Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

✻ Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent ✻
- Gekijou Hi -

Marcher, il ne faisait que ça depuis déjà plusieurs heures. En plus de son propre corps, il portait celui d’un autre type qui avait perdu connaissance depuis la fin de la mission. Il avait affronté un adversaire usant de technique de Genjutsu et le pauvre n’avait surement pas apprécié le petit cadeau qu’on lui avait envoyé en toute fin de combat… dommage pour l’épéiste qui devait le porter sur son épaule depuis déjà plusieurs heures, désireux d’arriver au village avant la fin de la journée et le début de la soirée. Soupirant, il sentait son corps faiblir légèrement au fil des pas qu’il faisait, le type qu’il portait, un dénommé Shin faisait presque le double de son poids, ce qui faisait une belle bête.

Une brute pour ne pas dire à vrais dire, il n’avait pas grand-chose dans la tête, c’était surement pour cette raison que Terumi Mei l’avait envoyé en mission avec lui, un petit cadeau maléfique de la dirigeante du village. Il aurait très bien pu se défaire seul des Shinobi renégats, mais non, il fallait qu’elle lui impose un sacré problème, mais il s’en fichait, le sang avait coulé, ses crocs avaient tranchés et il avait vaincu. Malheureusement sa tenue était bien rouge, tachée par le sang impure de ces Shinobi qui pensaient pouvoir renverser un gouvernement en place avec seulement une poignée d’homme alors qu’ils n’avaient pas réussit à se défaire d’un épéiste de la brume. Tout simplement pitoyable.

Il parvint finalement à Kiri au moment ou le soleil commençait à disparaitre à l’horizon. La brume cachait bien des choses, mais à faire, ils arrivaient à distinguer bien des choses et l’homme savait très bien qu’il était arrivé à temps. Se présentant brièvement aux Chunin présent au niveau de la porte, il prit la direction de l’hôpital pour… livrer son colis qui commençait à se faire vraiment énorme. Les gens le regardait étrangement, mais ils ne lui portèrent même pas assistance, une sacrée bande d’ingrat. Devant l’établissement, il bouscula une personne tout en s’excusant sans vraiment voir de qui il s’agissait avant de poursuivre sa route.

On ne tarda pas à apporter un brancard et il put enfin se délester de son enclume, s’installant rapidement sur sa chaise pendant qu’il expliquait la situation et que des infirmières s’occupaient de Shin. L’une d’elle ne tarda pas de s’approcher, voyant le sang à moitié séché sur sa tunique, elle lui demanda de le suivre pour qu’elle puisse le soigner. Il refusa poliment une première fois, mais la voyant insister, il ne tarda pas à défaire sa veste pour montrer que son torse n’avait subis aucunes blessures et qu’il s’agissait bien du sang d’autrui. Se redressant, il se retourna pour quitter les lieux calmement, ses crocs bien attachés dans son dos.

Les gens étaient fatiguant…

« Mademoiselle ! Revenez !! Vous ne portez rien sous la chemise d'hôpital !!! »

Beuglait l'infirmière empâté, tout juste sortie de la chambre à la suite de Hi. Qu'elle était nue sous cette drôle de chemise de nuit, celle-ci l'avait bien évidemment remarquée, mais cela ne la gênait pas le moins du monde – tout au contraire même. Dévalant quatre à quatre les marches de l'escalier, elle faisait fonctionner ses méninges afin de se remémorer sa présence en ces lieux. La douleur lancinante qui envahissait son crâne se rappela alors à elle, en même temps que le cruel souvenir de son origine. La veille au soir tandis qu'elle se moquait allègrement de quelques alcooliques en piteux état, visiblement congédiés du bar étant donné leur comportement aberrant ; l'un d'eux avait profiter de son inattention pour s'approcher d'elle de sa démarche chalouper et lui éclater sa bouteille fétiche sur la tête. D'ordinaire Hi n'en aurait pas même sourciller, mais ce soir là elle était elle aussi passablement éméchée et qui plus est alanguie par une journée de dur labeur. Aussi face à cette agression imprévue, son corps exsangue décida t-il de la mettre hors-service, la laissant s'écrouler et plonger dans un profond sommeil éthylique. Grâce à dieu, une âme charitable qui sans doute passait par là, s'était chargé de la mener ensuite à l'hôpital, alors qu'elle ronflait comme une bienheureuse.

S'engouffrant avec félinité dans le couloir bondé de patients impatients, trépignant dans l'attente de recevoir des soins pour quelques éraflures ou tout autre choc bénin du même acabit ; Hi lança un rapide coup d'œil par la fenêtre pour apercevoir les derniers rayons du soleil disparaître à l'horizon – vaincus par la brume. Elle qui était certainement entrée à la clinique quelques heures avant l'aube, réalisait avec désarrois qu'elle avait dormi toute la journée... quelle perte de temps ! Elle qui avait pourtant mille choses à faire aujourd'hui, entre autre retrouver le pilier de bar criminel d'hier pour lui apprendre la vie et, comme à son habitude, tourner au ridicule tous les shinobis revenant bredouille de mission.

Remettant de l'ordre dans ses cheveux comme dans ses idées, elle se focalisa sur les aspects positifs de cette petite expérience hospitalière : elle avait manqué le départ de l'unité du brouillard mortel pour une mission de routine au pays du Riz et c'était tant mieux, patauger dans les rizières sous une pluie battante c'était pas vraiment son truc. D'autre part, ne clamait-on pas que le sommeil était régénérateur de la beauté ? Alors au vu de l'éclat enchanteur qui la caractérisait au quotidien, après avoir dument récupérée les quelques heures de sommeil qui lui manquait, Hi devait certainement être radieuse. Si l'on exceptait bien sûr la bosse discrète sur son front et le fait qu'elle déambulait cul-nu dans le hall de la clinique – encore que ce dernier point devait aux yeux de certain plus que jouer en sa faveur.

