°o.Venus & Mars Meeting.o°

Cha no Kuni, le pays du thé, connu pour ses herbes parfumées et son commerce portuaire fructueux. Mais qu’est-ce que notre jeune ami avait à voir avec tout cela? Il ne fallait pas chercher bien loin. S’il n’était pas un Sarutobi de par ses gènes, il n’en restait pas moi un de part ses habitudes. Le troisième Hokage, le frère ainé d’Agane son père adoptif, était un fumeur de pipe. Cette dernière revenait toujours entre ses lèvres dès que la porte de son bureau, occupé maintenant par Hõjõ Sõun, se refermait. Sur ce point, les deux frères se ressemblaient beaucoup, car G eut l’occasion de les voir rire entre deux bouffés de cette mortelle addiction. Asuma, son cousin et ancien gardien du feu, est lui aussi un inconditionnel de la nicotine, bien qu’il essaie en vain d’arrêter. Avec tant d’exemple, le ninja de la feuille, malgré son jeune âge, ne pouvait décemment pas résister aux courbes plates de la cigarette. Cette odeur, si désagréable pour les autres, faisait intégralement partie de tout ce qui le caractérisait aujourd’hui. Fumer était comme une seconde nature pour le clan maîtrisant l’invocation du roi primate, le grand Enma. Et c’est de là que venait tout le problème.

Son stock de cigares, ceux au délectable arôme, s’était épuisé. Niet! Nada! Que dalle!!! Il ne lui en restait pas un seul à ce mettre entre les lèvres, alors que l’après-midi détente qu’organisait les hommes du clan approchait à grand pas. C’était un événement qui se produisait tous les deux mois, où l’on jouait au Shougo, racontait les derniers exploits. À cette occasion, tout ce qui se fumait disparaissait à une vitesse folle, comme le thé de grande qualité qui était servi. Nerveux rien qu’à l’idée de ne pas pouvoir profiter de son péché mignon, le pyromane se trouva très vite un moyen d’y remédier. Se proposant pour aller chercher les herbes qui serviront à faire le thé, il commanda un nouveau stock, en prenant un petit bonus qui lui servirait bien jour. Il partit plusieurs jours à l’avance, histoire de traîner un peu dans les environs et visiter du pays. Après tout, il n’avait pas souvent eu la chance de pouvoir jouer les touristes, autant en profiter un maximum. Son sourire moqueur étirait comme toujours la commissure de lèvres tandis que ses yeux d’émeraude brillaient d’impatience. Son sac sur le dos, il se lançait vers une découverte qu’il espérait ne pas oublier de si tôt. Voyez comme l’addiction pouvait pousser un homme à de tels extrêmes.

L’air marin embaumait les ruelles, tandis que le sel rendait les dalles glissantes. Mais ce n’était pas vraiment un problème, car le shinobi à la chevelure de feu était enfin arrivé à destination. Debout, sur le port attendant qu’on décharge les marchandises, l’archer tapait du pied. Tout ce conformisme auquel devait se plier les marins avant de lui remettre ce qu’il était venu chercher, c’était du temps perdu, son temps si précieux. Quand enfin on lui remit ses paquets, il ne manqua de tenir l’homme en face de lui par le col, à l’aide d’une main brûlante comme la lave. Le pauvre ouvrier de la mer s’excusa pour un retard qui n’existait pas, mais que n’était-il pas prêt à concéder pour voir disparaître la main qui transformait ses vêtements en cendres? S’éloignant en grommelant, rallumant une nouvelle cigarette avec celle qu’il s’apprêtait à écraser du pied, le Sarutobi se dirigea vers un lieu qui lui permettrait de se calmer en respirant l’air contaminé qui lui était si familier. De là où il se trouvait, il remarqua tout de suite un endroit qui conviendrait parfaitement à l’activité à laquelle il s’adonnerait et il s’y rendit sans perdre plus de temps.

Ce pont suspendu était une bien étrange architecture mais la vue qu’on avait de là-haut était tout bonnement époustouflante. Assis, les pieds se balançant dans le vide, G ouvrit son premier paquet, celui qui contenait ses fameux cigares. En prenant un, il le fit passer entre ses doigts, il huma la douce fragrance qui s’en échappait avant de soupirer de joie. Une grand philosophe disait bien que les petits plaisirs de la vie constituaient au bonheur. À cet instant précis, le flambeur compulsif ne pouvait aucunement le contredire. Entre-ouvrant les lèvres, il fourra ce qui risquait certainement de le tuer entre ses lèvres et posa l’index à son extrémité. Pas besoin de concentration ou de signes pour faire apparaître une petite flamme au bout d’un doigt. Mais c’était tout de même un moyen rapide et économe d’allumer sa compagne la plus fidèle. Une autre habitude qu’il avait calquée sur ses proches. À se demander comment ils avaient pu un jour le traiter de bâtard… Après avoir inspiré une grande bouchée, il relâcha un nuage de fumée de manière assez artistique. Des petits cercles qui finissaient par être chassés par le vent qui soufflait doucement dans ses longues mèches rougeâtres.

