Il me faut un verre

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Voilà deux jours qu'Alias marchait. Il avait traversé un pays entier, laissant sa disciple dans sa demeure. Ce qu'il cherchait ? Un peu de tout. De l'aventure, du travail, des informations à vendre, une kunoichi pour l'épauler... Il avait prit une certaine somme d'argent sur lui au cas où une embauche serait possible. Pour effrayer les brigands, il portait un katana dans son dos - même s'il savait à peine l'utiliser, mais l'apparence est importante dans ce monde. Ses voyages l'ont un peu endurcis. Il disposait dorénavant d'un peu plus de muscles, même si c'était encore loin d'être le top. Un bon bucheron le mettrait KO en quelques secondes, sans nul doute. Son mollet était un peu raide, et son gosier a sec.

En fait... je m'arrêterais bien à une taverne.

Il eut un petit sourire gêné. A 21 ans, il n'a encore jamais touché un verre d'alcool. Il était trop pauvre avant. Maintenant, c'est l'occasion ou jamais. Un petit verre, pour voir ce que ca fait... Si ca marche aussi bien, c'est que ca doit être bien agréable par tous les Kunais ! C'est vrai, de l'alcool, on en vend partout. On le ferait pas si c'était mauvais. C'est par ce raisonnement purement logique, mathématique et cohérent s'arrêta devant une enseigne. Elle était crasseuse mais on pouvait y lire...

... Au..."kunai rouillé". Intéressant. Peut-être que j'aurais la chance de croiser des kunoichi.

Après tout, il cherchait encore un bras droit plus capable que l'autre. Oui, sa première recrue n'était pas foncièrement mauvaise. Mais bon... il faut admettre qu'il cherchait de la puissance brute ! Avec ses fonds, un genin était à sa portée. Un village mineur se trouvait dans les environs, il pourrait débusquer sa proie facilement. Alias poussa la porte d'un geste vigoureux. Trop, sans doute, puisqu'elle alla claquer contre le mur et qu'une dizaine de paires d'yeux - et un borgne - se tourna vers lui simultanément, avant de reprendre leurs activités normales. Il arriva au comptoir et demanda un verre au barman avant de se retourner et de contempler un peu le pédigrée de l'endroit. L'endroit était bâti en chêne, avec une cheminé qui réchauffait la salle. Un certain brouhaha noya son ouïe et différentes conversations s'entre-mêlèrent dans sa tête. Deux types jouaient à un lancer de kunai contre une cible - ce qui valait sans doute le nom de l'endroit. La serveuse - une belle blonde avec un air de s'emmerder profondément.

Il eut un petit sourire, et ne s'entendit même pas murmurer.

Parfait...

Spoiler:

Tout virevoltait autour de mon être, à une vitesse telle que je ne parvenais à distinguer les visages alentour. Le verre en trop, probablement. Mais j'étais encore trop faite pour me rendre compte des méfaits immédiat sur mon corps, si bien que je restais lourdement assise sur ma chaise aux cotés du comptoir, les coudes posés sur la table et ma frimousse perdue dans mes mains. Mes doigts massaient lentement mon cuir chevelu, comme pour me faire reprendre connaissance. Certes, j'étais saoule, mais je n'aimais tout de même pas être totalement défaite de mes capacités. J'avais pris directement une bouteille de rhum blanc au bar, même si le prix était exorbitant, mais cela en valait la peine. Au moins, je pouvais me pinter tranquillement la ruche, en sachant que ce n'était pas dans un endroit pareil qu'on allait venir me chercher les embrouilles pour une goulée de trop.