Alors pourquoi une telle hâte à vouloir quitter les lieux ? Tout simplement parce qu'après avoir ingérer une quantité non-négligeable de liquide puis l'avoir laissée reposer pendant plusieurs heures – le temps que son métabolisme face le travail – Hi était prise d'une envie pressante. Pourquoi alors ne pas se soulager dans les toilettes de l'hôpital expressément prévues à cet effet ? Tout simplement parce que la file d'attente devant l'espace réservé aux dames aurait découragé n'importe qui, et le cas échéant, l'odeur et l'insalubrité s'en serait chargé. Dès lors, la jeune femme s'était résolue à regagner son domicile avant de prendre enfin un peu soin d'elle. Ceci dit, cela aurait été plus simple si la foule massé au devant de l'hôpital n'avait pas été si compacte, obligeant Hi à jouer des coudes pour avancer. Finalement bloquée de toute part par l'inertie humaine, la belle Kunoichi s'approcha de la personne devant elle dans la queue, un bellâtre débraillé à la crinière brune. Ce qui retint son attention chez ce mystérieux individu, ce fut la paire d'épée étonnamment affûtés qu'il arborait fièrement, sanglés dans son dos. Quelque peu excédée par la situation, tout en bousculant légèrement le bretteur, Hi déclara d'un ton revêche :

« Hé demi-portion ! T'avances ou tu prends racine ? »

✻ Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent ✻
- Gekijou Hi -

Qu’elle désagréable sensation que de se faire pousser de la sorte. Bousculé, il se retourna lentement alors que la voix d’une jeune femme se faisait plus forte que les autres. Qui était elle pour le traiter de demi-portion ? Certes, il n’était pas bien grand, mais tout de même, il n’y avait de quoi le traiter ainsi. Se retournant donc, il planta ses yeux rouges dans ceux de la jeune femme qui n’était pas si grande que ça finalement. Elle avait seulement quelques centimètres en moins que lui à tout casser, mais il fallait dire qu’il n’était pas bien grand non plus et il le savait très bien.

De son regard neutre et désintéressée, il la détailla point par point, s’arrêta sur quelques zones sensibles comme les bosses sur son front, ses cheveux en pétards, ses jambes nues, ses pieds. Toutes les zones y passèrent et il prit bien son temps, les bras croisés, la regardant non pas comme une femme, objet de désir dans cette tenue plus qu’affriolante, mais plutôt comme l’être humaine. Elle était indéniablement une Kunoichi qui en plus de n’avoir aucune pudeur, était assez provocante lorsqu’elle lui parlait. Elle lui faisait penser à quelqu’un, mais il ne pouvait dire à qui véritablement.

✻ Hum…

Se retournant, il fit mine de se désintéresser totalement d’elle tout en continuant à avancer, sortant de l’hôpital pour s’arrêter un peu plus loin, comme s’il cherchait quelque chose. Sa direction ? Non, il savait très bien ou il vivait, mais il était comme tiraillé en lui-même, allait il directement rentrer chez lui ou bien allait il faire un tour pour récupérer une bouteille de saké afin de se détendre chez lui avant d’aller manger à l’extérieur comme tous les soirs. Finalement, il se retourna en direction de la jeune femme.

✻ Retourne sous la couverture gamine, tu vas attraper froid.

Aucun sourire, rien du tout, son corps depuis le début ne montrait aucunes émotions et c’était bien la ce qui était dérangeant. On pouvait bien voir dans les yeux d’Akimitsu qu’il la prenait de haut, qu’il la… prenait ou une enfant qui se baladait à moitié nue dans l’hôpital. Franchement, ces jeunes étaient véritablement trop tendre… ou trop inconscient, de son temps, elle n’aurait pas passée la porte que déjà elle était à terre, une bonne dizaine d’hommes sur elle.

Le frisson de l'inconnu, l'étincelle d'appréhension qui grimpe le long de votre échine suite à une provocation bien sentie. Déjà, Hi se sentait revigorée, simplement repue d'une journée de farniente, la voilà qui s'embrasait à nouveau – une véritable pile électrique. L'homme qu'elle venait de rudoyer ne tarda pas trop à se retourner pour lui faire face, la dévisager en silence avec une sévérité et une opiniâtreté qu'on ne lit d'ordinaire que sur les traits des personnes âgées. Demi-portion... elle ne s'était pas trompée, à peine quelques centimètres de plus qu'elle, c'est dire ! perché sur des haut-talons, elle l'aurait fait passer pour un nabot – à cet apophtegme elle ne pu s'empêcher de lui sourire avec insolence.

Ils restèrent ainsi un moment à se jauger du regard, un comportement typique de ninja, comme un besoin patent de se situer par rapport à l'autre ; voir si le jeu en valait la chandelle. Les yeux inquisiteurs de la jeune femme détaillèrent brièvement son vis-à-vis pendant qu'il faisait sûrement de même : ses vêtements étaient couverts de sang, pourtant son torse nu ne comptait aucune blessure récente, c'était déjà un indice quant à sa venue à l'hôpital. Mais ce qui captiva bien plutôt la jeune femme, ce fut le visage grave et impassible de ce bretteur, on aurait pu croire qu'il était taillé à même le marbre tant il semblait dénuer son propriétaire de toute expression. S'accommodant parfaitement avec la raideur et l'austérité de ses traits, ses pupilles toutes aussi incarnates qu'acariâtres lui conférait l'allure sinistre d'une poupée inerte, insensible – bref un type qui fait froid dans le dos, pas pratique quand on a les fesses à découvert !

Toujours prête à riposter, Hi attendait sur le qui-vive que s'élève une réplique cinglante des tréfonds de l'homme dont elle imaginait déjà très bien seule la voix chargé de commentaires acerbes. Mais rien ne vient – un simple raclement de gorge en fait – puis l'inconnu se détourna, laissant la jeune dévergondée abasourdie. Les connexions se firent alors toutes seules dans le cerveau de la Kunoichi familière des conclusions hâtives : un idiot. Certes elle savait d'expérience que les épéistes n'était pas des lumières, mais tout de même, il aurait pu faire un effort ! Une simple petite phrase de répartie aurait susciter tellement d'allégresse chez la douce provocatrice... Et là, quelle déconvenue, elle en oubliait même ses besoins naturels. Au lieu de ça, le bellâtre avança de quelques pas, puis la mine déconfite – genre incapable de rattraper le fil de ses pensées troublé par la malice de Hi – s'immobilisa un instant, avant de reporter son attention sur celle qui le méritait le plus. Enfin, il l'apostropha, avec le ton cassant et dédaigneux qu'elle attendait de lui.

Il avait donc bien une langue ! Simplement il était un peu long à la détente... les dégâts de l'âge sans doute. Quoi qu'il en soit, Hi était ravie qu'il se rebelle enfin et c'est tout sourire qu'elle trottina jusqu'à lui, dandinant sans gène les parties les plus charnus de son corps exposé à qui voulait bien les voir – et ils étaient nombreux. Visiblement, le mâle intimidé par la nudité de la femme ne semblait pas le moins du monde se douter de qui il venait de vilipender – erreur rapidement imputée à la lenteur de son jugement par la Kunoichi. Une gamine à première vue, tout juste sortie de l'adolescence, mais surtout la plus jeune membre de la terrible unité du brouillard mortel, groupuscule d'intervention fidèle au Mizukage et qui ses derniers temps ne souffrait plus guère de la concurrence des épéistes de la brume – reliques d'un autre temps désormais relégués à de bien basses besognes.