- Tu sais, je suis bien plus beau de près. Alors, fais pas ta timide et viens profiter de la vue avec moi.

Il ne savait pas à partir de quel moment cette jeune fille l’avait rejoint sur ce site d’observation. Il s’était tellement perdu dans son petit monde de fumeur vétéran. Mais son parfum, se démarquant sans grande difficulté du fumet carbonique, avait chatouillé les narines du jeune shinobi de Konoha. Conscient qu’il était loin de ses terres, l’archer était plus que certain que la demoiselle ne provenait pas de chez lui. Évacuant un nouveau nuage grisâtre de sa bouche, il afficha l’un de ses sourires qui le caractérisait. Pas de mauvaises manières devant la gente féminine.

Il n’avait pas encore tourner les yeux vers elle, préférant éviter le contact visuel pour l’instant. Le spectacle qui se dessinait devant était la seule chose qui méritait d’être contemplé. Et cela l’amusait d’énerver cette jeune fille qui semblait s’offusquer pour un rien. C’était un jeu auquel il s’abonnait souvent et pas uniquement avec les femmes. Après tout, G était connu pour être le meilleur dans sa catégorie : soit le tir à l’arc et les ennuis. Quoiqu’il en soit, un seul son sortit de ces lèvres en même temps que la fumée salvatrice qui avait parcouru ses poumons, un rire narquois qui répondait à la courte phrase nominative de son interlocutrice. Il n’y avait pas trente six façons de traduire la réaction du fumeur compulsif. Il voulait clairement lui faire comprendre qu’elle serait la seule perdante. Car si elle ne supportait déjà plus sa présence, lui, s’en accommodait parfaitement. Tant de méchanceté, de sadisme devrait être puni, mais jusqu’à maintenant personne n’a voulu jouer le rôle de son bourreau.

Finissant lentement la dégustation de son cigare, un plaisir qui dura bien moins longtemps qu’il l’aurait voulu, enfonçant le mégot sur sa paume ouverte afin d’irradier tout risque d’incendie, l’archer ne manqua pas d’allumer la cigarette qui prendrait la place de son cousin des grands jours. Ignorant toujours la jeune fille qui se tenait à ses côtés, il rangea son premier paquet dans son sac, ainsi que celui qu’il devait ramener à sa famille. Il n’en restait qu’un et avant de l’ouvrir, il sortit de son sac ce qui ressemblait fortement à une bouilloire. Au bruit qu’elle faisait, elle contenait déjà de l’eau. Quand le chuunin de la feuille avait-il eut le temps de préparer tout cela et que comptait-il faire de cet équipement alors qu’une femme à l’aura glacial semblait de moins en moins supporter le fait qu’il gâche la paysage? Pas grand, sinon l’énerver davantage. Tournant enfin ses pupilles couleur émeraude vers la kunoichi pour la première fois depuis qu’il avait remarqué sa présence, son expression changea l’espace que quelques secondes. Ses sourcils s’arquèrent, signe d’une réelle surprise, avant qu’un son sourire habituelle prenne à nouveau sa place.

- Puisque tu es là, accompagne-moi. Le thé d’ici est vraiment délicieux.

Reportant son attention sur ce qu’il faisait, sortant du dernier paquet trônant sur ses genoux, quelque chose qui ressemblait à des sachets d’infusion. Les jetant dans l’eau, il referma la bouilloire et y posa les mains. Le silence s’installa de nouveau, le laissant dans l’atmosphère que les pulsions colériques qu’émanait la jeune fille. Par la suite, le bruit de l’eau bouillant se fit entendre, l’absence de feu ne faisant. Ce n’était qu’une question de secondes avant que la boisson qu’appréciait tant le flambeur. En attendant, il sortit deux tasses, d’une main habile, vu que l’autre était toujours occupé, et tendit l’une d’entre elle à son invitée surprise.