Dans mon état, je n'avais plus vraiment conscience de rien. En réalité, je revenais d'une mission ennuyeuse aux abords de ce pays, si bien que je m'étais arrêtée dans ce village afin de prendre un peu de repos, et de bon temps. Une auberge à coté de ce taudis, même si je n'avais pas réellement pris en compte de la mesure des lieux. A dire vrai, c'était le dernier de mes soucis. Mon sang battait dans mes tempes, et je sentais que je n'allais peut-être pas faire long feu avant de dégobiller tout ce que je venais d'avaler. Je ne comptais plus les culs secs ingurgités à l'aide du shooteur que m'avait gracieusement prêté la serveuse, en refusant poliment ma proposition de s'assoir à ma table pour boire un coup. Dommage... Ma tête se redressa quelque peu, suivant la jeune femme allait et venir de mon simple regard. Puisque je ne pouvais l'avoir, autant nourrir mes pupilles de la vue qui m'était offerte. Puis j'abandonnais ce petit jeu en fixant le liquide transparent de mon verre. La décence ainsi que la raison auraient voulu que je repose le godet, mais mon esprit n'était pas de cet avis. J'avalais l'intégralité du liquide, puis laissai tomber malgré moi le contenant à terre avant de m'effondrer à moitié sur le bois crasseux. Personne ne sembla réagir à mon affaissement soudain, et c'était tant mieux. Lorsque je me retrouvais dans cet état, je devenais rapidement grossière et violente, contrairement à mes agissements courants.

Puis un bruit sourd, une porte qui claquait, et le brouhaha cessant quelques secondes. J'ignorais combien de temps j'étais restée dans ma déchéance, mais je parvins à me hisser sur mes coudes pour fixer la source d'un tel boucan. Trois hommes identiques venaient d'entrer, qui se mêlaient les uns aux autres suivant le mouvement effectué. Mes iris les suivirent tout le long de leur trajet, sans ne jamais parvenir à regarder autre chose. J'étais dans mon monde, et cette nouvelle arrivée accaparait toute mon attention, et certainement pas à cause d'instincts primitifs puisque je préférais la compagnie de la gente féminine. Lorsque l'homme contempla l'intégralité de la pièce, je le pris pour moi. D'un geste brusque, je me levai, et tout se mit à tourner de nouveau, bien plus violemment que quand j'étais assise. Je restai immobile quelques secondes le temps de récupérer mes marques, et m'avançai d'un déhanchement largement exagéré mais pourtant involontaire vers l'individu qui avait osé m'offenser. "Et..... Toi là..." Je chus en avant, me rattrapant de justesse à l'un des tabourets. Ne désirant pas en démordre, je parcourais les trois points d'appuis m'éloignant de lui et pris place à celui lui étant adjacent. Le fixant d'un regard complètement ivre, je me remis à parler, empestant l'alcool à des lieues. "Oui toi, connard. Avec tes jumeaux qui vont et qui viennent..." Je m'affaissai à moitié sur le coté, et repris un contrôle très précaire de mon être. "Qu'est ce que tu mattes hein ?! Tu crois que.... j't'ai pas vu d't'à l'heure ! J'vais t'faire la peau..... S'tu continues à m'r'luquer comme ça." Il était peu dire que j'avais du mal à rester consciente. Mais la colère et la fierté me permettaient de rester un peu parmi les bourrés.

Alias a l'immense honneur d'assister à un spectacle des plus intéressants. C'était la première fois qu'il voyait un être vivant bourré. Et qui plus est, une femme. Plutôt jolie, elle perdait néanmoins tout son charme dans une démarche et une prononciation digne d'un gamin de deux ans. Ou peut-être trois. Il ignorait qu'elle maladie elle avait, mais les autres membres du bar ne semblaient pas alarmés. Plutôt même indifférent. Cela devait être commun dans le coin. Peut-être qu'elle ne supportait pas certaines boissons ? Ou alors... un effet de l'alcool ? Quoi qu'il en soi, elle semblait énervé et en manque de contrôle. Le sasurai se dit que le mieux était encore de se faire pardonner en gentleman. La courtoisie ouvre souvent des portes.

Je ne vous ai pas spécialement "reluqué", cher dame. Mais si je vous ai offensé, alors mon devoir est de me faire pardonner. Désirez-vous manger un morceau ou boire un autre coup ? C'est moi qui régale !