Résolue à taquiner cet épéiste grincheux jusqu'à obtenir de lui autre chose qu'un regard blasé et vitreux, Hi prit le partie de s'approcher encore plus de l'inconnu. Parée de son plus beau sourire et adoptant une allure pacifique ; afin d'éviter que ce petit timide ne se sente menacé, on est jamais trop prudente – d'autant plus que quelques courbes dévoilés le mettait déjà dans tous ses états. Se dressant sur la pointe des pieds à quelques centimètres du visage condescendant du jeune homme, ses yeux dorians pétillant d'excitation et d'amusement, la chipie déclara sur un ton sulfureux :

« Moi une gamine... C'est qui qui n'a pas terminer sa croissance ? C'est mignon de t'inquiéter pour moi comme ça ; mais je ne vais pas prendre froid, je vais au contraire tous vous donner un coup de chaud ! »

✻ Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent ✻
- Gekijou Hi -

Soupire, encore et toujours. Il aurait surement dut se taire et ne pas lancer une petite pique à la jeune femme qui semblait bien bavarde et qui avant tout n'avait véritablement pas froid aux yeux. Il y avait des femmes inconscientes dans ce village et il venait de faire la rencontre de l'une d'elle qui ne tarda pas à s'approcher de lui tout sourire, qu'est-ce que cela pouvait être détestable pour Aki qui n'aimait pas rencontrer des gens aussi... heureux ou plutôt malicieux. Lui qui était toujours calme et sérieux ne pouvait point apprécier des personne comme elle.

Septique, il utilisa le bout de son doigt sur le front de la jeune femme pour la faire redescendre sur terre, elle qui s'était mise à son niveau. Il n'appréciait tout simplement pas ça tout comme ce qu'elle venait de lui dire ou tout du moins, ce qu'elle laissait entendre. Toujours aussi calme et sérieux, il regarda les personnes autour de lui avant de plonger son regard de sang dans celui de la jeune femme qui semblait pétiller de mille feu suite à ce qu'elle venait de lui dire.

✻ Nous donner un coup de chaud tu dis ? Dans cette tenue il est certain que bon nombre d'hommes voudraient se réchauffer entre tes cuisses.

Il fit un signe de tête vers les trois hommes en face de lui au croisement entre une ruelle sombre et la rue principale qui complotaient déjà entres eux. Certes, ils ne pouvaient rien faire avec autant de gens autour d'eux, mais si elle avait été seule... ils n'auraient certainement pas attendu bien longtemps pour lui sauter dessus... bien qu'il savait pertinemment qu'elle était une Kunoichi à en voir son corps qui avait été travaillé.

Poussant la jeune femme afin qu'elle ne se retourne il lui donna une fessée pour qu'elle avancer vers la clinique, elle était surement encore atteinte par une maladie inconnue. Lui même se retourna pour rentrer chez lui, finalement il allait prendre sa douche afin de pouvoir se décrasser de tout ce sang et de la crasse accumulée depuis qu'il avait quitté Kiri.

✻ Rentre donc, apparemment la bosse sur ta tête a fait bien des dégâts.

Hi était-elle aller trop loin dans la provocation ? Cette forme d'expression subtile avec laquelle elle signifiait son existence au monde, affirmait son incontestable singularité ; art qui manipulé avec précision se faisait tout aussi redoutable que son Ninjutsu – sinon plus selon la présente situation. Mais qu'y pouvait elle si dans ce village terne, où la brume inlassablement estompait les couleurs et effaçait les contours, la plèbe était bien plus choquée d'apercevoir la chaleur d'un corps somptueusement galbé, qu'un macchabée exposant ses tripes au grand jour sur la place publique ?

La réaction à sa diatribe ne se fit pas attendre, cependant elle fut moins virulente que ce qu'elle escomptait. Cet épéiste têtu était un coriace, lui qui se croyait de fer contre le feu de la chair, la fougue de Hi comptait bien le détromper – personne n'était inébranlable. D'un index froid et longiligne qu'il pointa sur sa tempe, il la fit redescendre sur ses talons ; à la façon d'un professeur qui remet à sa place un élève, d'un adulte qui balaie la bravade d'un enfant. Perçant le regard indiscret de la jeune femme du carmin de ses yeux imperméables aux émotions, une nouvelle fois l'inconnu feignit l'indifférence à ses charmes ; lui indiquant d'un hochement de tête que ce n'était certes pas le cas de tout le monde.

Saisissant au vol son avertissement, Hi ne pu s'empêcher de sourire à nouveau au jeune homme, avec encore plus d'éclat qu'auparavant si c'était possible. Il se faisait plus de soucis pour la jeune ingénue qu'elle-même, c'était trop mignon ! Sous le masque de sombre épéiste versé dans la solitude, pleurait sans nul doute un cœur timide et introverti ne rêvant que de douceur féminine. Réjouit de l'épanouissante conclusion qu'elle venait de tirer, Hi détailla avec un regard charmeur son vis-à-vis avant de lâcher dans un souffle :

« Tsss... Tu es différent peut-être ? »

Et là surprise totale ! Hi qui s'attendait sans doute trop à une tirade insipide et mielleuse de l'inconnu sur son parangon de vertu, fut passablement déstabilisée – c'est le mot – par sa réaction. Bousculant la jeune femme en direction de la clinique dont elle venait de s'esquiver avec brio sans même payer d'addition, il lui pelota ensuite sans vergogne les fesses. Enfin, le terme peloter est peut-être un peu fort, mais toutes proportions gardés, Hi n'en fut pas moins scandalisé de découvrir ainsi la nature perverse de l'épéiste ; et un cri de surprise lui échappa. Légitimer tout le vice de son geste en invoquant le fait qu'elle devrait sans doute regagner l'hôpital, voilà un geste bien-bas. Sans doute – pensa t-elle – celui-ci cherchait-il à la faire fuir avant de ne plus pouvoir contenir l'excitation qui bouillonnait en lui. Abasourdie, le rose aux joues et le rouge aux fesses, Hi fit quelques pas en direction du hall avant de clamer sur un ton offusqué :

« Obsédé ! Profiter ainsi d'une jeune fille en convalescence ! C'est toi qui devrait aller te faire soigner ! »

✻ Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent ✻
- Gekijou Hi -

C’était une jeune femme dès plus dérangeante, irritante, très irritante, mais surement faisait il tout pour qu’elle le devienne. Il ne répondit même pas à sa tique, préférant tout simplement oublier ce qu’elle venait de lui dire. Lui, un obsédé ? C’était l’hôpital qui se foutait de la charité. Il lui fit seulement un petit signe de main pour qu’elle rentre à la clinique afin de pouvoir être tranquille et qu’elle aille se changer, ce qui était franchement la meilleur des idées pour la demoiselle.

