[Chasse de rang B] Rose, Religion et Explosion.

Rose, Religion et Explosion.

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Sur les murs de la chapelle, ni le temps ni les tempêtes n’avaient encore réussi à laver les tâches du sang des prêtres infortunés qui y avaient été gravées. Le décor était terne, insipide, sans vie : comme si cet endroit autrefois habité par les enfants de Dieu s’était transformé en un sombre cimetière, à la seule et unique différence qu’aucune tombe n’était présente ici. Des petits morceaux de cadavres dévorés par divers rapaces étaient disséminés ça et là sur ce qui était autrefois une pelouse verte et vivace. On pouvait voir une main rongée par les vers sur les escliers qui menaient à l'entrée du monastère, une jambe suspendue à une branche par un squelette décrépit. Noyée sous les flots rougeoyants déversés par les infortunés qui y furent massacrés, cette herbe devint avec le temps aussi fade et sombre que le cœur de celui qui avait commis cet acte qui jamais ne pourrait lui être pardonné. La vie avait quitté ce lieu à tout jamais.

Un rosier, seul demeurant de ce cruel massacre, continuait de croître sans relâche aux abords du petit chemin qui menait à la bâtisse. Les pétales de sa seule rose étaient d’un rouge sanglant, et ses épines plus nombreuses et intimidantes qu’à l’origine. Elle était devenue, depuis l’incident, la gardienne de ce berceau abandonné. Chaque jour, elle absorbait un peu du sang qui s’était enlisé profondément dans les sols. Chaque jour, elle grandissait et grandissait, comme si elle voulait pouvoir un jour se venger de celui qui l’avait condamnée de son jugement brutal à la souffrance, à l’ennui et à la solitude. Néanmoins, rien ne laissait paraître chez elle qu’elle doive essuyer le moindre chagrin. Les rares passants qui avaient l’audace d’encore emprunter le chemin qui menait à l’église ne pouvaient s’empêcher de s’émerveiller en la voyant, et ce sont ces derniers qui lui ont insufflé suffisamment de courage pour lui donner la force de perdurer.

Aux yeux des passants son souvenir restera éternel, car elle fut celle qui leur apportait l'espoir et le récomfort que le Dieu qui les avait abandonné ne pouvait plus leur donner. Certains prirent sa son obstination pour un signe de mauvais augure, d'autres n'y apportèrent pas la moindre attention car ils avaient perdu leur foi, d'autres l'envisagèrent comme une aspiration nouvelle. Aussi, la chapelle fut enfin rénovée. Le travail était à la mesure de la violence qu'avait autrefois connu ce lieu, mais personne ne semblait douter du fait qu'il faille continuer de travailler à sa restauration. La terre fut retournée, de nouvelles vignes furent plantées, les murs furent néttoyés, et rapidement ce lieu fut réanimé. Le douloureux souvenir de la tragédie fut effacé, et les couleurs qui avaient désertés cet endroit vinrent s'y réfugier. Tout était enfin redevenu normal, jusqu'au jour où l'homme à la faux et à l'allure singulière fit son grand retour.

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« Dites-moi où est l'hermite, ou le châtiment divin va s'abattre sur vous misérables ! »

Rose, Religion et Explosion.

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Malgré les vives supplications d’Hidan, aucun des villageois présents ne put lui donner la réponse qu’il espérait. Aussi, il s’empressa de leur faire part de son mécontentement à l’aide d’insultes et de coups bien placés, sans vraiment accorder d’importance au fait qu’ils étaient de pauvres innocents incapables de se défendre. Ni les larmes ni les cris des infortunés ne pouvaient l’attendrir, et lorsque sa faux tranchait le fil de la vie d’un homme, son corps tout entier était pris d’un intense spasme de plaisir. Mettre fin aux vies pathétiques de ces misérables fut un réel jeu d’enfant pour le Jashiniste qui, au fil du temps, avait forgé dans le cadavre de ses adversaires les compétences martiales dont-il jouissait pleinement aujourd’hui. Les malheureux devinrent ainsi des offrandes faites à son Dieu bien-aimé, et la procession qui en témoigna fut l’une des plus longues, des plus sombres et des plus immondes qu’il eut à accomplir à ce jour. Néanmoins, il en tira la force, la vigeur et l’entrain nécessaires à la poursuite des obscurs desseins de son maître Jashin.

Le seul indice dont disposait Hidan quant à la présence de l’ermite au Mont Kitsune relevait d’il y a bientôt trois jours maintenant, il était donc tout à faire concevable que ce dernier se soit déplacé et qu’il n’y soit guère trouvable désormais. Cependant, l’intuition du Jashiniste, ou plutôt son obstination, lui indiquait clairement que ça n’était qu’une question de temps avant que sa cible ne refasse surface et qu’il puisse lui mettre la main dessus. Aussi, il décida de prendre un peu de bon temps parmi les cadavres qu’il venait de moissonner tout autour de la chapelle, afin de réfléchir à ce qu’il allait faire par la suite. Malgré tous les efforts qu’il eut accomplis pour trouver les bras de Morphée, rien n’y faisait : quelque chose ou quelqu’un s’évertuait à perturber son sommeil. Levant sa mine blafarde et son regard encore à moitié endormis, il cherchait maladroitement ce qui s’obstinait à jouer l’écueil qui le privait d’un repos amplement mérité. Au grand désarroi de la rose et pour son plus grand malheur, le Jashiniste fini par trouver ce qui dans ce lieu lui causait pareil ennui.

Une rose, plus rouge que le sang des victimes qui dormaient autour d’elle, plus fragrante que les cadavres de ceux qui occupaient autrefois les lieux, plus aiguisée encore que l’arme de ce terrible Jashiniste. Séduisante à souhait, son allure profondément vindicative nuisait à la bonne humeur de l’épouvantail. Il ne comprenait pas pourquoi une chose aussi petite et insignifiante pouvait générer chez lui autant de gêne, lui qui avait pourtant à de très nombreuses reprises fait face à la mort. L’expression sur son visage était à présent devenue plus terne et plus maussade qu’à l’habitude, comme si cette simple fleur déversait en lui la colère et la rage de tous les infortunés qu’il avait abattu en ce lieu sacré. L’idée qu’il puisse exister un autre Dieu que Jashin capable de le torturer ainsi traversa son esprit l’espace d’un moment, mais sa foi en son vrai Dieu écrasa en un instant ce petit doute insipide. C’est alors qu’il entendit une voix aussi fluette que dissonante venir du ciel lui pauser une question aussi ridicule que surprenante. Oubliant jusqu’à la présence de cet immonde rosier, Hidan répondit au petit blondinet sur un ton impérial la première chose qui traversa ses pensées.

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« Désolé fillette, c'est pas moi le mec que tu recherches. Mais si tu me donnes ta bestiole
et que tu files sans broncher, peut-être que mon Dieu te pardonnera d'avoir pêché ! »