Il appela la serveuse qui se dirigea vers eux. Hum... elle était bien jolie celle là aussi. Une pointe de déception et d'ennui se lisait sur son visage. Enfin, pour qui sait lire dans les traits humains, don relativement rare de nos jours mais qu'Alias maitrisait de mieux en mieux, et qu'il utilisait pour mieux cerner son entourage. Une sorte... d'influence. Il se frappa la tête avant de saluer la bourrée en baissant la tête et en disant d'un ton toujours très courtois.

Mais j'en oublie mes bonnes manières. Je m'appelle Makoto Byakuya, et vous ?

Un alias, évidemment. Il en avait l'habitude, ce ne fut pas difficile de dire un mensonge avec la même conviction qu'une vérité. Le jeune homme se retourne vers la serveuse et lui demande de lui servir un verre de ce qu'elle préfère comme liqueur. Elle semble... intriguée par cette demande. Le sasurai devait être le seul homme du coin à se soucier de ce qu'elle aimait réellement dans le fond. Elle revint avec un verre d'un rouge profond et chaud au toucher. Il la remercia avant de se tourner vers son interlocutrice qui avait des problèmes d'élocutions.

Je vous prends quoi ?

Le tout affublé de son plus joli sourire.

Alors que je prenais un malin plaisir à lui cracher mon venin dessus, l'homme me répondit avec un ton dénué d'agressivité, semblant le plus courtois du monde. Une exception rare dans un tel bar, lorsque l'on voyait l'acabit des autres personnes présentes en ces lieux. Entre ceux qui s'amusaient avec leurs Kunais, ceux qui s'amusaient à mettre la main aux fesses des femmes passant dans le coin, et pour finir, ceux aux blagues lourdes et grasses de sens, le nouveau venu semblait éclatant de blancheur. En temps ordinaires, je l'aurais peut-être mal pris, mais les circonstances auraient été toutes autres. Me proposer de m'offrir un verre, cela me déconcerta vu le taux d'alcoolémie déjà bien présent dans mon sang. Imbibée jusqu'aux bouts des ongles, je ne pus que fixer mon regard sur le visage de cet homme, sans ne parvenir à soutenir son regard. Ben ouais, avec les paupières qui se ferment, cette maitrise élémentaire devenait bien plus ardue. Je ne répondis rien sur le coup, de toute manière il semblait occupé ailleurs. Il m'avait coupé le sifflet au sens littéral du terme.

Lorsqu'il se tourna de nouveau vers moi en se présentant, je ne pus que sursauter, manquant de tomber de mon perchoir. J'hochai lentement la tête, puis articulai difficilement des quelques syllabes de mon prénom. Un prénom ne valait pas grand chose dans un endroit aussi éloigné de mon village. "Y..sandre." J'aurais aussi pu ajouter enchanté, mais d'une, je n'étais pas en état, et de deux, je n'étais pas hypocrite. Je n'aimais pas les hommes, et c'était quasiment viscéral. Autant je pouvais devenir pote avec eux, mais dès qu'il s'agissait de vouloir autre chose, ils devenaient mes pires ennemis. C'était pour ça que je préférais éviter autant que possible, la plupart finissant par chavirer un jour ou l'autre. Mais bon, celui là ne semblait pas intéresser par ce que je possédais entre mes cuisses, ou encore par ma poitrine. Ohé ohé petit bateau, tu chavireuh... Même assise, je venais à me balancer lentement de droite à gauche, puis de gauche à droite, d'une manière presque perpétuelle. J'avais l'air profondément idiote, mais aucune personne de ce bar ne m'en tiendrais jamais rigueur, et puis je m'en fichais au fond. "Heu... Rien. Ça ira pour ce soir, et j'ai t'jours ma bouteille.." Mes yeux dérivèrent sur ma table, là où le récipient en verre s'ennuyait seul sur le bois, tandis que son acolyte gisait à terre, gisant dans le peu de liquide qu'il contenait encore lors de sa chute.

"Toi... T'es... Différent."