Il se retourna et quitta les lieux sans plus attendre, ne se retournant même pas un seul instant avant de se rendre chez lui assez rapidement pour pouvoir se décrasser et changer de vêtement. Sa mission ou plutôt le retour l’avait complètement épuisé et avait fait de sa tenue une véritable serpillière. Rentrant chez lui assez rapidement, il se dévêtit et prit une douche rapide avant de remettre une tenue plus simple, seulement noire avec les coutures bleues foncées, ses lames toujours harnachées à son dos.

Il ne tarda pas à ressortir, la nuit bien présente, Kiri illuminée par les lumières de la ville, des habitations et des restaurants. Quoi de plus agréable que cette sensation de paix qui était en train de réchauffer le cœur de l’homme qui marchait à présent vers un but précis… celui de trouver son petit restaurant ambulant qui ne changeait pas si souvent que ça d’endroit. A présent qu’il avait de bons clients, il s’installait toujours prêt d’un petit pont ou les passages étaient assez nombreux et ou les clients s’arrêtaient lorsqu’il y avait une ou deux places de libres.

Comme prévu, il n’avait pas bougé et chanceux comme il était, il réussit à avoir une petite place juste devant le cuisinier qui préparer de bonnes petites grillades. S’installa sur son siège, il remarqua qu’il n’en restait plus qu’un et n’hésita même pas un instant à mettre sa jambe sur l’autre afin qu’on ne vienne pas l’importuner. C’était un moment béni pour lui, alors qu’il ne mangeait que très peux tout au long de la journée, il se faisait un véritable festin le soir et n’hésitait pas à en prendre deux ou trois fois lorsqu’il avait grande faim.

✻ Bonsoir Patron. La spécialité s’il vous plait, avec la bouteille qui va avec.

Il ne souriait pas, mais attrapa ses baguettes avec empressement, les craquants pour les mettre dans sa main droite, jouant avec. Il regardait avec envie les grillades qui étaient en train de cuirs juste en face de lui. Il allait se régaler et surement passer un agréable moment tout en écoutant les conversations des sept personnes sur ses côtés, cela pouvait toujours être intéressant d’avoir des informations. Il patienta donc, les yeux perdus sur sa nourriture qui cuisait, sirotant son saké.

Voyant que son agresseur s'apprêtait à tourner les talons, Hi consentit à contre-cœur à le laisser partir. Celui-ci semblait d'ores et déjà passablement excéder, alors que la Kunoichi commençait tout juste à s'enflammer. De toute façon elle n'allait pas le poursuivre cul-nu à travers tout le village – au crépuscule de surcroit. D'autant plus que le contact sauvage de la main perverse de l'inconnu sur son fessier rebondi, avait raviver l'envie pressante qui la tiraillait depuis un moment déjà, au rang de ses priorités. S'en retournant pleine de volupté vers la chambre qu'elle avait quittée quelques minutes plus tôt, Hi prit alors tout son temps pour se délasser et prendre une douche, l'idéal pour remettre de l'ordre dans ses idées ainsi que dans son programme de la soirée.

Retrouvant à l'extérieur de la clinique sa complice la blonde lune, la jeune femme toute fraîche et pomponnéee, les cheveux retenus par un senbon, sautillait joyeusement dans la pénombre du brouillard nocturne, se dirigeant furtivement vers lecœurr du village. En sortant de la clinique, elle avait opérer un détour par chez elle afin de troquer les vêtements que l'alcool avait taché la veille pour un Yukata bleu et une paire de zori. Elle désirait être à l'aise pour son objectif de la soirée : rendre la monnaie de sa pièce à l'affreux qui l'avait envoyée à l'hôpital la nuit dernière. Où allait-on en ce bas-monde si n'importe qui pouvait se permettre de lever la main sur une candide jeune fille ? La seule faille dans la noble quête de Hi était qu'elle-même demeurait une menace pour les innocents – mais elle disposait aussi de circonstances atténuantes : n'était-elle pas l'élève chérie du Mizukage ?

Poussée par le vent comme une fleur de cerisier, Hi déambulait dans les rues pavés à la recherche de quelque estaminet de bon-aloi propice à accueillir sa victime, lorsque son appétit mis en sourdine jusque là, vint vigoureusement la titiller. À l'abri d'un sophora, elle repéra de l'autre côté du pont de jade qui lui faisait face, une gargote dont le lumignon dansait la nuit comme une nuée de luciole ; et dont s'élevait une odeur de viande grillé qui ne pouvait laissé son odorat indifférent. Mieux valait pour elle qui n'avait rien avaler récemment hormis de l'alcool et des cacahouètes la veille, se remplir la panse avant de partir en quête de justice. Qui plus est vu l'allure de l'endroit et les sacs à vin qu'elle apercevait à quelque distance, il y avait toutes les chances que la jeune femme y trouve sa cible – de quoi faire d'une pierre deux coups !

S'approchant de l'endroit en se pourléchant les babines à l'idée des mille saveurs dont elle allait se délecter, Hi étouffa un hoquet de surprise en reconnaissant rien d'autre que l'épéiste qui l'avait harcelée plus tôt dans la soirée. Il s'était changé mais arborait toujours ses sabres attachés dans son dos, grâce à quoi elle l'avait immédiatement reconnu. Il semblait plus détendu qu'auparavant – tous portés sur les nerfs sans leur saké, ses alcooliques – même si une sensation désagréable de fraîcheur morbide semblait émaner de lui, repoussant délibérément tout contact humain. Estimant qu'un enquiquineur en valait bien un autre, Hi se résolue à lui pourrir son repas ou au contraire à se laisser inviter – magnanime, elle lui accordait au moins le choix.

