[Konoha] Uchiha Jūn

Une loyauté inébranlable fait de Jūn une représentante parfaite pour le village de la feuille. Au service de son Kage depuis son tout jeune âge, on lui apprit à se plier aux ordres, aussi déments soient-ils, afin de ne pas mettre en péril l’avenir de son clan. Des bâtards pliés de force à la volonté du Feu, agissant sous la menace de perdre leur rang au sein du village et d’être bien pis que des animaux en cage. Pour le bien de sa famille, elle n’aura d’autre choix que de vouer sa vie à l’accomplissement de la feuille et d’offrir ses yeux et son pouvoir à son Kage qui en fera ce que bon lui semblera. Pour lui, pour le village, mais surtout pour son clan…
À la simple mention de son patronyme, une foule au complet peut éprouver énormément de haine à l’égard de son emblème et la rejeter aussi impitoyablement. Des regards furieux qui la dardent, des doigts accusateurs qui la pointent, ils lui font payer l’échec de ses ancêtres et font de sa vie un réel calvaire. Avec le temps, elle s’habitua à ce traitement et se referma telle une coquille sur elle-même, méprisant cette civilisation au plus creux de son cœur et gardant en tête que sa vie servira au bien-être de son clan.

Les fragments d’une glace que l’on vient de briser d’un coup de poing impulsif reflète un portrait sectionné en plusieurs morceaux. Malgré l’incomplète image miroitée sur la surface de verre, on devine des mèches sinueuses qui serpentent le long d’un visage en pleurs. Un masque de tristesse continuellement figé sur son minois empêche la lecture d’un quelconque sourire, mais malgré l'expression morose qui trône au sein de ce visage, il est bien simple d’y deviner la beauté que recèlent les traits parfaitement moulés dans une peau pâle aux impressions de douceur. Un dégradé bleuté ondulent le long de son dos mais les cheveux sont tant ébouriffés et sales qu’il est difficile de dire s’ils sont soyeux. La vitre ne permet guère de percevoir le gabarit de ladite martyre, notamment à cause des petites taches de sang qui ont coulé des plaies ouvertes qu’elle vient de se faire en assénant une deuxième fois un coup dans la vitre, provoquant ainsi l’effritement total de ce qui fut jadis un grand miroir suspendu au mur. Incapable de supporter davantage la souffrance qui dévore son pauvre cœur, la jeune femme se réfugie dans un coin de la pièce. Elle pleure, son frêle corps recroquevillé telle une coquille afin de se protéger des élans destructeurs de son passé.
Et pourtant qu’importe le moment présent, Jūn est en temps normal une femme forte et sans pitié, blindée de détermination et de volonté, exhortée à l’idée de pouvoir restaurer un jour l’honneur de son clan, tout cela sans compromettre celui des autres clans. Inébranlable, à priori stoïque, son cœur n’est ouvert qu’à ceux qu’elle croit potentiellement apte à l’aborder et à l’écouter. Même si de l’extérieur elle semble de très loin quelqu’un de sympathique, et même tout le contraire, associable, détestable et flegmatique, les réels joyaux qui font de sa personnalité un don naturel à exploiter sont prisonniers d’un cœur moulé dans le plâtre. Qui saura l’ouvrir pour profiter de toute la richesse de son âme ?

Ce n’est pas parce que Jūn appartient au clan des Uchiha qu’elle se croit supérieure à tout. Au contraire, l’humilité fait d’elle une adversaire confiante et ouverte d’esprit, et la défaite, bien que douloureuse pour son orgueil, n’est en aucun cas vu comme un fastidieux échec, mais plutôt comme une occasion d’apprendre de ses erreurs et de persévérer constamment pour combler les lacunes qu’elle nourrit involontairement lors de duels. Faisant usage autant du Ninjutsu que du Genjutsu, c’est un mariage entre ces deux branches qui font d’elle une combattante réfléchie et stratégique, loin du profil typique du bourrin qui se croit au-delà de son réel potentiel.

Depuis le début enfant unique pour cause de la malédiction des Uchiha, celle de vivre malheureux éternellement, les parents n’ont pas voulu se gâter d’une pléiade d’enfants, et même oserons-nous dire qu’ils n’en ont jamais voulu d’un. Orpheline depuis ses quatorze ans, ce n’est pas ce statut qui la sommera à baisser les bras, loin de là. Étant au tout début une enfant protégée par l’aile de sa mère, nourrie dans le bec, l’enfant pourrie qu’elle fut mourra en même temps que sa mère, renaissant de ses cendres beaucoup plus forte. Une famille ? Elle en fait partie d’une seule, celle qui porte le nom d’Uchiha. Il n’est plus question de père ou de mère, de géniteurs ou de protecteurs… Au sein de ce regroupement, tous sont sur le même piédestal et l’amour fraternel qu’ils se partagent l’un l’autre témoigne d’une solidarité de fer, indestructible, que même un Kage enragé par une quelconque trahison de leur part ne saurait couper ces liens qui tissent l'amour que recèle ce clan.