Des autres hommes, mais cela me semblait tellement évident dans ma pauvre petite tête asphyxiée par les tords-boyaux ingurgités que je ne précisai rien. Comprenne qui pourra en quelque sorte. Je levai une main maladroite en l'air, puis alla tapoter son bras droit juste sous son épaule en riant à moitié. T'comme moué en fait, t'aime pas les femmes." En voulant dire l'inverse. Manque de chance, j'avais dépassé mon point d'équilibre considérablement réduit, puis m'étalai sur l'homme auquel je m'adressais. "Yay yay... A moins que tout ça... C'soit qu'une stratégie morbide et qu'en fait.." On ne pouvait plus parler de réflexion en cet instant précis, mais plus d'un film aux scénarios catastrophiques défilant à vive allure dans mon esprit. "Foutoir !" Je mis un coup de coude dans la cuisse du dénommé Makoto, sans grande puissance. Une piqure de moustique, ou bien de mouche au pire, mais pas plus. Je voulais me relever, mais j'étais coincée là, le nez dans son ventre, les jambes affaissées et les bras ballants. Pauvre loque incapable de se relever, et qui déjà susciter un intérêt curieux de la part des autres ivrognes du bar. Ba ouais, d'un certain angle, on pouvait croire à tout autre chose, si bien que des cris joyeux fusaient de temps à autre.

L'interlocutrice semblait hébétée. Elle semblait simultanément très fatiguée - elle devait se concentrer pour ne pas fermer ses yeux - et confuse puisqu'elle avait du mal à parler. Et quand elle parlait, c'était par grognement incompréhensible. Enfin, le sasurai avait réussit à tirer son prénom, ce qui était déjà proche du miracle. Une mission de rang B ou A au minimum. La serveuse arriva avec la commande d'Alias. Un verre rouge très foncé. Il lui demanda, tout en sirotant la liqueur.

Je comprends pas trop... qu'est-ce qu'elle a exactement ? Mais c'est super piquant votre boisson ! Je vois... vous aimez l'aventure et le changement n'est-ce pas ? Que faites vous dans cette taverne alors ?

La serveuse rougit légèrement et fit semblant d'être appelé derrière le comptoir. Mais Alias a remarqué son moment d'hésitation. Sa gêne, son incompréhension. Parfois, on disait de lui qu'il était télépathe. Évidemment, rien n'était plus faux que cela. Mais il possédait énormément d'empathie, et faisait preuve de psychologie. Il se tourna vers sa première interlocutrice qui s'était mise à tanguer et vida son verre cul-sec. Une chaleur étrange se diffusa à l'intérieur, et une vague lui étourdit ses sens. Ses alentours devenaient plus floues, sa réflexion diminuait. Etait-ce cela... l'alcool ?

C'était bigrement cool !

Et puis elle sortit dit sans doute la première phrase intelligente de la soirée. Elle comprit qu'Alias était quelqu'un d'autre. De différent. Qu'au fond de lui, il n'était pas de la même trempe que le commun des mortels, mais aptes à diriger les autres par son charisme et sa supériorité naturelle. C'était le mâle alpha de la meute, et tout le monde se pliait à ses désirs par sa maitrise des hommes et des femmes, et non des jutsus. C'était sa suprématie ultime sur les ninjas, celle de la rhétorique, de la manipulation et de la compréhension !

Vous êtes perspicace pour le remarquer ! Mais ne le criez pas sur tous les toits, cela pourrait me poser quelques problèmes d'intendances.

Il ne se sentait pas suffisamment fort pour le moment. Un junnin débarquerait dans sa tanière, il ne pourrait absolument rien faire. Il serait anéantit, lui et sa toute petite troupe composé d'un seul pion. Non, il fallait faire profil bas, acquérir de l'expérience, agrandir son armée et son arsenal. Seulement après, il pourrait s'exposer à des dangers.