Voyant que ce rustre avait niché sa jambe sur le siège voisin du sien, certainement pour se prémunir du désagrément d'une éventuelle compagnie, la jeune Kunoichi bondit avec souplesse sur celui-ci, tentant de prendre la jambe invective au piège entre ses cuisses afin d'empêcher son propriétaire de lui fausser compagnie. Pleine de grâce et de félinité, du même mouvement agile dont elle s'était retrouvée assise, elle dégaina le senbon qui retenait sa chevelure quelques secondes auparavant. Celui-ci termina piqué dans le morceau de viande qui faisait justement face au jeune homme et qu'elle eût vite fait d'avaler, exagérant manifestement les bruits de mastication. À nouveau tout sourire elle s'exclama de sa voix-haut perché, en dépit de sa proximité avec l'oreille de l'inconnu :

« Alors comme ça tu m'invites au resto pour te faire pardonner ? »

✻ Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent ✻
- Gekijou Hi -

Le saké était toujours aussi délicieux et la viande toujours aussi fondante sous la langue de l’épéiste qui aurait bien du mal à trouver un endroit aussi convivial et bon marché dans le coin. Baguettes en main, il picorait dans son assiette chaude, les morceaux de viandes cuits à l’instant sous ses yeux, il ne pouvait que profiter de ce moment de calme alors qu’à sa gauche un homme se plaignait de sa femme qui était trop encombrante depuis qu’ils étaient mariés. Akimitsu ne comprenait vraiment pas ces gens qui arrivaient à vivre avec des personnes complètements différentes d’eux mentalement parlant. Certes, il connaissait fort bien les attirances et les pulsions que pouvaient provoquer certaines personnes du sexe opposé, lui-même ayant succombé plus d’une fois… mais de la à vivre avec une autre personne.

C’était un concept qu’il ne comprenait pas et qu’il ne désirait pas comprendre. De l’autre côté, les gens parlaient déjà de choses qu’il comprenait plus. Les Shinobi de Kiri et ce qu’ils faisaient pour la communauté. Etrangement, ils parlaient de personnes qu’il ne connaissait pas… à vrais dire, mis à part les six autres épéistes, la Mizukage et ses anciens coéquipiers de missions, il ne connaissait pas grand monde et cela une nouvelle fois, ne l’intéressait vraiment pas. Il y avait de nombreuses autres personnes dans ce village, mais il ne s’investissait véritablement pas dans cette vie en communauté, préférant de loin être seul avec ses crocs. C’était une vie qu’il avait lui-même choisis et ce depuis déjà bien longtemps. Il ne regrettait nullement ce choix et restait tout de même confiant quant à son avenir.

Le fait qu’une personne vint le déranger l’irrita au plus haut point. Le fait que ce soit cette même jeune femme que tout à l’heure, l’énerva légèrement, mais il ne laissa rien paraitre, la laissant piquer un de ses morceaux de viande tout en l’écoutant parler. Non mais franchement, heureusement qu’il avait un self contrôle hors du commun, sinon il aurait déjà piqué une crise et surement arrêté le machouillage de la belle et lui attrapa la langue avec ses doigts habiles. Il se contenta finalement de terminer sa bouche avant de la rincer avec un petit verre de saké. Il fit un petit signe au cuistot pour qu’il prépara une autre assiette, il savait pertinemment qu’il ne pourrait ce défaire de ce peau de colle.

✻ Ce n’est pas dans mes habitudes d’inviter quelqu’un à manger. Si tu désir manger, il faudra payer.

De ses baguettes, il bloqua le senbon qui allait de nouveau tenter de lui prendre une nouvelle fois une part de viande. Se versant de nouveau du saké dans son verre, il ne tarda pas à boire une nouvelle gorgée, sentant le liquide le réchauffer lentement, mais efficace. Il se retourna finalement vers la jeune femme qui semblait avoir revêtue une tenue plus distinguée, mais qui ne faisait pas vraiment Kunoichi mis à par son arme entre ses doigts.

✻ Il semblerait que tu ais été relâchée de la clinique… Tu ne te balade plus à moitié nue, c’est déjà plus présentable non ?

Une petite tique, mais il était toujours aussi sérieux en regardant la tenue de la jeune femme de la tête aux pieds, revenant jusqu’à ses cheveux détachés. Il revint finalement à sa viande qu’il mit dans sa bouche tout en la regardant dans la yeux, la narguant en quelques sortes alors qu’une autre assiette était posé à côté de la sienne.

✻ Mange au moins en silence s’il te plait.

Exactement comme elle s'y attendait, l'épéiste dépité par sa présence, ne prit pas la peine de lui répondre, mais ça elle en avait désormais l'habitude ; apostropher les gens sans obtenir de réponse ni même d'attention parfois, avait longtemps été son quotidien. Cependant Hi ne le tolérait pas pour autant et tout en savourant les dernières effluves de la rigueur virile de la viande, qui tapissaient d'allégresse sa bouche de carnassier, elle réfléchissait à un moyen de faire céder l'inconnu – après tout quelques boulettes de viande à régler en plus, ce n'était pas la mort...

Profitant de la distraction du jeune homme qui, tout en commandant une autre assiette garnie – incroyable tout ce qu'il avalait notre gringalet – porta une coupe bien pleine de saké à ses lèvres, Hi dégaina à nouveau son senbon afin d'atteindre le morceau de poulet le plus proche d'elle. L'estomac vide, elle n'avait en vérité eut aucune autre idée que de réitérer son geste afin de porter sur les nerfs l'épéiste muré dans le silence, et dans une moindre mesure de calmer sa faim. Hélas, vif comme l'éclair, d'un coup de baguette précis, il vint stopper net la course du senbon chapardeur et avec lui les espoirs de la jeune femme. Émergeant de son mutisme, il lui signifia que c'était à elle de payer si elle désirait manger... pour qu'il lui grignote son repas ? Certainement pas.

Réagissant exactement comme si elle n'avait rien entendue, comme si rien ne s'était produit, Hi rangea docilement son senbon dans sa manche, se promettant de ne le ressortir que pour le piquer dans la gorge de ce radin. Elle adopta ensuite une expression sérieuse et offusquée, recentrant son attention sur les autres convives, nourrissant le fol espoir que l'un de ses grands admirateurs dissimulé parmi eux ne l'invite avec générosité – hélas Hi ne semblait pas avoir tant de fans que cela.

Sans doute grisé par le saké qui abondait et la stupéfaction de la voir ainsi se tenir tranquille, l'épéiste se tourna subitement vers elle et détailla son apparence d'un regard neuf, ses yeux assassins adoucis par les relents d'alcool. Il s'autorisa même un commentaire, certes sérieux mais moins acerbe que ce à quoi il l'avait habituée jusqu'ici – décidément l'alcool faisait des miracles. Ayant tiré les leçons adéquates de leur entrevue précédente, Hi décida de ne pas succomber à la tentation, elle n'avait pas envie de signer pour de bon chez les victimes de harcellement sexuel – pas encore. Aussi ravalant sa fougue provocatrice, la belle kunoichi se contenta t-elle d'afficher un sourire satisfait tandis que le rose colorait joliment ses pommettes.