La raison d’une telle tristesse profonde, c’est le traitement de tout un peuple à son égard qui venait de se faire à l’endroit dit publique du village. Il ne suffit pour elle que de se trimballer avec l’icône de son clan imprimé sur son vêtement pour que quelques malheureux aux intentions malsaines viennent la taquiner au tout départ, pour finalement la brusquer sans gêne. Bousculades, insultes, c’est en silence qu’elle recevait les coups et qu’elle attendait que cesse cette pluie de maltraitance. Finalement, un impétueux personnage sortit du lot laissa filer de son gosier une remarque négligente envers le clan Uchiha, courte mais suffisante pour faire réagir la jeune femme qui usa de son don héréditaire pour calmer les ardeurs de ses assaillants, tout ceci sans se limiter dans son pouvoir. En quelques actions seulement, toute la place devint une réelle débandade de terreur et de folie, où l’épicentre de cette catastrophe était la jeune Uchiha qui tentait d’apaiser en vain la panique des gens. Rien n’y fit, bien entendu, et c’est au pas de couse qu’elle alla se réfugier dans une salle, où dans son fond trônait en parfait état un miroir qui finit, à la suite de quelques minutes seulement, en fragments jonchant le sol carrelé.

Si elle doit nourrir une seule ambition, ce serait celle de voir son clan vivre en harmonie avec tous les autres, sans percevoir parmi la foule qui les accueillerait un seul regard noir, gorgé de mépris et de jalousie. Si elle devait croire en un rêve utopique, ce serait celui de n’avoir jamais supporté la rancune du peuple pour des erreurs commises par ses ancêtres, et d’être perçue comme une enfant ordinaire, comme toutes les autres. Si elle devait espérer dur comme fer à quelque chose, ce serait probablement à une symétrie parfaite dans Konoha, où tous les clans, autant les plus faibles que les plus forts, les plus sains que les plus souillés, vivraient dans une harmonie indéniable, se partageant l’abattis de l’arbre qui serait leur demeure commune. Elle voudrait croire en Konoha comme un foyer où tous, pauvres et riches, viendraient s’abriter lors d’une journée de tempête, sans craindre de se faire frapper par celui qui se trouve dans son dos…

Il n’y a personne en particulier qui a le mérite de dire qu’il possède l’entière confiance de Jūn. Cette jeune femme au caractère impénétrable n’a d’estime que pour elle-même, mais voue une certaine part de sa sympathie à son clan, en qui elle admet avoir plus de facilité à tisser des liens qu’avec des étrangers. Cela ne l’empêche toutefois pas à se garder en réserve, ou sinon à se plonger dans des confidences profondes qu’en honnête compagnie, intimes qui d’ailleurs se font extrêmement rares.

Lorsqu’on en est au point où l’impassibilité devient une qualité dominante chez une personne, c’est pour dire que celle-ci, trop cloîtrée sur elle-même, est indéchiffrable aux yeux de quiconque. Si sa personne possède de meilleurs atouts, ceux-ci doivent probablement être très bien enfouis en son âme au point d’être impossible à lister. Mais cela n’est pas un défaut, certes, d’être placide et stoïque, notamment parce que cette force lui permet de faire abstraction de ses malheurs et de passer outre les problèmes de sa vie. Derrière cette placide expression se cache une seconde qualité, ou plutôt disons un don naturel dont elle fait usage de façon raisonnable, c’est-à-dire la sagesse. Une personne de réfléchie et de posée, voilà l’attitude qu’elle tente d’exhiber face à son pire ennemi : la société.
Pour ce qui a trait de sa pire faiblesse, cela peut paraitre exagérément poussé mais son unique lacune qui l’entraine vers bien des défaites est son amour pour sa famille. Lorsque quelqu’un s’en prend à un camarade, la colère devient plus forte que le calme et fouette de ses lames tumultueuses quiconque ose faire affront à son clan. L’incontrôlable fureur l’encourage très vite à agir sans se poser de questions, questions qui d’ailleurs pourraient lui éviter bien des problèmes. Lorsqu’elle se laisse ainsi impulsive et hors de ses gonds, c’est sans aucune pitié qu’elle tente de faire payer l’audace de son ennemi par tous les moyens qui lui sont à sa portée, allant même jusqu’à mettre de côté son désir de survie et à placer en avant de tout la vengeance. La vengeance, voilà le maillon faible qui constitue sa frêle personne…

Ayant développée dès son tout jeune âge une passion inaltérable pour la lecture, c’est à travers des écrits et des manuscrits que la jeune Jūn parfait son éducation. Des connaissances qui, grâce à ladite lecture, furent exagérément élargies durant son enfance. Un savoir développé, une raison entrainée et une sagesse fleurie. Tout cela, grâce à des mots, des pages et de l’encre…

On est porté davantage à se demander plutôt si la société a des préjugés envers le protagoniste. Si oui, quels sont-ils ? Et ceux-ci influencent-ils aussi les opinions subjectives de ladite demoiselle à l’égard de toute une population ? En fait, le clan Uchiha ayant été maltraité depuis leur malencontreuse défaite pour le pouvoir, il va s’en dire qu’il ne faut être ni un aveugle, ni un sourd pour remarquer l’exécrable qualité de vie de ceux-ci qui sont loin d’être perçus à leur juste valeur. Le dégoût que les gens nourrissent pour cette peuplade entraine la haine de tout le clan. Jūn portant à cœur ses racines, c’est sans contredit qu’elle ne se laisse point marcher sur les pieds, ou du moins c’est par l’indifférence qu’elle tente de contrattaquer. Elle considère toutes les personnes hors du clan de l’éventail comme semblables, soit tous jaloux de leurs iris vermeilles et de leur grandiose, mais tant méconnaissant de leur histoire et des prémices de leur existence qu’ils ne font que suivre maladroitement la vague de haine qui leur est réservée. Les Uchiha sont méprisés parce que toute une population enchaine le pas au premier qui a eu l’idée de faire outrage au clan…

Ugh ?