Et puis... tout bascula lorsqu'elle parla de femmes. Est-ce qu'elle le prenait pour un ... ? Non, ce n'était pas possible ! C'était un épouvantable malentendu. Il fallait immédiatement corriger cet erreur. Plus Don Juan que lui, il n'y avait pas, et la gente masculine ne l'intéressait guère parce que trop stupide pour tomber dans ses manipulations subtiles et délicates.

Heu... il y a mal donne là. J'adore les femmes. Surtout les femmes libérées, tu sais c'est pas si facile.

Et voilà qu'elle suspectait une stratégie derrière tout cela. D'accord, Alias était du genre tordu, a vendre père et mère pour quelques 10000 kokus (ce qu'il avait fait, d'ailleurs), mais pour une fois où il n'était pas acteur de sa propre débauche, on le soupçonnait déjà d'être à l'origine de tout le mal de cette planète ! Oh rage, oh désespoir !

J'ai beau être fin stratège, votre comportement est imprévisible madame ! Vous me mettez mal à l'aise. Vous devriez vous reposer quelque paaaaaaaaaaaaaaaaart.

Elle tomba sur le sasurai, le renversant à terre dans une position des plus agréables en général, mais alors dans un environnement intime avec moins de spectateur que cette auberge. Il entendit un rire derrière le comptoir. Un rire très beau. Si cristallin qu'il désira le posséder aux premières notes qui éclatât dans le silence de la pièce. Aussi glissant qu'une anguille, le presque-criminel s'échappa de l'étreinte de la morte bourrin et l'aida à se relever alors que des explosions de rires résonnaient dans l'auberge. Je lui murmura à l'oreille.

Vous devriez prendre un peu de repos, très chère Ysandre. Nous pouvons remettre ce tête à tête à plus tard. Je suis certain que nos chemins se croiseront... à nouveau.

Impossible de me relever. Je tentais tant bien que mal de me hisser sur mes bras, de mettre le plus de distance entre cet... homme et moi, mais je n'y parvenais pas. Le verre en trop fatal, et si je n'avais pas déjà envie de vomir à cause de l'alcool ingurgité, la nausée me serait venue à cause de mon espace personnel un peu trop bafoué -même si c'était entièrement ma faute, mais j'étais déjà de très mauvaise foi sobre, alors déchirée, vous imaginez le tableau-. "Putain la ferme !" Je m'étais exclamée d'une fois que je crue sur le coup forte, mais c'était fort loin d'être le cas. En réalité, j'avais marmonné dans ma barbe imaginaire. Tous ces cris et rires me donnaient encore plus mal au crâne, et j'aurais donné n'importe quoi pour m'en débarrasser dans la seconde. Me relever, et leur botter à tous le derrière. Oui, juste les vexer pour qu'ils se taisent, je n'étais pas du genre à battre à mort quelqu'un gratuitement, ou encore le tuer. Les paroles de l'autre obnubilé me revinrent en tête. Fin stratège. Comportement imprévisible. Ba, stratège ou pas, face à quelqu'un de saoul, rien n'était évident...

Il glissa sous moi, et je n'eus rien d'autre à faire que de tomber mollement à terre et m'exploser le menton sur le sol. Génial, j'avais même réussit à m'éclater la lèvre inférieure, laissant un léger gout métallique s'insinuer dans les méandres de ma bouche. Je sentis quelqu'un m'attraper le bras, et je me laissai faire, sans ne chercher à renier cette aide troublant ma fierté. Dans l'état actuel des choses, cela valait mieux afin de pouvoir partir en marchant, et non pas en marchant ou encore en roulant comme une abrutie. J'appuyai de toute force sur mes jambes, et parvint enfin à me retrouver à la verticale. Qu'il était bon de pouvoir balader son regard d'en haut, autrement que le nez dans la poussière sur le plancher des vaches. " 'Ci..." Sans le vouloir, je m'étais agrippée à son bras pour tenir debout, mais repris bien vite mes esprits -ce qu'il en restait du-moins-. Ma main glissa de son bras, et je me rattrapai au comptoir. Tout tournait de nouveau, comme si quelqu'un avait enclenché un interrupteur au fond de mon être. Le fait de se relever un peu brutalement certainement.