Elle commençait à se dire que la tactique du silence portait ses fruits, que ce qu'il semblait connaitre ne devait sûrement pas effrayer l'épéiste ; quand ce-dernier décida lui de sombrer dans la plus vile provocation qui soit – ce soir l'alcool donnait des ailes aux types trop terre-à-terre. Tout en cherchant à captiver son regard, le jusque là timide inconnu, tentait de lui soumettre le spectacle de son repas, tel une douce vengeance à tous les affronts qu'elle lui avait fait subir au préalable. Observer ainsi les pièces de viande grillées dans le respect de leur fermeté, sans garder de leur passage sur le feu aucune trace de sécheresse, remplirent les unes après les autres la bouche narquoise de son bourreau d'une onde chaude, compacte et juteuse de plaisir masticatoire – c'était la cruauté même !

Son estomac criait famine et dans sa bouche délicate la salive abondait, mais Hi faisait tous ses efforts pour maintenir dignement son masque d'indifférence qui semblait tant ravir son inconnu. Lorsque, lui désignant l'assiette quasiment intacte au côté de la sienne, ce dernier lui conseilla alors soudainement de manger en silence, la jeune femme se rua – avec tout de même une certaine retenue, ne négligeons pas les apparences – sur l'assiette libre. Après avoir fermement empoignée une aile de poulet qu'elle comptait conduire à sa bouche, elle se ravisa, et déclara sur un ton enjoué :

« Merci, ce soir moi aussi j'avais les crocs ! »

Puis elle pouffa de rire, avant de mordre délicatement dans sa nourriture gracieusement offerte, elle avait fait un jeu de mot hilarant ! Quelle humoriste née ! Quel talent ! Restait à espérer que ce soit suffisamment subtil pour arracher – enfin – un éclat de rire, un sourire ou tout du moins une moue sympathique à cet épéiste de bon augure. Reportant rapidement son attention sur l'assiette qui refroidissait, Hi ingurgita successivement et avec une vivacité saisissante plusieurs aliments différents dans un silence de cathédrale. Profitant de l'harmonie chatoyante d'ingrédients en eux-même excellent, mais dont la succession stricte et rituelle confinait au sublime ; et qui enchantait son palais raffiné. Marquant une pause singulière dans sa ripaille, la gorge sèche, la kunoichi désinvolte demanda sans la moindre gêne à son charmant convive :

« Euh... Tu me passes le saké s'il-te-plaît ? ..... C'est comment ton nom déjà ? »

✻ Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent ✻
- Gekijou Hi -

Il se contenta simplement de soupire à sa remarque tout en revenant à ses moutons… ou plutôt à sa viande qui était en train de refroidir. Les baguettes ne tardèrent pas à faire des allers-retours entre le plat et sa bouche. Il se délectait de chacun des morceaux comme s’ils étaient les derniers qu’il pourrait manger de toute sa vie, gardant un œil sur les baguettes de son « invitée » indésirable. Elle mangeait bien vite et il avait bien peur qu’elle ne le rattrape pour finalement le dépasser et commencer à piquer dans son propre plat. Il avait apprit à se méfier de la jeune femme qui n’avait aucune honte à piquer dans le plat des autres. Malheureusement, elle ne resta pas bien longtemps silencieuse et lui demanda le saké qu’il lui tendit quelques instants plus tard, un nouveau verre apparaissant.

✻ N’en bois pas trop, je n’aimerais pas te ramener à la clinique pour un lavage d’estomac.

C’était une personne véritablement détestable cet Akimitsu et on ne savait jamais trop s’il était véritablement sérieux lorsqu’il parlait ou si c’était simplement un petit pique qu’il lançait, sa façon de faire de l’humour. Lui qui ne rigolait jamais… on ne savait pas très bien à quoi il pensait et c’était surement pour ça qu’il n’avait aucuns amis ou compagnons du genre, trop refermé sur lui-même à ne compter que sur sa petite personne. Ne répondant pas à la question de la jeune femme, il regarda le patron et demanda une autre assiette ainsi qu’une autre bouteille. Il avait à ses côtés un monstre sur patte et étrangement, il était gentiment enclin à discuter avec elle dans la limite de l’imaginable pour l’épéiste.

✻ Appel moi Aki.

Il ne désirait pas en dire plus sur lui, à vrais dire, presque personne ne le connaissait, il ne donnait pas souvent son identité, seulement Aki. Il préférait rester très discret dans la vie de tous les jours. Lorsqu’il était en mission, c’était tout autre chose, il n’hésitait pas à donner son nom complet afin que l’on se souvienne de lui si tant est qu’il y ait des survivants. Il n’était pas le plus puissant du monde, mais son nom était déjà parvenu à quelques autres Shinobi tout comme ceux de ses compagnons épéistes, bien que Zabuza et Kisame lui face légèrement de l’ombre… Son assiette terminée, il l’échange avec celle que le cuistot lui tendait tout en le remerciant.

✻ Et quel nom dois-je te donner la goinfre exhibitionniste ?

Visiblement son trait d'humour n'avait pas eu l'effet escompté, mais qu'à cela ne tienne, la prolifique Hi en avait encore des wagons pleins en réserve ! De plus, à mesure que la bouteille descendait, que l'atmosphère se réchauffait, son compagnon se faisait de plus en plus bavard et presque humain, flirtant même avec les limites de l'agréable. Par exemple, suite à sa requête, il consentit poliment à lui tendre un verre et la bouteille qu'elle demandait, cependant il attendit uniquement dans le but de l'agacer d'avoir fini sa bouchée. Qui plus est, au lieu de répondre à sa question, à l'effort qu'elle avait fait de lui manifester une once d'attention, il se contenta une fois de plus d'ajouter un commentaire acrimonieux. Piquée au vif, mais feignant de ne pas être embarrassée, la jeune femme répliqua sur le ton de la plaisanterie :

« Du moment que tu n'essayes pas de me ramener chez toi, moi ça me va. »

Étant donné que le jeune homme passait alors commande au restaurateur d'une seconde assiette assortie d'une seconde bouteille, il ne releva pas sa remarque ; ce qui laissa à Hi le soin d'imaginer qu'elle avait découvert le poteau rose, levée le voile sur les plans machiavéliques de l'inconnu. Ses doutes furent confirmés lorsque après quelques instants d'hésitation, il répondit à sa première interrogation. Aki, automne ; c'était pas un prénom de fille ça ? Ça sentait le faux-nom à plein nez !

