoi ne pas plutôt utiliser son trop plein d'énergie à maîtriser un art de combat? Cette idée n'était pas mauvaise, elle lui éviterait surement même de finir avec des os brisés. C'est sur ces bonnes paroles qu'il se leva un peu plus calme et qu'il alla se placer au milieu de la clairière et qu'il entama quelques mouvements désordonnés. Au début, ses gestes étaient hésitants, il cherchait comment manier en même temps deux armes sans porter plus d'attention à l'une qu'à l'autre. En effet, s'il ne se souciait que d'une, l'autre coté de son corps serait sujette à une possible attaque. Non, il fallait ordonner ses faits, leur donner une cohérence, pour se protéger et en même temps attaquer. Mais pas que, en effet avoir deux lames signifiait aussi pouvoir donner plus de dégâts, faire une faille dans l'armure de son adversaire, le faire faiblir sous des coups certes peu puissants mais assez rapides pour qu'il ne puisse pas répliquer.

C'est dans cette optique qu'il commença à mieux savoir manier les sabres de bois. Il fallait qu'il assimile tous les aspects de celles-ci, qu'ils les connaissent par-cœur dans leurs moindres détails. Seulement après cela, il sera capable de la maîtriser parfaitement et de s'en servir comme le prolongement de ses bras, une partie du corps capable de faire les pires blessures. Ainsi, sous la lune, il entama son entrainement. Quand le sommeil vint à le gagner, il décida de rentrer chez lui, toujours sur le dos de son cerf. Une fois chez lui, quelle ne fut pas sa surprise en voyant sa petit frère endormi dans son propre lit et leur père dormant littéralement sur une chaise à coté. Il se rendit compte de sa propre stupidité et se dit qu'il avait eu tord de penser qu'il ne manquerait à personne s'il avait dut disparaître, il avait sa famille qui l'aimait et qui s'inquiétait pour lui, il devait arrêtait de les faire se tracasser pour lui. C'est sur ces bonnes paroles qu'il alla se glisser dans ses draps en prenant soin de ne pas réveiller Shikaro.

Tous les soirs, il retournait dans sa clairière et le jour, il dormait paisiblement en classe au grand damne de son professeur et de ses camarades. Quand il ne dormait pas, il allait dans la bibliothèque pour rechercher la moindre aide quand à cet art. Ses journées étaient rythmées ainsi et tout le monde s'y habituait tant bien que mal. Cela faisait plusieurs mois qu'il avait commencé l'enseignement de ce type de combat et déjà les résultats se faisaient sentir. Il n'avait plus besoin de tout garder en lui car il pouvait se défouler à loisir dans la l’étendue verte qui s’offrait à lui.

Ce soir-là, il regardait derrière lui tout ce qu'il avait enduré puis il chassa ses pensées de sa tête avant de se concentrer. Il ferma les yeux, ne pensant plus qu'à travers ses armes, ne faisant qu'un avec. Il entama ainsi quelques pas. Il faisait tournoyer ses deux lames qui se plantaient petit à petit dans les cibles disposées par-ci par-là par ses soins dans le terrain qui était devenu son lieu d'entrainement. On aurait dit qu'il dansait une danse macabre, funeste qui sonnerait bientôt le glas de ses adversaires. Il donnait quelques coups de moulins pour fendre l'air en deux. Il avait dut laisser tomber la force brute mais face à cela, il avait gagné en rapidité et en précision. Il n'avait jamais été fort, son gabarit ne lui permettait pas et ne lui permettrait jamais de rivaliser avec ces bourrins et berserkers qui tranchaient les carapaces d’un seul coup. Non lui avait opté pour une stratégie plus subtile mais tout aussi douloureuse. S'il ne pouvait pas donner un grand coup à son adversaire, il le ferait plier face au nombre de ses attaques portées à des endroits clés ne lui laissant de répits que pour sentir sa douleur ou pour plier sous la cadence effrénée. Telle était et serait sa façon de combattre.

Après quelques échanges, il s'arrêta au milieu de son arène imaginaire et en même temps qu'il rangeait ses bokens, les combles autour de lui s'effondraient les une après les autres. On n'avait pas put voir ses attaques mais on voyait largement le résultat. Il sera telle la foudre, rapide et dévastateur. C'est sur ces bonnes paroles qu'il s'effondra ivre de bonheur sur le sol enneigé du pays de la foudre en savourant l'air frais qui rafraichissait son corps encore chaud de l'effort fourni.

" Bien il serait temps que je rentre à la maison avant que ce maman ne pique encore une crise. "

C'était sur ces bonnes paroles qu'il monta son cerf et se dirigea vers sa maison. Il avait enfin fini son apprentissage mais il lui restait encore bien des choses à découvrir, apprendre, des choses qu'il ne pourrait pas trouver seul. Oui, maintenant et il le savait, il lui fallait l'aide d'une personne, d'un sensei pour peaufiner son art mais aussi lui apprendre ce qu'il avait raté en dormant en cours...