Je sentis mon estomac se tordre, et me penchai en avant lors d'une ultime contraction. Là, bar ou pas, gens ou non, propreté à respecter et j'en passe, je ne répondais plus de moi. Je dégobillais en grande partie l'alcool que je venais d'ingérer, sans toutefois éliminer la totalité, loin de là. Mais au moins, je me sentais mieux sur le coup, bien que prise de convulsions. "Tain de.." Je repris une respiration lente, et pus contempler que non seulement j'avais éclaboussé le bar ainsi qu'une bonne surface de mon pantalon, mais également un peu des chaussures de mon interlocuteur. La mine un peu décomposée, je me redressai en me tenant toujours aussi fermement, et tournai la tête vers Mokoto. "Scuze... Tu p'rais m'aider ? J'pionce à l'auberge d'en face.." J'avais pris soin des distances en venant ici, sachant pertinemment dans le genre d'état dans lequel j'allais finir par me retrouver -bien que je n'imaginais pas à un tel point, il fallait croire que je mollissais. Une perte d'habitude peut-être ? Ce qui n'était pas si grave en soi-. Je regardai l'homme d'un regard vide, plaçant presque tous mes espoirs en lui. En un homme, en une personne qui me répugnait d'ordinaire. Mais seule, je me trouvais bien incapable de marcher jusque là-bas. Pitoyable.

Alias avait proposé son aide pour lever la kunoichi. Le spectacle était pitoyable, cela ressemblait presque à un show de marionnette, sans fils invisible et sans dextérité de la part du joueur. Le sasurai soupira, et continua sa conversation - enfin son monologue - avec la serveuse qui était en train de préparer une serpillière. Pourquoi donc ? Une question de plus pour l'employeur, mais il continua néanmoins sans en parler.

Cela arrive souvent par ici ce genre de spectacle ? Cela n'a pas l'air de votre goût madame...

Vous savez, tant que je suis payée, je ferais un peu n'importe quoi.

Alias fit un sourire à son interlocutrice. Elle lui avait répondu ! Cela ne voulait dire qu'une seule chose, elle était intéressée malgré elle par son personnage. Elle avait une belle voix, et ce qu'elle dit renforça encore plus l'image psychologique que le sasurai c'était fait d'elle. Elle détestait son job actuel, mais avait besoin d'argent. S'il ne se trompait pas, il y avait une petite cicatrice sur son menton du à un kunai. Elle avait l'air d'avoir vu beaucoup de chose, elle serait une employée des plus utiles. Plus utile que l'espèce de marionnette qui était maintenant parcourut d'un petit spasme. Alias ignorait tout de ce mouvement, pourtant très évocateur de la suite des évènements.

Mais tant qu'à faire, autant être payé ET aimer ce que l'on fait, n'est-ce pas ? Utiliser vos capacités naturelles et être appréciée pour ce que vous savez faire, et non votre apparence... Oula attention a mes vêtements !

Ce qui devait arriver arriva. La bourré fit un suiton sans ninjutsu. Heureusement, la serveuse avait eut la délicate attention de pousser son client - tout de blanc vêtu )- sur le côté. Ce fut le bar, ainsi qu'un siège qui se prit tout - même si mes chaussures n'étaient pas entièrement indemnes non plus. C'était tellement... indécent. Sale. Répugnant. Dégueulasse. Alias eut un haut le cœur, mais heureusement, se contint comme il le put. Il acquiesça à la requête de la folle, sous condition qu'elle ne lui vomisse plus dessus. Sinon, elle pourrait continuer le trajet en rampant. Il y avait des limites à ses gentillesses et sa générosité, c'est à dire sa propre hygiène. Il ne tenait pas à se salir encore plus. Enfin il l'a prit sur le dos - nouvelle ovation générale dans la taverne - et dit à l'attention de la serveuse.