Hi resta un moment dépité, convaincue que ce rustre d'Aki ne lui retournerai pas la politesse, fort de son caractère discourtois. Voyant qu'il était bien trop occupé à se resservir plutôt qu'à s'intéresser à elle, la jeune femme se consola en piochant dans son assiette qui tirait irrémédiablement sur sa fin, sur sa faim. Alors qu'elle enfournait son dernier quartier de viande dans sa mâchoire pantagruélique, la question tant attendue tomba comme un couperet. Certes les formes n'était pas celle qu'elle avait fantasmer : aucune évocation de sa beauté sidérante, de sa merveilleuse répartie ou de son courage exemplaire, mais elle avait l'habitude d'être ainsi décriée par la foule des jaloux de sa personne. Exhibitionniste certes, goinfre pas tellement, elle profitait simplement autant que possible de son premier vrai repas depuis plusieurs jours. Pas offusquée pour ci peu donc, elle fut réjouit de pouvoir enfin se présenter :

« Je suis la flamme ardente qui éclaire la brume opaque, celle qu'on ne présente plus, la si célèbre Gekijou Hi ! »

En fait, elle savait très bien qu'elle n'était pas aussi fameuse que ça, mais comment quelqu'un qui ne semblait même pas vraiment sûr de son propre nom pouvait-il s'en douter ? Sans compter qu'elle avait un certain nombre d'exploits à son actif, bien que ceux-ci effectués sous le couvert de l'unité du brouillard mortel, demeuraient top-secret. Quoi qu'il en soit, le ton enjoué, survolté de Hi lors de sa tirade ne laissait aucun doute sur le fait – qu'au moins elle – croyait dur comme fer à ce qu'elle venait d'annoncer ; et que bientôt le monde shinobi entier en serait lui-aussi convaincu !

S'étant même redressé dans l'élan qui avait accompagné la fougue comme la vanité de ses paroles, Hi sembla considérer un instant que se rassoir de suite serait inopiné. Aussi embrocha t-elle d'autorité l'un des nombreux morceaux de viande situé à l'extrémité de l'assiette bien pleine d'Aki ; et le fit bien vite disparaître au fond de sa gorge, de peur qu'il l'intercepte à nouveau. Malheureusement pour elle, dans son effervescence habituelle la jeune femme venait d'avaler de travers cet imposant amas de chair et de nerfs trop peu cuit à son goût et celui-ci obstruait désormais sa trachée. Tandis qu'elle commençait à hoqueter, à s'étouffer, Hi se mit à faire de grands signes désespérés en direction de l'épéiste ; les yeux révulsés, elle succombait à sa bêtise.

✻ Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent ✻
- Gekijou Hi -

La jeunesse. Il n’avait que la trentaine et il se prenait déjà pour un vieux sage, s’en était presque hilarant. La présentation de la jeune femme avait attiré bien des regards et quelques personnes même applaudirent la prestation de la jeune femme qui semblait flamber d’une motivation sans limite. A la voir se redresser, elle semblait bien sur d’elle et malheureusement, le nom de la jeune femme n’était pas connu de l’homme qui était à côté d’elle, mais apparemment, deux personnes qui applaudissaient semblaient la reconnaître… ou se moquaient d’elle tout simplement, c’était difficile à savoir. Tout en la regardant manger, il comprit à son regard et à ses grands gestes qu’elle était en mauvaise posture la bougre. Soupirant, il déposa lentement ses baguettes, regardant Hi en train de mourir à petit feu. Se plaçant rapidement derrière elle, il s’arrêta lorsqu’il plaça son bras autour de sa taille.

✻ Reste calme.

Serrant le poing tout en relevant le pouce, il le plaça entre le sternum et le nombril de la jeune femme. Il mit sa deuxième main juste au dessus afin de pouvoir forcer et lorsqu’il fut bien en place, il appuya fortement sur le ventre de la jeune femme tout en remontant pour faire sortir le morceau de viande qu’elle avait avalé. Il fit la même opération plusieurs fois jusqu’à ce que le morceau ressorte très… proprement de sa bouche. Il venait en quelque sorte de sauver la vie de la Kunoichi qui emportée par sa fougue avait oubliée les rudiments de la mastication et avait faillit s’étouffer tout bêtement. Tapotant gentiment le dos de la jeune femme, il repartit s’installer à sa place tout en reprenant ses baguettes, entamant sa nouvelle assiette.

✻ Tu devrais manger calmement et t’exciter après Hihi.

Son prénom avait bien été trouvé, oui, elle bouillonnait, elle semblait animée d’une volonté enflammée, mais ses grotesqueries faisait aussi penser à un babouin. Amusé, il n’en souriait pas, mais dans ses yeux, on pouvait voir que cette situation l’amusé, il avait rencontré une bien étrange jeune femme et elle ne faisait que faire la pitre depuis qu’il l’avait rencontré quelques heures plus tôt. Terminant rapidement son assiette plus petite que l’ancienne, il déposa ses baguettes et attrapa son verre pour se revigorer. La nourriture ferait un assez bon tampon contre l’alcool et il pouvait encore profiter de l’effet bénéfique du saké qui déliait partiellement sa langue.

✻ Et quels sont les talents de la grande Hi ? Après tes petites démonstrations je suis sur que tu arriveras encore à me surprendre.

L'impuissance. C'est en effet ce que Hi ressentait à ce moment là, prise au piège de sa précipitation, de ses mauvaises habitudes alimentaires. Combien de fois étant jeune sa mère lui avait-elle conseillée de bien mâcher avant d'avaler ? Pas suffisamment en tout cas... Tentant tant bien que mal d'aspirer de l'oxygène afin de venir remplir ses poumons, l'intrus, cet implacable bout de viande retors, confortablement logé dans sa gorge l'en empêchait. Sous peu, elle mourrait d'asphyxie – sûrement pas la fin la plus glorieuse pour un ninja de sa trempe, mais cela valait à ses yeux toujours mieux que de succomber à la suite d'interminables séances de torture.

Tandis qu'elle se faisait cette macabre réflexion, Aki dont elle avait expressément demandé l'assistance dès les premiers symptôme de son étouffement, vint se placer derrière elle, lui intimant de se calmer. Indubitablement, il n'avait pas compris que la jeune femme était constamment victime de son incapacité à se taire ou à se tenir tranquille plus de quelques secondes ; lui demander de ne pas s'agiter au seuil de la mort, revenait à lui demander de renier sa nature profonde d'hystérique dans ses derniers instant en ce monde. Témoin de l'aplomb avec lequel l'épéiste l'empoigna par la taille, Hi se dit qu'avec un peu de chance il avait suivi une formation d'Eisen-nin et saurait donc parfaitement gérer la situation. Cet éphémère sentiment de sécurité s'évanouit bien vite quand elle constata avec quelle insistance il lui martela l'estomac – il aurait eu dans l'idée de la faire vomir qu'il ne s'y sera pas prit autrement.