La curiosité était une émotion traitresse que le shinobi préférait éviter comme la peste. Mais dès qu’un membre de la gente féminine entrait dans l’équation, G ne pouvait plus vraiment combattre ce sentiment trouble-fait. D’ailleurs la situation actuelle ne faisait que démontrer la véracité des pensées du jeune homme. Alors qu’elle ne semblait pas pouvoir le supporter outre-mesure et que les seuls facteurs la poussant à rester aussi courtoise n’étaient que d’ordre politique, l’interlocutrice de notre fumeur compulsif ne trouvait tout simplement pas la force de quitter son côté. Il l’avait intriguée, c’était tout à fait normal, vu qu’il se produisait toujours la même chose quand il rencontrait quelqu’un. Et tant que les interrogations qui fourmillaient dans son esprit ne trouveraient pas une réponse, elle resterait plantée là, à le haïr en silence. C’était d’un illogique tordant. Ne gênant justement pas pour exprimer l’amusement que faisait naitre en lui cette situation quelque peu grotesque, le jeune tatoué éclata d’un rire qu’il tentait en vain de retenir. Après tout, ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait voir la bêtise humaine dans les agissements d’une si jeune personne.

Haussant les épaules devant le second refus la blonde, il rangea l’une des tasses et rempli l’autre du liquide brun qui se trouvait dans la bouilloire. Pinçant sa cigarette entre son index et son majeur, l’éloignant d’un geste à la fois fluide et élégant (oui c’est possible de fumer avec classe XD), l’archer porta le contenant en porcelaine à ses lèvres, ne prenant pas la peine de souffler sur le fumet odorant s’échappant. Le thé chaud, c’est bon, mais brûlant c’est bien meilleur: c’était l’une de ses convictions. Plissant les yeux en sentant sa boisson glissé à l’intérieur de sa gorge, sa chaleur se répandant dans tout son corps, un soupir de joie sortit par la suite de ses lèvres entre-ouvertes. Il avait ouï sa question et comme la majeure partie des mots qui sortaient de la bouche de la jeune fille, il les ignorait. Le Sarutobi n’était pas dupe et il savait ce qu’elle cherchait à accomplir avec cette information. Aussi le temps qu’il termine sa tasse, il fit comme s’il était seul devant ce spectacle. Buvant lentement, se délectant du goût qui restait sur son palet, allant même à se resservir pour prolonger sa dégustation, le chuunin mettait volontairement à l’épreuve les nerfs, déjà à fleur de peau, de sa silence mais tendue compagne. Continuant son manège jusqu’à ce qu’il ait bu la totalité du thé contenue dans sa bouilloire, il s’étira longuement, maintenant qu’il avait le ventre plein.

Rangeant tout ce qu’il avait utilisé dans le sac qui portait sur le dos, se grattant la tête d’un air nonchalant, il se releva et fit face à la kunoichi. Il l’avait pas mal fait patienter et s’était bien amusé de cette situation qui devenait lassante cependant. La surplombant sans jeu de mot, car l’écart de taille l’obligeait à baisser la tête pour pouvoir plonger ses pupilles d’un vert étincelant dans les siennes, dures et froides, G la dévisagea avec curiosité. Du haut de ses dix-huit printemps, le jeune homme pouvait se vanter d’avoir fait pas mal de conquêtes. Son côté rebelle mystérieux ou le fait qu’il était tel un volcan constamment en éruption semblait plaire à la gente féminine dans sa généralité. Ce facteur l’avait aidé à s’apprécier vu qu’il était souvent rejeté à cause de ses origines douteuses. Et si ses relations s’étaient souvent terminées par lui recevant une claque, ils devaient beaucoup aux femmes. C’était peut-être la raison qui le poussait à sourire gentiment, alors qu’il se serait enflammé uniquement pour le manque de respect dont elle faisait preuve envers sa personne.

- Je n’en sais rien et ça n’a pas vraiment d’importance. J’suis ici en touriste non en tant que ninja d’un quelconque pays.

Répondant avec une voix neutre, calme et sereine, la phrase qu’il venait de donner pouvait porter à confusion. La sincérité de ses propos, cependant, était à mettre en doute. Pourtant, dans un sens, le flambeur n’avait pas menti. Sa naissance restait un mystère qu’aucun indice ne permettait d’éclaircir et aujourd’hui encore, son père adoptif s’acharnait à trouver ses origines à sa demande. De ce fait, tout ce qui avait un rapport avec le jour où il fut mis au monde, comme son village natal, personne n’était en mesure de répondre. Et il avait vraiment fait tout ce chemin dans une optique personnelle. Or, il mentait, car Konoha l’avait recueillit et lui se sentait totalement ancré de cette population. Dire que cela n’avait pas d’importance était un mensonge éhonté. Mais tout ceci n’était que des détails, vu qu‘il était là pour profiter de son temps libre tout en remplissant une mission familiale. Seule la réaction de la fille mettrait ou non un terme à cette rencontre plus au moins distrayante. Compensant la demi-vérité qu’il lui avait dite, il se permit de lui révéler son prénom, bien que cette information ne lui serait d’aucune utilité.

- G, c’est le nom qu’on m’a donné. Ça ne t’aidera pas à me faire la guerre mais c’est déjà un bon début, non?