Merci ! J'espère que ce n'est pas vous qui devriez nettoyer cela... Enfin, si vous voulez bien m'attendre quelques minutes, j'aurais peut-être un entretien d'embauche à vous faire passer. Quelque chose qui vous intéresserait beaucoup plus, avec de l'aventure !

Elle ria sous cape. Un délicieux rire cristallin qui changeait beaucoup son visage. Elle avait l'air heureuse à présent, c'était si différent de son air d'opprimé et d'ennui interminable qu'elle affichait au début de la soirée.

C'est ca, vous appelé cela de l'aventure ! Mais je vous attendrais.

La suite du périple se passa sans trop de dégâts. Malgré sa faible constitution, Alias arriva à traverser la ruelle d'une seule traite. Il dut s'arrêter pour reprendre son souffle devant la porte de l'auberge puis continua. Il déposa son fardeau sur le mur et demanda à la réception sa chambre, et si par hasard ils ne pouvaient pas l'aider. Réponse positive, suivie d'une négative. Il allait devoir se taper les escaliers avec une bombe à retardement. Perspective qui ne l'enchantait guère, mais quand un homme donne sa parole, il l'a tient !

Tout était flou, je n'allais pas tarder à m'endormir -ou à m'évanouir, appelez ça comme vous voulez-. Je ne me sentais pas mal, n'ayant plus conscience de mon être et encore moins de mon corps. Je n'étais qu'une partie flottante dans les airs, sans rien pour me rattacher. Juste moi, et les spasmes qui me secouaient encore de temps à autre, bien que je n'en ressentais aucune douleur. Il y avait eu quelques grommellements derrière mon dos, les autres clients n'avaient pas du apprécier le spectacle, et il était inutile de mentionner la serveuse dans l'affaire. Le lendemain, j'étais directement repartie sans demander mon reste, même si allait présenter quelques excuses aurait été de bon goût. Mais bon, d'une part je ne connaissais personne dans les environs, d'autre part je mis plusieurs jours à me souvenir de cette mésaventure, malgré l'état désastreux de mon pantalon. L'idée générale peut-être, mais le lieu m'avait semblé carrément impossible à déterminer. Soit. Je regardai Alias avec un air presque empli de pitié. Oui, moi, suppliant un homme. L'alcool fait des ravages, autant sur le plan physique que moral dans bien des cas. Et de cette soirée j'en conservais un mauvais souvenir.

Je compris rapidement l'intention de l'homme, certainement l'instinct de survie qui refaisait surface. Je me hissai sur son dos, en tentant de ne n'y perdre équilibre ni lui faire de mal. Je n'étais pas spécialement lourde, alors cela du bien se dérouler. Je me souvins qu'il m'avait reposé une fois la rue traversée, de nouveau dans le lieu que je convoitais tant. L'odeur du bois de l'entrée, les faibles senteurs de menthe planant dans l'air, de simples odeurs qui me firent sentir en sécurité. J'étais prête à m'abandonner sur le canapé blanc où je m'étais assise, pour ne pas dire à moitié écroulée. Je vis Motoku revenir vers moi, puis ouvrit la bouche pour parler. Malheureusement, seul un profond bâillement en sortit, si bien que je dus reprendre mon souffle ensuite. A la place, j'attrapai l'une de ses manches pour me remettre sur mes jambes. Je savais qu'il ne fallait pas que je reste ici, et que je n'avais que quelques marches à grimper afin de me retrouver dans une chambre confortable, ainsi qu'un lit qui n'attendait que ma personne. "Merci.. Pour tout." Je ne le lâchai pas pour autant, mais au moins, je pouvais marcher. J'en aurais même été capable auparavant, mais il fallait croire que mon esprit avait préféré profiter un peu de tant d'aide inattendue. Jamais je n'aurais pensé qu'il me prenne sur son dos pour me porter jusqu'à l'endroit désiré. Comme une mariée le jour de ses noces, en beaucoup moins romantique.