De toute évidence au vu de l'énergie déployée lors de l'éprouvante manœuvre conduisant à faire ressortir la pièce de viande qui attentait à sa vie, Aki n'avait sans doute pas idée de la fragilité intrinsèque au corps gracieux d'une jeune femme – tout ninja qu'elle fut. Néanmoins, son traitement se révéla relativement efficace et Hi ne tarda pas à régurgiter le morceau de viande, qui hélas atterrit dans l'assiette d'un autre client, comme pour narguer effrontément la Kunoichi dont il aurait pu avoir raison sans le concours salutaire de son compagnon. En guise de réconfort, il lui administra même quelques tapes sur le dos avant de retourner s'asseoir et de poursuivre son repas comme si de rien n'était. Au souvenir des antécédents graveleux de l'épéiste, la jeune femme toute secouée trouva étonnant que comme rétribution celui-ci ne se serve pas en nature, comme il l'avait déjà fait auparavant. Il avait d'ailleurs sans scrupule malmené son yukata qui lui avait coûté une petite fortune et qui désormais pendouillait effrontément hors de son obi – enfin sans doute cela était-il préférable à une mort par suffocation.

Tandis qu'elle arrangeait tant bien que mal sa tenue tout en reprenant place au côté de l'épéiste, les mots de celui-ci, sonnant comme une avertissement amicale à ses oreilles, lui allèrent droit au cœur – dans un premier temps tout du moins. Réfléchissant ensuite plus précisément, disséquant mot après mot la recommandation transpirant le bon sens d'Aki, Hi y découvrit une coquille : il l'avait appelée Hihi ! Le surnom qui la poursuivait inlassablement depuis des années, noyant les vestiges de sa vertu dans l'opprobre et qui – injure suprême – était dorénavant son nom de code au sein de l'unité du brouillard mortel. En temps normal, Hi ne se privait pour réduire en cendre – ou tout du moins s'y essayer – quiconque l'apostrophait ainsi, mais devant la teneur des évènements, elle préféra passer outre. Aussi, rouge de honte – à tel point que son teint de tomate jurait avec le vair de son vêtement – elle souffla simplement à l'intention de son sauveur :

« Merci pour tout... Mais ne m'appelle pas comme ça s'il-te-plaît ! »

Hi était tout à fait consciente qu'en agissant de cette façon, elle risquait surtout de le voir persévérer à l'interpeler ainsi, mais elle savait également que c'était peut-être la seule manière qu'il n'y prenne pas goût. Elle se retrouvait dans une position de faiblesse et détestait ça, malgré tout cela apportait quelques avantages : en effet, le regard sanguin du jeune homme se faisait plus profond, plus chaleureux – ou peut-être encore une fois était-ce l'alcool. Troublée par les évènements et ce rapprochement soudain, Hi prit le parti de se réfugier dans le saké, préférant attendre qu'Aki la sollicite plutôt que de relancer la conversation – ce qui ne tarda pas. Ce-dernier souhaitait connaître ses talents ; certes elle avait du potentiel à revendre de ce côté-là, mais que pouvait-elle bien lui raconter à ce propos ? Si elle entrait trop dans les détails cela pouvait les tenir en haleine toute la nuit – et malheureusement pour lui elle avait d'autres projets – aussi avec son habituelle ton enjoué respirant la confiance en soi et parjurant la modestie, elle déclara :

« Je n'aime pas spécialement me vanter, mais mes équipiers disent de moi que je suis redoutable, tant comme amie que comme Kunoichi ! J'ai également mille autres talents, mais il faut pouvoir m'apprécier chaque instant pour pouvoir s'en rendre-compte ! Et toi, vu comme t'as faillit me briser les côtes, je suppose que la médecine c'est pas ton truc, mais à part les sabres et le saké, il y a quoi dans ta vie ? »

✻ Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent ✻
- Gekijou Hi -

Ca l’avait bien calmée à la petite excitée et elle prit un petit moment pour se remettre les idées en place tout comme sa tenue qui avait été malmenée suite à l’intervention de l’épéiste. C’était sois ça, sois la mort, le choix était vite décidé non ? Soupirant, il se contenta de terminer son repas assez rapidement tout en buvant encore et toujours le verre de saké qui rendait ses soirées plus merveilleuses que ses journées d’entrainements d’un certain point de vue. D’un mouvement de tête, il lui affirma qu’il ne l’appellerait plus Hihi, ce qui pouvait être vexant. Il aimait prendre de haut les autres, mais pour le moment, il n’avait pas envie de plus l’enfoncer que ça.

Lui demandant quels talents elle avait, cette dernière sortie de son mutisme et de son alcoolémie pour lui répondre franchement. Elle ne voulait pas se vanter, mais elle se faisait un bien agréable éloge à elle-même en disant qu’elle avait mille talents, mais qu’il fallait être auprès d’elle durant un bon moment pour s’en rendre compte. Akimitsu avait déjà remarqué qu’elle faisait très bien la comique du groupe, mais il préféra ne rien dire, se contentant de l’écouter tout en terminant sa dernière bouteille de saké. Il partait toujours sans laisser une miette ou un petite goute d’alcool. C’était le client parfait qui payait toujours et qui savait apprécier la cuisine à sa juste valeur.

✻ Je mène une existence simple entre mes entrainements et les missions qui me sont… données. Rien de bien fantasque.

Il était très sérieux, il n’avait pas une vie intéressante, mais c’était son propre choix après tout. Pas d’amis, une famille qu’il ne voit que très rarement, il s’est lui-même détaché de son monde pour s’entrainer et se perfectionner jusqu’à ce qu’il ne puisse plus s’améliorer. Finalement, il ne tarda pas à se lever de sa chaise, il avait assez mangé et surtout bu pour la soirée, il sentait les effets de l’alcool sur son corps, engourdissant ses membres, ses temps de réactions devenant légèrement plus lents. De sa poche, il sortit une bonne liasse de ryôs avant de les tendres au patron qui ne compta même pas, sachant qu’il était un client régulier et toujours agréable. Il pouvait lui faire « confiance » à ce niveau.

✻ Désolé, mais je dois y aller. Merci pour… la distraction.

Un fin sourire apparu sur son visage, cela faisait bien longtemps que quelqu’un ne l’avait pas autant intéressé et amusé. Il lui fit un au revoir de signe de main avant de prendre la direction de sa demeure, il n’aimait pas rester à moitié ivre avec une autre personne que lui. Cela pouvait amener à bien des choses.

Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.

Re: Je ne veux pas d'avenir, je veux un présent.