Agrippée à son bras, la main disponible glissant sur le mur bleuâtre, j'avançai à mon rythme dans les escaliers. Dieu que c'était dur de lever une jambe, puis de reposer le pied avant de lever l'autre. Tant de mouvements à coordonner, tant d'efforts à faire avec la fatigue que mon corps éprouvait en grande partie. Et pourtant, j'y parvins -non sans mal, passer deux minutes à grimper un truc qui se fait en quelques secondes... Mais seule, j'aurais certainement dû le faire à quatre pattes, ou encore pire m'endormir en bas et me faire réveiller par un gérant en colère-. Je finis par lâcher mon "sauveur", appuyai mon épaule sur le mur à coté de la porte de ma chambre puis articulai difficilement quelques mots. "M'appelle Ysandre.. Kumo.. Oublierai pas.. C'que t'as fait c'soir.. Si .. se r'croise, j't'le r'vaudrais.." Je fis une courbette maladroite avant d'ouvrir la porte du lieu sacré, puis m'enfonçai dans la pénombre pour rejoindre mon lit après un déshabillage succinct. Et je ne pensai même pas à fermer l'entrée.

Spoiler:

Que d'aventures, compagnons ! Heureusement, Ysandre réussit à monter dans les escaliers. Elle précisa son nom et un nom intéressant. Kumo. Le village secret. Si elle était aussi loin de chez elle, il était possible que cela soit une ninja. Et pas une simple genin vu son assurance, et le simple fait qu'elle pouvait sortir de son village. Il l'a suivit dans les escaliers, a moitié par curiosité, une autre moitié pour vérifier qu'elle ne se torche pas méchamment si près du but. Elle s'engouffra dans une chambre sans même fermer la porte. Le sasurai soupira en la fermant doucement. Il murmura pour lui même.

Nous nous reverrons, tu peux en être certaine Kunoichi de kumo, mais chaque histoire en son temps. Je dois reprendre là où celle du moment s'est arrêtée.

Il revint à l'auberge. La serveuse était presque en train de nettoyer l'immondice lorsque le vagabond la prit par le bras dans l'arrière salle. Une main ferme, mais pas trop. Elle fut surprise, résista au début, mais le suivit. Qu'est ce qu'elle y pouvait ? Elle avait déjà cédé aux charmes de l'étranger. Son ton suave, sa démarche, son intérêt non masqué pour elle. Pour garder bonne figure, elle fit quand même l'énervée.

Que voulez vous donc ? Je connais des manières plus adaptée pour courtiser des serveuses !

Là il s'approche d'elle et lui caresse ses cheveux, avant de lui parler, de manière suave, contrôlée à l'extrême. Sa respiration calquée sur la sienne, en maitrisant les intonations aussi. Tout était comme un discours de grand orateur, c'était la spécialité du sasurai. Et il obtenait le feedback de ses techniques en observant à tout moment les réactions de son interlocutrice visiblement touchée.

Mais je ne te courtise pas. Je t'offre un job plus intéressant. Tu as l'équivalent d'une formation de shinobi, et tu te retrouves dans une taverne a nettoyer la gerbe des autres. Tu mérites mieux. Ce que je te propose n'est pas innocent, ni cousu de guimauve, mais la dure réalité. 5000 kokus, et j'achète ta loyauté à vie. Tu feras des missions aux limites de la légalité, quand cela ne sera pas franchement interdit, tu affronteras des hommes, tu seras blessée, il est même possible que tu meurs, mais je ne l'espère vraiment pas. Si c'est le cas, cela sera uniquement de ma faute, et je m'en voudrais beaucoup. Alors, tu arrives a la croisée de tes chemins, de tes destins. Rejoins moi... et assouvis tes pulsions intérieures.

Il lui tend les bras et elle lui saute à son coup et lui dépose même un baiser rapide sur les lèvres. Puis elle lui prit sa bourse et ajouta avec un sourire.

Et en plus, je dois pas nettoyer cette crasse. Bon... quand est-ce qu'on commence... patron ?

The end !